HipHop sans frontières

[Flashback Friday] 113 - Les Princes De La Ville

L’arrivée du rap dans le paysage musical français au milieu des années 1980 a bouleversé un peu les habitudes des radios et naturellement des auditeurs. Ce nouveau style musical a pris de plus en plus de place sur les ondes et dans les rayons des disquaires (je parle des années 90/2000 bien sûr ) et par conséquent il s’est invité à l’équivalent des Oscars de la musique française.
 
Il y a encore et toujours en France un décalage dans la perception et la légitimité du Rap, c’est un fait. On est donc toujours à se demander si le Rap sera représenté et récompensé à sa juste valeur lors de cette cérémonie… 
 
Certes IAM avait déjà en 1998 glané le trophée d’ de l’année. Au vu la qualité de leur travail sur « L’école du micro d’argent », les excellentes retombées critiques et les chiffres de ventes faramineux, il aurait été difficile de ne pas leur décerner ce titre.
 
C’est lors du nouveau millénaire que le Rap a enfin eu sa consécration aux Victoires de la Musique. Le 113 trio composé de Rim’K, Mokobé et AP remporte deux Victoires le soir du 11 mars 2000 : Album Rap Reggae Groove et surtout Groupe ou Artiste Révélation.
 
Certains vont se demander pourquoi je considère les Victoires du 113 comme véritables consécrations du Rap lors de cette cérémonie, à la place de celles d’IAM en 1995 et 1998 par exemple.
Tout simplement parce que le gagnant de ce soir de mars 2000 , personne ne l’attendait, le 113 n’était connu que des aficionados du Rap. Leur album était un diamant à l’état brut façonné et taillé par les prods de DJ Mehdi. Ce premier album transpirait les banlieues et cités de France, les problèmes sociaux afférents à ces dernières, à la diversité culturelle qu’on y trouve…
 
Pour ce Flashback Friday j’ai donc choisi le titre éponyme de cet album « Les princes de la ville », clippé après la cérémonie on peut y voir le trio arborer fièrement leur trophée .
 
Chanson qui a peut être le début de couplet le plus marquant du Rap français, Rim’K était vraiment au sommet de son art à l’époque :

Peu d’élégance dans mes écrits
Normal pour un mec de Vitry
Sur ma feuille, le ghetto je retranscris
Zigzaguant entre le mal et les délits
Jeune débrouillard une fois sorti du lit

Du côté de l’instru, DJ Mehdi (parti trop tôt, R.I.P.) nous sort un sample dont il en a le secret. Il est allé chercher une boucle du légendaire Curtis Mayfield issu de son titre Make Me Believe In You, le résultat est magnifique on atteint un niveau très très élevé en terme de production française. On sent avec cette instru et d’autres de l’album que DJ Mehdi est en train de s’ouvrir vers d’autres horizons notamment l’électro et son travail sera reconnu à sa juste valeur quelques années plus tard.
 
Entre la musique innovante de DJ Mehdi et les paroles engagées et revendicatives du 113, ce titre a traversé les âges et est resté un hymne pour toutes les banlieues de France, quoi de mieux que de conclure ce Flashback Friday avec la fin du dernier couplet :

La banlieue à ses qualités et ses défauts
Peuplés d’artistes et de sportifs de haut niveau
D’escrocs dans les halls jusqu’aux bureaux municipaux
Tous vitriots
Et même si c’est pas toujours facile
J’veux être le prince de ma ville

Rédigé par Romain DCZ