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Surfant sur le succès de son premier album « Tout Va » (2021), Deadi remet les couverts 7 mois après avec cet EP en collaboration avec le producteur Nizi (membre du collectif Kids Of Crackling). Le titre fait référence au lait, aussi étonnant que cela soit, car en effet, il consomme du lait et… de l’eau. C’est tout ce que le rappeur consomme comme boisson. On avait déjà aperçu une bouteille de lait sous son bras sur la pochette de son album. Cette fois, il se fait carrément servir un verre au restaurant, toute la classe de l’artiste.
Pour en savoir plus sur Deadi et son premier album, voici ma chronique pour T-Rex Magazine.
Concernant Nizi, il a précisément produit 4 titres pour le rappeur lors du précédent exercice. L’alchimie a tellement bien prise qu’ils ont décidé de créer un tout nouveau projet. Ce dernier ne sera commercialisé qu’en version digitale. Le producteur est originaire de Courbevoie dans le 92. Il a rappé avant de produire, notamment aux côtés de Demi Portion, Sarkastick, Foudealer et Dj Veekash sur le morceau « La province vient te parler« . Il a commencé à travailler sur ordinateur avec des banques de sons pour ensuite y intégrer des samples directement issus de vinyles. Un seul projet à son actif : One Way, un album instrumental sorti en 2017.
Son C.V à rallonge comprend des collaborations avec : S-Crew, Guizmo, Volts Face, Scylla, Lacraps, Moha La Squale, Davodka, Saké, L’indis, Swift Guad, L’Hexaler, Paco, Viez, Jeff Le Nerf, Wira, ATK, Loko, Nakk Mendosa, Big Flo & Oli, Furax…
En ouverture d’album, on écoute « Poutine » (décidément, ce type est de partout !), je précise d’emblée que cela n’a rien à voir avec le président russe. A vrai dire, le titre et la continuité et l’achèvement du « Freestyle confinement » sorti en novembre 2020. En fait la seule référence dans le morceau c’est « À t’écouter, j’ai la tête à Poutine, mais j’ai pas la tête à t’écouter (-ter) ».
On est clairement dans ce que le moule avec un flow à débit varié de Deadi, et ses incroyables jeux de mots. Il fait beaucoup de répétition phonique et la prod qui l’accompagne lui sied à merveille.
Le morceau « Simili » arrive juste après, il reprend le « Freestyle Similigote » sorti en janvier 2020. On change légèrement de forme, en effet, il y a deux couplets et non pas un seul et pas d’outro. Je souligne l’incroyable performance technique, on retrouve dans tous les lignes le mot « simili » avec énormément d’assonances en « I » et des allitérations en « S ».
La prod est très orienté trap également mais le rythme diffère et se fait ressentir principalement par la batterie. Le producteur met tout le monde dans sa poche, très rapidement. Arrive enfin le premier single officiel « Plan B » connu par les fans car le premier couplet fut interprété une première fois à Vitry en 2020. Le morceau dans son intégralité fut joué en aout 2020 à Sète dans le cadre du Demi Festival. Le refrain lui est repris de son morceau « Pas de plan » extrait de sa « BLC Mixtape » sorti en 2020. Cela constitue surtout le premier « véritable » morceau tel qu’on l’entend aujourd’hui, notamment dans les radios. L’ambiance est plus festive que les précédents, encore une réussite.
Arrive donc le second single « J’continuerai » sorti en octobre 2021. En featuring on retrouve San-Nom qui co-signe le refrain en plus d’un couplet et une outro. Il livre une excellente performance, une réelle valeur ajoutée sur la qualité déjà excellente du produit initial. On tient pour moi la plus belle production du EP. C’est plus apaisant et plus introspectif que ce qu’il a proposé jusque-là. Le beat est découpé de façon à ce que les rappeurs profitent de leurs 15 minutes de gloire. Rappelons-le, aussi vrai qu’il faut un bon flow pour relever une prod, il faut également une bonne prod pour révéler un flow. L’instrumental oriente le flow qui orientera l’écriture. C’est un travail d’équipe et tout le monde se sublime, le résultat défie toutes les lois.
« Médaille de bronze » est également plus une exclusivité pour ceux qui ont assisté au Demi Festival (le fameux !). On change de décor, forcément on redescend sur terre après avoir touché les étoiles. Deadi reprend la main et propose deux couplets, des refrains et un pont. C’est un style qui lui ressemble plus, cependant il y intègre de nouveaux éléments. Les prises de risque sont salutaires, surtout quand elles sont réussies. On termine enfin sur l’incroyable « Plus ou moins » avec le légendaire Dj Djel de la Fonky Family aux platines ! Il sample une autre légende : Oxmo Puccino ainsi que Boss One (3ème œil), cette musique sonne vient parfaitement conclure cette excellente galette.
Loko a également réalisé un excellent travail (comme d’habitude) sur le mixage et le mastering du projet. Avec un Deadi qui est de plus en plus à l’aise, qui prend des risques et qui continue d’être productif ; un Nizi qui transite de plus en plus vers un style plus moderne, moins boom bap, le résultat est plus qu’au niveau. On en aurait bien demandé un verre de calcium en plus garçon ! Laissons le temps faire son œuvre. Sachant qu’ils ont tous les deux très productifs de leur côté également.