HipHop sans frontières

[Chronique] Seiya - Depuis Tout Petit

01 – Regard triste [Prod. Aastone]
02 – Depuis tout petit( feat. DJ SHEAN) [Prod & Cuts. DJ Shean]
03 – Roue arrière (feat. DJ DINO) [Prod. Toxine Bastard Prod]
04 – On verra (feat. TVER, Atanaz, Leo Seviyor & Clim’s) [Prod. Oner]
05 – La tristesse des anges (feat. ATK) [Prod. Diagram music]
06 – Cour de récré (Interlude) [Prod. Oner]
07 – Nirvana [Prod. SLD]
08 – Ma Force [Prod. SLD]
09 – Continuum (feat. KELLY CARPAYE) [Prod. Oner]
10 – Ζωή (Prod. SLD)
11 – #Pépé ft. RSH (Prod. SLD)
12 – Jungle (Prod. Lo Tamandua)

Localisation : Paris, France

Année : 2020

Seiya est un rappeur français originaire du Val de Marne (94) en région parisienne. Les influences et les inspirations musicales du « chevalier du mic » (le pseudo Seiya est un clin d’oeil au manga « Les Chevaliers du Zodiaque ») sont puisées dans l’amour qu’il porte aux artistes de la scène populaire et du mouvement hip-hop. Seiya est d’origine Grecque, ce qui donne encore plus de sens à son nom de scène.
 
De ses débuts courant des années 2000 avec le groupe TVER (composé de Leo Seviyor, Atanaz et Clim’s, Meeno…) à son aventure en solo il sort plusieurs projet : 
 
Tristesse d’un mélomane  (1er EP, Janvier 2014)
BANG BANG  (2ème EP, Janvier 2018) 
Paupières grises  (3ème EP, Décembre 2018)
 
Découvert par un plus large public fin 2017 dans l’émission Da Playground Show (Scred Radio) et la Scred Connexion.
 
Après une « Poignée de Punchlines » il poursuit son année 2019 en préparant son premier album distribué par la Scred Connexion / Scred Produxion « Depuis Tout Petit » est sorti le 17 Janvier 2020. Il enchaine les radios (Scred Radio : Da Playground Show), Radio Campus (Emission Happy Milf Show / Emission Independanza), Skyrock (Cut Killer Show), Gimmic talkshow etc… Mais aussi les scènes (Scred Festival 2019 et Scred Festival 2020, Demi Festival 2019 (avec Viez), Biff Maker Party 2019, Festival plan B 2019,  Agir en sample, Festival sur les pointes etc…

Le Chevalier du mic

Son nom m’a de suite interpellé, étant un grand fan de Saint Seiya. Je me suis donc mis à l’écouter par curiosité et je fus agréablement surpris, je l’avais découvert avant ce projet. Je me suis lancé dans l’écoute du projet et il s’avère plutôt bon. Juste ce qu’il faut pour passer un peu moins de 40 minutes sous du bon son.

Donc comme le nom l’indique, il a crée cet album en faisant participer des gens qu’il côtoie depuis tout petit. Le premier morceau se nomme « Regard Triste », il met bien dans le bain. Ça correspond exactement à ce qu’on peut attendre d’un rappeur aujourd’hui, il use de plusieurs outils dont le vocodeur, un passage a capella, un beat qui reste dans la lignée de ce qui se fait… On continue l’écoute. Le premier feat arrive : Dj Shean qui a produit le son. Le son est différent du précédent, mais tout aussi bon, il est d’ailleurs choisi comme single et à juste titre. Le mec est simple, il fait le taf sans trop d’artifices, en mettant son allié principale de son coté : son talent.

Les autres producteurs qui sont venus enchanter l’album sont : SLD, Diagram Music, Toxine (Bastard Prod), Aastone, Oner et Lo Tamandua. Autant dire que cela fait du monde. Néanmoins le troisième morceau Roue Arrière qui met en scène Dj Dino et pour moi clairement dispensable. Malgré tout le talent du Dj qui rappelons le est champion de France IDA (International Dj Association) et champion de France DMC et pour appuyer le tout, il est un ancien membre du collectif Mafia K’1 Fry. Jusqu’alors, on avait le droit à des morceaux plutôt posés, dans un esprit d’ouverture, ici c’est différent, on tombe plus dans le côté rap de rue, quartier et égo-trip. Ce qui prouve néanmoins la capacité du Mc à pouvoir proposer autre chose sur un projet.

Et comme évoqué plus haut, le projet fait appel à ses amis de toujours et naturellement, on peut entendre son groupe : Leo Seviyor, Atanaz et Clim’s, soit une partie de TVER. Ils ont pris un risque en utilisant « Jezebel » de Sade (très utilisé dans le rap notamment ATK) mais celui qui prend des risques s’expose aussi à une large réussite. Pari tenu donc ici car on tient le meilleur morceau de l’album. Le sample a été repensé, la rythmique se rapproche bien plus de la trap que ceux des années 90, l’apport de ses coéquipiers apportent un vent de fraicheur. Tous les couplets, chacun à leur façon, chacun avec leur propre style apportent quelque chose. Sans être dans une quelconque compétition, ils viennent représenter, on sent plus une forme de collaboration « tous pour un et un pour tous » qu’un duel de sabre amical pour se disputer la ceinture. 
 
Le résultat est donc tout bonnement de qualité car aucun chevalier ne faillit à son devoir et chacun répond à l’appel de la déesse. De plus, bien que je n’ai pas les textes sous les yeux, je peux aisément dire que le morceau est technique et que chacun y trouvera quelque chose à en tirer. C’est un peu comme quand Marine dit à Seiya que tout est composé d’atomes et qu’il faut concentrer son énergie sur un point pour les détruire, ici ils ont concentrés leur force de frappe. Tous ensemble unis contre un atome : la musique.
Et comme si cela n’était pas suffisant, il décide de faire intervenir ATK sur le morceau qui suit ! « La tristesse des anges », rien que le titre ! On ne peut s’attendre à quelque chose de mauvais ? Non ! Encore une fois, le sample est parfaitement sélectionné, à aucun moment Seiya ne se laisse impressionner par les chevaliers d’or, son refrain sur le sample et la voix pitchée est irréprochable. Il pose vraiment un bon couplet comme le crew parisien qui l’accompagne. Autre morceau de qualité de l’album, qui mérite de toucher plus de planètes. Et après tout cela, il faut bien un interlude…
 
 
Mais rassurez vous, si il se pose pour rechargez son cosmos c’est pour mieux toucher les étoiles. Car en effet, ses météores refrappent dans « Nirvana », on commence à saisir un peu le style, on y trouve ni apologie du crime, des drogues ou des femmes. C’est plutôt les mots, les rimes et une ambiance entre la tristesse et la réalité qui prend le pas, mais l’amour et l’amitié ne sont jamais loin… Ce qui nous rappelle évidement Saint Seiya.

Il viendra le confirmer et sublimer son art dans « Ma Force » que Busta Flex appréciera quand il samplera au début du morceau « Je rap avec ma force, tu connais ma technique ». Il continue dans son chemin sans illusion mais plutôt en créant des cercueils de glace comme ceux qui existent en Sibérie et qui ne fondent jamais. Il crée des morceaux que le temps n’effacera pas, car si les paroles s’envolent, les morceaux restent, et il peut clairement s’exprimer sans tout raconter dans ses morceaux. Il réalise donc encore un excellent tour de passe passe en ne gâchant pas son temps et les prods qu’on lui a attribués.

 
Et par ce qu’un chevalier ne triomphe jamais seul malgré les apparences, il a besoin de renfort sur « Continuum » et il fait donc appelle à Kelly Carpaye qui n’est pas très loin de nous rappeler K-Reen. Et en parlant du sexe féminin, comment ne pas mentionner Ζωή (Zoé) ? La chanson destiné à sa fille, SLD fournit une production digne des plus grands et laissera à jamais une marque indélébile dans tous les esprits errants vers ce passage. Vraiment le violon issu d’un sample grec est sans égal, le sample est magnifique, tellement d’émotions viennent à son écoute, le thème est parfaitement choisi et le texte bien écrit. Vraiment un magnifique morceau qui tranche de ce qu’il a fait jusqu’à présent, il mérite une pluie d’éloges sous les constellations et rappelle la beauté de la princesse Andromède… 
 
Allez on arrive sur la fin avec Pépé qui fait poser Rsh pour y assurer un refrain agréable dans l’ensemble. Évidemment l’album et très personnel mais comme beaucoup d’autres mais il ne se ferme à aucune âme. Le dernier morceau s’intitule « Jungle ». Si on a beaucoup touché de près ou de loin à des prods trap, ici Lo Tamandua ne tourne pas autour du pot et place le curseur assez haut. C’est donc un parfait contraste avec le premier morceau dans l’idée mais on peut y voir une forme de résonance, une éventuelle réponse et donc un morceau qui s’inscrit parfaitement dans le projet. On referme donc cet album sans regret, ni trop long, ni trop court, rien à jeter véritablement, des bonnes surprises, de la fraicheur et un chevalier qui semble avoir atteint le 7ème sens et y continue de déverser son vécu et son savoir via l’œil de la sagesse notamment possédé par Shaka.