01. The Wrong Game (Introduction)
02. Risk & Reward feat. Asia Soule’
03. I Got Tha Hook Up
04. Ready Roc
05. Voice Mail
06. BBS Boys
07. Saab 900 Turbo (Interlude )
08. Keith Sweat feat. Left Lane Didon
09. Shmoney Dance (Game Ain’t Free)
10. Nolle Prosequi
11. Places To Go feat. AJ Snow
12. Street Smart
Présentation :
Anthony Danza : originaire de Seattle, dans le nord-ouest des États-Unis, une région pluvieuse et reculée tout en restant très attractive. Les artistes de rap qui en sont originaires ne sont pas réputés pour faire de la G-Funk ou un style similaire en général. AD, comme il peut également se faire appeler, a fondé son propre label « Proof Avenue » sous la maison mère « Black Umbrella Music ». Il s’est fait un nom dans l’ombre en tant que beatmaker et homme de main de Messy Marv. Un rappeur très réputé dans la région de la Bay Area. Il a publié beaucoup de projets depuis ses débuts, entre 2017 et 2023, il y a bien une dizaine de projets. Mieux encore, il est très productif et prépare une série de projets : un EP (Collection Plate), The Tonight Show avec Dj Fresh, etc… Son style rappelle directement les années 80’s et 90’s, c’est rétro futuriste. Je ne vois aucun artiste aujourd’hui capable de produire ce qu’il fait. Ses deux projets « BBS Diaries » illustrent parfaitement mes propos. De base, la old school me lasse assez vite, mais il a tellement transformé les samples qu’on est totalement transportées. C’est l’un des meilleurs représentants du style G-Funk à la sauce Naugty By Nature, avis à tous les nostalgiques. Une figure de l’underground, un player accompli qui ne doit rien à personne à par sa persévérance, son amour des sonorités et son talent.
All Hail Y.T : Je m’attarde un peu moins sur lui pour des raisons évidentes. Un dossier complet lui a été consacré, il arrivera sous peu sur le site. La seconde est que d’autres albums seront chroniqués dans les prochaines semaines. Cette figure de l’underground est à peu près dans le même délire que Danza. Il ne produit pas de beat en revanche. Il est plus porté sur les textes et la technique, ce qui lui vaut plus d’apparitions auprès d’artistes qui ne gravitent pas autour du style « player ». Il collabore avec des producteurs pour créer des albums uniques et conceptuels, citons par exemple : Observe Since 98, 80’s Baby, Benji $ocrates, Yosonova, Cedar Law$… Ce qui lui permet de mieux se concentrer sur ses performances. Il a également sorti une multitude de projets, et continue de le faire via son propre label « Financed By Dope Records ».
Ils ont beaucoup en commun et au-delà d’avoir beaucoup collaboré ensemble, leurs styles concordent à merveille. Cet album sonne donc comme une évidence.
Cet album est fait pour rendre hommage aux personnes motivés et indépendantes. Des hustlers comme on dit aux States. Et cela a du sens, car ce sont vraiment deux artistes qui se sont faits un nom par eux-mêmes en venant de régions reculées. Le Delaware n’a jamais était connu pour son rap, Seattle, on écoute des artistes sans le savoir… Et ils ont fini par collaborer avec Scarface, Larry June, Bun B, Jay Worthy, Boldy James, Eto, Chris Skillz, Tha God Fahim, J. Stalin, Young Doe… On peut parler de réussite dans la musique. Il y a bien des artistes qui tentent de lancer des modes, de faire évoluer le rap, d’innover ou de refaire vivre une vibe, mais combien y arrivent ? Eux, leur force, c’est que d’une, c’est original (surtout aujourd’hui) et de deux, c’est qualitatif. Entre le mix de sonorité électronique, la musique jazz, funk, blues et new jack ! Il faut quand même être sacrément réfractaire pour s’ennuyer. Le gros plus, c’est que le micro est bien chaud à la fin des couplets.
On est sur 12 titres dont 3 interludes, c’est assez court, je vous l’accorde. Pour les fans, il n’y aucun souci de format, car on est habitué à ses standards, de la qualité à tous les niveaux. Le premier morceau « Risk & Reward » nous met directement dans l’ambiance. Toutes les générations de rap seront prises par l’ambiance du titre. Le refrain de la chanteuse R’nB, Asia Soule est si mielleux qu’il nous rappelle le classique « Keep It On The Real » de 3x Krazy. Ou une autre référence « Hollywood » de Twinz produit par Warren G.
« Ready Roc » est également reconnu comme une pièce maitresse du projet. Cette fois, le chanteur n’est pas crédité, un sample sûrement. Le titre serait parfait pour un B-Boy lors d’un battle. La rythmique est typique des précédentes décennies, les puissantes voix des artistes qui s’interpellent tout le long du morceau fluidifient le tout. Bien produit, bien rappé et sublimé par un magnifique refrain, du bonheur. Mention pour le solo en outro, masterclass.
Arrive le single phare du projet « BBS Boys », le clip est un hommage direct aux années 80’s, très original et très bien réalisé. Dj Manifest signe encore une excellente production, lui qui produit la majorité de l’album. Même les interludes sont bons ! Le morceau qui me fait le plus triper, c’est « Keith Sweat » produit par le Ghanéen 80’s Baby. La production est jazzy à souhait, l’ambiance appelle à une chose : chiller. Pas plus, pas moins. Elle paraît simple aux premiers abords et pourtant, elle a une telle énergie dans le message, c’est un tour de magie. Bien que nos deux compères font plus que le taf demandé, ils n’ont pas hésité à se faire épauler. Left Lane Didon a également flairé le bon coup, et nous gratifie comme toujours d’un excellent couplet. Le classique tant espéré.
Une autre prod proposée par Nic Wheeler est également incroyable. Elle n’est pas réellement chill, mais plutôt funky, le morceau pour placer quelques pas de danse. Elle aurait complètement sa place dans un film, « Shmoney Dance (Game Ain’t Free) » se place sur le podium de l’album. Les places sont pourtant extrêmement convoitées, mais c’est le genre de titre qui relance inlassablement l’album. On tombe encore sur une autre ambiance avec « Nolle Prosequi » ou le sample rétro prend une autre ampleur encore. Les beatmakers Tavaras Jordan & Freddy River apportent également leur contribution sur « Places To Go ». Cette fois, c’est au tour du rappeur AJ Snow de leur prêter main forte, la prod semble encore une fois sortir de l’ordinaire et les 3 rappeurs se renvoient la balle durant 3 minutes. L’album se conclut en beauté par l’un des meilleurs morceaux de 2022, je dirais : « Street Smart ». L’image est la suivante, deux potes ratissent la ville dans une BMW 325 i cabriolet, profitant du maigre ensoleillement de l’année ; lunettes sur les yeux pour ne rien rater ; chaîne en or autour du cou ; à la recherche d’une opportunité légale de se faire de l’argent. Toute la ville est calme, le monde se porte bien et chacun œuvre pour soi, en vue de se mettre à l’abri financièrement. Quand, rempli d’inspiration, il vient calquer le tout sur une page blanche avant de l’enregistrer en studio sur une prod qu’on aimerait entendre éternellement. Tous les virages ont été négociés, il n’y a pas de ligne droite, pas de pluie, juste de la bonne énergie à transporter et diffuser aux alentours. Et quand on se dit que ce n’est que le début, on est encore dans les années 80′, ils nous réservent encore de quoi tenir pour des décennies. Excellente collaboration, sans surprise, il intègre les meilleurs albums de 2022, il ne souffre de strictement aucun défaut, tous les acteurs ont joué leur rôle à la perfection.
Chronique rédigé par Fathis