À première vue, vous me direz « que fait un article de société (étrangère) dans un blog Hip Hop ? », lisez bien. D’une part, cette culture est si vaste qu’elle touche toutes les sphères imaginables. La majorité des rappeurs américains sont des Afro-américains, c’est triste à dire mais une très petite partie d’entre eux a côtoyé la prison. Certains ont pris perpétuité, d’autres y ont fait un court ou long séjour, certains y ont pris un abonnement visiblement, d’autres y ont échappé de peu… Bref, il faut choisir, et trop de gangsta veulent se la jouer rappeur, et trop de rappeurs veulent se la jouer gangsta.
Certains ont percé avec le rap et ont pu cesser toute activité illicite, d’autres n’ont pas eu cette chance. Je ne vais pas faire la liste de tous les profils, mais d’autres pour diverses raisons ne coupent pas avec leurs racines. Mais en vérité, cela ne m’intéresse pas, j’ai déjà entendu lors de conférences et autres que le rap viendrait forcément d’un milieu violent, que c’est lié au gang… C’est bien plus puissant que cela. Les lois américaines sont complexes, insensées par moments et change d’un État à un autre ! Dur de s’y retrouver.
On a déjà vu des albums enregistrés en prison, beaucoup de rappeurs ont fait des musiques pour leurs potes incarcérés. C’est un sujet qui se retrouve assez régulièrement chez les rappeurs qui ont côtoyé la rue. N’importe quelle personne un minimum instruit sur le système américain dans son ensemble et son histoire, vous dira que le racisme est encore très présent. Ceci dit, la France est devenue aussi un pays fasciste et ce n’est pas les élections qui ont prouvé le contraire.
Je ne me contente pas juste de partager de la bonne musique, l’un des piliers centraux de ce mouvement, c’est la culture générale, le knwoledge. Ainsi, je m’intéresse à beaucoup de choses et comme le rap américain est celui que je préfère, forcément la société m’intéresse. En tombant sur cet article fort intéressant, j’ai décidé de vous en faire part. Avant tout chose, je suis absolument contre les prisons car cela n’a AUCUN effet positif ou très relatif et trop peu mis en avant sur les détenus. Une sanction est envisageable mais avec une fonction éducative. Je prends l’exemple de quelques prisons au Brésil qui permettent aux détenus de réduire leur peine en lisant des livres ! Oui, en lisant des livres dans leur intégralité. Ils doivent répondent à des critères bien précis, pas de politique mais de la littérature…
L’autre point qui me dérange avec la prison, c’est que l’emprisonnement n’empêche pas le récidivisme. On ne va pas subir un lavage de cerveau durant un séjour derrière les barreaux et ressortir tout beau, tout propre. Combien de fois, on a vu des anciens détenus comment le même crime ? Toutes les sociétés du monde, de nos jours, sont par défaut violentes, donc elles créent de la violence en l’humain. Qu’espère sincèrement la justice aujourd’hui ? Tu m’as fais du mal, je me venge et je t’envoie en prison… merci la logique. Et pour quels résultats ? Aucun. Je pourrais en parler plus longtemps mais ce qui va suivre est bien plus enrichissant.
Je cite l’article à partir d’ici :
« Dans quelques minutes, vous aurez envie d’abolir les prisons. Si vous n’êtes pas prêt pour cette transformation intellectuelle et émotionnelle, alors arrêtez tout de suite de lire cet article, ou allez mettre une veste Thundershirt pour vous calmer.
Si vous avez grandi aux États-Unis, comme moi, vous pensez probablement que les prisons font partie de la vie en société. Nous vivons au jour le jour en supposant qu’une grande partie de notre population doit être composée de grands criminels (ce qui est très différent des criminels endurcis : des voyous impliqués dans des cambriolages et excités à l’idée d’y participer) et que sans les prisons, ces délinquants courraient partout, casseraient tout, donneraient des coups de pied aux écureuils et urineraient sur la fenêtre de votre voiture lorsque vous attendez au feu rouge. Nous supposons simplement que les prisons existent depuis toujours, comme si à l’époque des hommes des cavernes, on avait posé un mur dans une grotte et on y avait ajouté des bâtons ainsi que des lianes pour y enfermer Blartho, parce que c’était un véritable enquiquineur.
Pourtant, les grandes prisons n’existaient pas en Amérique, ni vraiment ailleurs dans le monde, avant les années 1800. C’est le premier fait hallucinant de cette liste de treize sur les prisons américaines. (Cette liste a été réduite et adaptée à partir de ma précédente liste de 1 234 faits sur les prisons américaines qui vous feront vomir). »
Le plus ancien pénitencier d’Amérique est la prison de Walnut Street à Philadelphie, qui a ouvert ses portes en 1773. Même en Europe avant cette date, bien qu’il y ait eu quelques donjons où l’on enfermait pendant 40 ans un ou deux types détestés qui mangeaient du ragoût de termites, il n’y avait pas de prisons capables d’accueillir des millions ou même des milliers de personnes. Cela signifie que, dans l’histoire de l’humanité, enfermer une grande partie de la population dans un pénitencier est une méthode plutôt récente. Nous avons vécu des centaines de milliers d’années sans le faire, et nous nous en sommes sortis. Les prisons sont un peu comme les armes nucléaires et les pinces à sein : nous avons vécu pratiquement toute l’histoire de l’humanité sans elles, mais maintenant qu’elles sont là, nous croyons qu’elles sont essentielles ; sinon, tout serait perdu.
Angela Davis fait remarquer dans son livre La prison est-elle obsolète? que la croissance exponentielle des prisons est en corrélation avec l’essor du capitalisme industriel, qui date des années 1830. Dès lors que la valeur d’un homme se mesurait en heures de travail, le fait de l’en priver pouvait être considéré comme une punition. En outre, même si les prisons se sont imposées dans le paysage au cours des années 1800 et 1900, le pays des États-Unis est devenu le plus grand État pénitentiaire du monde seulement dans les années 1980. (Les dommages collatéraux de Ronald Reagan et de la guerre raciste contre la drogue continuent de faire des ravages.)
Avant le XIXe siècle, il existait d’autres sanctions imposées à ceux qui enfreignaient la loi. Cela ne veut pas dire que c’était une bonne idée de donner 40 coups de fouet à quelqu’un qui avait volé une miche de pain. Or, si vous demandiez aux prisonniers d’aujourd’hui s’ils préféreraient rester cinq ans derrière les barreaux à vivre avec un colocataire bavard nommé Lars et dormir juste au-dessus de lui ou recevoir 40 coups de fouet, je parie que 90 % d’entre eux choisiraient le fouet.
Nous agissons comme si nous étions moralement supérieurs à nos prédécesseurs, mais enfermer quelqu’un pendant 20 ou 50 ans n’est-il pas 100 fois pire que de donner des coups de fouet? Je ne dis pas qu’il faut commencer à fouetter tous ceux qui grillent un stop. Je veux dire qu’une société réellement supérieure moralement trouverait d’autres mesures de sanction, comme des travaux communautaires, au lieu de détruire des vies.
Il y a deux à trois millions de personnes qui vivent dans les prisons américaines chaque année, sur un total mondial de neuf millions. Cela signifie que 22 % des prisonniers du monde se trouvent au pays champion de la liberté, les États-Unis. Il s’agit du plus grand État pénitentiaire du monde (ce qui signifie qu’il est également le plus grand État pénitentiaire de la galaxie) avec 698 prisonniers pour 100 000 habitants. Selon un rapport publié par The Institute for Criminal Policy Research (ICPR) en 2018, le pays le plus proche est le Salvador avec 572 pour 100 000. Quelques autres pays dignes d’intérêt : le Rwanda en compte 511, la Russie 331, et la Chine 121, toujours pour 100 000 habitants. Ainsi, la prochaine fois que quelqu’un vous dira que nous devons imposer des sanctions à la Chine parce qu’elle ne traite pas bien ses citoyens, vous pourrez mentionner que le taux d’emprisonnement y est cinq fois moins élevé qu’aux États-Unis. Comme l’a dit un sage : « Celui dont la maison est en verre doit se garder de jeter des pierres aux autres ». Ne me citez pas à ce sujet…
On pourrait croire que la complexité des prisons et leur lien avec notre tissu social les rendent irrémédiablement essentielles. On a du mal à imaginer une société sans cages humaines… Or, autrefois, il y avait d’autres institutions en Amérique qui semblaient cruciales. Nombreux étaient ceux qui pensaient que la société ne pouvait fonctionner sans l’esclavage. Il s’est avéré – attendez de voir – possible de le faire. (Un autre exemple est celui des pots de chambre. Nous pensions impossible de vivre sans eux, mais il s’avère que faire ses besoins dans un bol de soupe à côté de votre lit, ce n’est pas une excellente idée). Ainsi, lorsque les États-Unis ont mis fin à l’esclavage, les anciens propriétaires d’esclaves se sont exclamés : « Ça ne me plaît pas du tout ! Nous avons besoin d’une main-d’œuvre incroyablement bon marché dont nous pouvons abuser sans vergogne et qui ne nous coûtera rien! » Eh bien, devinez où se trouvent ces nouveaux esclaves ? En prison. Ce qui nous amène au point suivant :
Il y a une faille béante dans le 13e amendement. Il stipule que « ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n’est en punition d’un crime dont le coupable aura été dûment condamné, n’existeront aux États-Unis […] ». Ce sauf a eu un impact négatif sur des millions de vies.
Comme l’écrit Davis dans son livre mentionné ci-dessus : « les États du Sud se sont empressés de développer un système de justice pénale qui pouvait légalement restreindre les possibilités de liberté des esclaves nouvellement libérés. Les Noirs sont devenus les cibles privilégiées d’un système de location de condamnés en pleine croissance, considéré par beaucoup comme une réincarnation de l’esclavage. Les autorités déclaraient souvent illégales toutes les personnes qui étaient coupables de vol, qui s’étaient enfuies [d’un emploi, apparemment], qui étaient ivres, dont la conduite ou les propos étaient dévergondés, qui avaient négligé leur travail ou leur famille, qui avaient manipulé de l’argent avec négligence ou qui étaient simplement oisives et indisciplinées ».
Les Noirs se retrouvaient donc emprisonnés pour des actes qui n’étaient généralement pas illégaux et auxquels les Blancs s’adonnaient souvent librement. Je peux affirmer que 53 % de mes amis blancs sont souvent oisifs. En fait, c’est leur trait définitoire. Et combien de Blancs sont négligents dans leurs transactions monétaires? J’ai entendu dire qu’un jour, Charlie Sheen a donné 10 000 dollars à quelqu’un en échange de 9 000 dollars.
Ce que je veux dire, c’est que les autorités arrêtaient des personnes de couleur pour des délits mineurs et les jetaient ensuite en prison où elles pouvaient être achetées pour quelques pièces dans le cadre du programme de location de condamnés. Pourquoi ce procédé vous semble-t-il familier ? Oh, oui, c’est vrai… Parce que ça perdure encore aujourd’hui.
Vous vous souvenez quand j’ai dit que les États-Unis avaient 698 prisonniers pour 100 000 habitants, contre 121 pour la Chine ? Eh bien, si le taux d’incarcération des Afro-Américains était répertorié de la même manière, il serait de 1 501 pour 100 000 (contre 2 300 il y a dix ans). Veuillez vous arrêter une minute pour essayer d’imaginer ce que ce chiffre signifie. Le taux d’emprisonnement des Afro-Américains est 12 fois supérieur au taux d’emprisonnement général de la Chine. Un homme noir sur trois, âgé de 20 à 29 ans, fait face d’une manière ou d’une autre à notre système carcéral. Si le taux d’emprisonnement des Afro-Américains était classé par pays, il serait le taux le plus élevé de tous.
Laissez-moi voir si je peux simplifier un peu… les institutions pénitentiaires sont COMPLÈTEMENT racistes.
Suis-je clair ? Le système carcéral des États-Unis a des origines racistes, un passé raciste, un présent raciste, et un futur raciste (on peut le supposer). Si vous vous dites « Je pense que ce système carcéral fonctionne très bien », vous vous dites donc : « Je suis super raciste ».
Les détenus de ce système carcéral sont composés de 21 % d’Hispaniques et de 38 % d’Afro-Américains, alors que la population américaine n’en compte que 18 % et 13 % respectivement. Si l’on ajoute les autres minorités visibles, ces prisons débiles sont remplies de plus de 65% de personnes de couleur.
Le programme « arrêter et fouiller « (stop-and-frisk) de New York est peut-être l’un des efforts les plus connus pour arrêter des jeunes hommes de couleur qui ne faisaient rien de mal et tenter de trouver une raison de les envoyer en prison. Alors, s’il vous plaît, détrompez-vous de la vision libérale et polie du maintien de l’ordre du style : « Arrêtons ce mec parce qu’il est en possession d’une canette de bière ouverte en public. Oh, il se trouve qu’il est noir. » Voici comment cela fonctionne réellement : « Arrêtons ce mec parce qu’il est noir. Oh, il se trouve qu’il a une bière sur lui. Comme c’est pratique pour nous! Ça facilitera la paperasse. » La ville de New York est composée de 43 % de Blancs, mais seulement 7 % des arrestations pour possession de boissons alcoolisées ouvertes en public les concernent. (Croyez-moi, en tant que caucasien ayant vécu à NY qui se promenait tout le temps avec une boisson alcoolisée entamée, j’atteste que le manque d’arrestations n’est pas dû au fait que les blancs n’enfreignent pas cette loi).
L’objectif des prisons américaines n’est plus la réhabilitation de ses détenus (s’il l’a déjà été). Leur seul objectif est désormais leur neutralisation. De nombreuses prisons ont peu de programmes éducatifs (parfois aucun) et très peu de livres. L’accès à Internet y est souvent rare ou coûteux. Le détenu actuel et prisonnier politique de longue date Mumia Abu Jamal a déclaré : « Quel intérêt sociétal est servi par des prisonniers qui restent analphabètes ? Quel avantage l’ignorance offre-t-elle à la société ? Comment les gens sont-ils réhabilités pendant leur incarcération si leur éducation est proscrite ? Qui profite, à part les établissements pénitentiaires eux-mêmes, des prisonniers non éduqués ? »«
Source et article complet : Treize faits hallucinants sur les prisons américaines