Hip Hop Sans Frontières

[Flashback Friday] IAM - Revoir Un Printemps

Bonsoir à toutes et à tous et bienvenue dans le 20ème numéro du « Flashback Friday ».
 
Pour ce « Flashback Friday » on reste en France et direction l’année 2003. Une période assez sombre, ça n’a pas trop changé vous me direz… en France comme dans le monde on se remet des attentats du 11 septembre 2001 de New-York et de tout ce qui en a découlé… Musicalement parlant c’est pas mieux ; entre l’émergence des émissions de télé-réalité musicales et l’emprise de certaines radios sur le rap et la démocratisation du téléchargement illégal, le rap français va connaître une vague creuse… jusqu’à l’avènement du streaming.
 
Dans ce marasme ambiant, telle une rose qui va éclore dans un béton cendreux, IAM, les parrains du rap français, réalisent une de leur plus belle chanson : « Revoir un printemps » issue de leur album éponyme.
 
Le défi est de taille pour les rappeurs phocéens, depuis 1997 et leur chef-d’œuvre d’album « L’École du Micro d’Argent », ils n’ont plus rien sorti en tant que groupe. Certes, dans la foulée, chaque rappeur a réalisé de très bon projets solos : Shurik’n avec « Où je vis », Freeman avec « L’Palais de justice » et Akhenaton avec « Comme un aimant » la B.O. de son film du même nom.
 
La question est de savoir si les Imperial Asiatic Men ont encore la force de produire un album de grande qualité (comme ceux auxquels ils nous ont habitué) et accessoirement, s’imposer dans les charts. Le challenge est réussi pour IAM, la qualité de l’album est indéniable. Akhenaton et Shurik’n sont toujours aussi aguerris au micro, Freeman (ex Malek Sultan le danseur) est bon aussi. Que dire de l’ambiance musicale ? le travail de DJ Kheops et Imothep ajouté aux arrangements orchestraux de Bruno Coulais donnent une puissance et une ambiance cinématographique à la musique.
 
Focalisons-nous sur le titre « Revoir un Printemps » qui, dans sa globalité (musique et paroles) transmet plusieurs émotions : espoir, nostalgie, amour…
 
Dès les premières notes de l’instrumentale réalisée par Akhenaton nous ressentons ce mélange d’émotions ; pour cela, Akhenaton va utiliser un sample d’une légende soul de Détroit : Lamont Dozier, et sont titre « Why ? (ain’t my love enough) » dont il va utiliser quelques notes de piano. Afin de donner plus d’intensité à l’instru, il ajoute minutieusement des cordes frottées, sûrement des violons.
 

Les trois rappeurs délivrent des paroles à la fois remplies d’espoir et d’introspection.

Akhenaton de façon très poétique exprime son désir de voir des jours meilleurs et de sortir de cette période sombre :

«Revoir le rayon d’lumière, transpercer les nuages, après la pluie
La chaleur étouffante assécher la tuile
Revoir encore une fois, l’croissant lunaire embrasser la nuit ».

Freeman parle de son évolution de jeune homme insouciant à celle d’un adulte plus responsable :

« La patience est un arbre, dont la racine est amère et l’fruit doux
J’aimerais revoir mes premiers pas, mes premiers rendez-vous
Quand j’pensais qu’la vie pouvait rien nous offrir, à part des sous
Maintenant j’sais qu’ça se résume pas à ça, et que c’est un tout »

Shurik’n, quant à lui, déclame l’amour qu’il a pour son enfant et évoque le passage de relais à la nouvelle génération :

« Dès que son sourire m’éclabousse ça m’électrise
Cette racine va devenir chêne massif sève de métisse
Annonçant le renouveau le retour de mes printemps »

Seul bémol sur cette chanson c’est le clip qui je trouve n’est pas à la hauteur de la chanson. IAM a réalisé de bien plus beaux clips par le passé, je trouve que l’utilisation d’effet spéciaux n’est vraiment pas utile et gâche un peu le message. Au contraire un clip du style « Né Sous la Même Étoile » en mélangeant clip tourné dans de beaux coins de la ville (calanques notamment) et mini scènes de cinéma aurait été parfait, enfin ça reste mon avis… En tout cas, je vous laisse apprécier cette chanson qui, dans les moments difficiles que nous vivons, nous donne espoir dans le futur. Un futur certes indécis mais qui sera meilleur si on arrive à faire table rase de nos erreurs, que l’on oublie la froideur de l’hiver pour laisser entrer la chaleur du printemps… Bonne écoute et à vendredi prochain !

Rédigé par Romain DCZ