Hip Hop Sans Frontières

[Chronique] Soso Maness - Rescapé

01. Le vent tourne [Prod. Wealstarr & Ladjoint]
02. FDP (feat. Sofiane) [Prod. Ladjoint & Yalatif Beats]
03. Dans le block X [Prod. Ladjoint]
04. Cartel de Maness [Prod. H8MKRZ]
05. Muermo [Prod. Ladjoint]
06. Mal luné [Prod. Yung G, FirstM4n, H8MKRZ & Jack Flaag]
07. A la muerte (feat. L’Algérino) [Prod.Rim’s]
08. Interlude [Ladjoint]
09. Pochon Vert (feat. Font Vert Clan) [Prod. Ladjoint]
10. Droga [Prod. Wealstarr]
11. TP [Prod. Wealstarr & Ladjoint]
12. Rescapé [Prod. Ladjoint]
13. Minuit c’est loin [Prod. Ladjoint]
14. On vous guitarise (feat. Hoos) [Prod. Ladjoint]
15. Papier [Prod. Ladjoint]
16. Outro [Prod. Ladjoint]
17. Stromaness [Prod. Ladjoint]

Localisation : Marseille, France

Année : 2019

Chronique rédigée en 2020

Soso Maness de son vrai nom Sofiane Manessour est un rappeur originaire des quartiers Nord de Marseille plus précisément de la cité Font-Vert, tristement connue pour ses règlements de comptes liés au trafic de drogue.
 
J’ai découvert Soso Maness il y a moins de deux mois, suite à son passage dans l’émission Clique de Mouloud Achour sur Canal+. Le personnage m’a intrigué et je l’ai encore plus apprécié en regardant l’épisode 2 de l’émission « Thérapie » sur Vice TV où il était invité.
Très tôt Soso Maness fait ses débuts officiellement dans le rap à l’age de 11 ans, en posant sur le premier album du groupe Intouchable (affilié au collectif de la Mafia K1 Fry) « Les points sur les i » sur le titre « La relève ». Après ses débuts plus que prometteurs il délaisse le rap et se fait happer par la rue et le trafic de drogue. Presque 15 ans plus tard un concours de circonstances lui redonne goût à la musique. Malgré un passage par la case prison, il ne lâche pas l’affaire et sort son premier album en 2019 « Rescapé ».
 
Un album qui m’a agréablement surpris par sa grande diversité d’ambiances sonores mais qui garde quand même une réelle structure. Le thème principal des textes de Soso Maness (qui est son expérience dans le trafic de stupéfiant et le monde carcéral) donne à l’album cette ossature malgré donc cette forte variété musicale.
« C’est la guerre pourquoi à ton avis ? On a vendu la mort pour se venger de la vie »
Au premier abords au pourrait se dire « voila encore un rappeur qui fait l’apologie du trafic de drogue etc … » mais il n’en est rien, au contraire. Le rappeur de Font-Vert nous parle de ce qu’il connaît bien et nous dépeint avec justesse et réalisme la vie dans ce business illicite. Sur le titre « TP » on rentre en immersion complète dans le quotidien d’un dealer faisant une journée « Temps Plein » et avec « Dans le block X » il nous fait voyager du block de la cité, au ravitaillement en Espagne jusqu’aux parloirs de la prison.
 
L’album atteint son apogée avec « Minuit c’est loin » un titre puissant, imagé et une ambiance très pressante, limite oppressante qui rend parfaitement hommage au classique d’IAM « Demain c’est loin ». Vous l’aurez remarqué le titre y fait référence et pour l’occasion Akhenaton et Shurik’n sont présent dans le clip, Soso Maness est complètement validé par les parrains du rap marseillais, rien que ça…
 
Ce n’est pas le seul titre où Soso Maness témoigne son respect à des légendes du rap de la cité Phocéenne. Sur le très bon mais très court « Cartel de Maness » c’est au tour du Rat Luciano de recevoir une dédicace. Un titre qui dévoile le coté plus festif de l’album avec des instrus plus dansantes mais le sujet des lyrics reste le même.
 
Le rappeur marseillais doit sûrement se chercher musicalement pour nous proposer un album aussi hétérogène ce qui n’enlève rien à la qualité de l’album, ce dernier maîtrise totalement les différents styles. Avec « Mal luné » et « A la muerte » où l’Algerino est en featuring l’atmosphère de l’album redescend d’un cran, au programme refrain vocoder et instrumentales aux sonorités latines.
 
Comme il l’explique dans ses interview Soso Maness est très ouvert musicalement. On a l’agréable surprise sur l’interlude de l’album de découvrir une reprise de « Manu » de Renaud, salué par ce dernier à la fin de la chanson. Le rappeur de Font-Vert est à l’aise sur tout type d’instru et s’amuse à reprendre « Alors on danse » de Stromae ce qui nous donne « Stromaness » un titre qui se laisse écouter. Il a expliqué par ailleurs s’être battu pour que ces deux titres soit bien présents sur l’album.
 
Le succès de Soso Maness est tout récent mais il n’est pas pour autant si jeune que ça, même si ce dernier s’amuse à « cacher » son âge. Lui-même l’avoue si on cherche un peu on aura pas de mal à connaître son âge… sans faire de recherche particulière je ne pense pas me tromper en disant qu’il a peu près le mien : 30 à 32 ans grand maximum.

Non je ne cherche pas à faire son horoscope… mais le fait qu’il soit un jeune trentenaire et qu’il ait donc grandi avec des groupes comme : IAM, la Fonky Family, la Mafia K’1 Fry… Je pense que ça explique parfaitement le fait qu’on retrouve des titres où – pardonnez-moi l’expression – mais ça « kick sévère au micro ». En gros ça rappe dur, bien, à l’ancienne, les mecs sont là pour déchirer l’instru comme on dit. Que ce soit sur « FDP » avec Fianso un spécialiste du genre ou « Pochon vert » où Soso Maness invite le Font Vert Clan, des jeunes rappeurs de son quartier qui font parfaitement leur taff. Vous pouvez noter une présence assez importante de caisse-claire sur ce genre titre, ce qui nous rappelle la grande époque du rap des années 90/2000.
 
Avec son album « Rescapé » Soso Maness réussi un beau coup de force dans le rap français. Il réalise un album solide à l’ambiance majoritairement sombre, entrecoupé de moment plus léger ; le tout avec des textes introspectifs.
Un bon premier projet qui donne l’envie de découvrir son deuxième album prévu pour début avril 2020, mais repoussé suite à la pandémie…  affaire à suivre…
 
La Franc-Manesserie est en marche …

Chronique rédigé par Romain DCZ