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[Chronique] Georgio - Héra

1. L’espoir meurt en dernier
2. Du bout de mes dix doigts
3. Héra
4. No future
5. Brûle
6. Svetlana & Maïakovski
7. La Terre, je la dévore
8. La vue du sang
9. Promis j’arrête
10. Mama Rita
11. L’or de sa vapeur rouge
12. Ici-bas
13. On rêvait tous de s’envoler (Piste bonus)

Localisation : Île-de-France

Année : 2016

Georgio de son vrai nom George Edouard Nicolo est un rappeur parisien qui a grandi essentiellement dans le 18eme arrondissement de Paris. Il commence le rap vers les 14 ans et fait ses premières armes avec le collectif « La 75ème Session » composé notamment de Nepal, Sanka, Limsa

J’ai découvert Georgio en 2014 avec son E.P. « A l’Abri », une époque où je ne le cache pas j’étais assez désabusé par le rap français. Ce jeune rappeur de 21 ans a donc réussi à me réconcilier avec le rap hexagonal. En 2015, il sort son premier album « Bleu Noir » un projet solide et très sombre à l’image de son état d’esprit de l’époque.

Les années passent mais ne se ressemblent pas pour Georgio. En 2016, du haut de ses 23 ans, le rappeur du 18ème nous offre « Héra », un album bien différent du précédent. En effet, l’ambiance et les textes de « Bleu Noir » transpirent des idées noires et dépressives. Ici, avec « Héra », Georgio apporte un souffle nouveau à sa discographie. Il a évolué, a atteint une certaine maturité. Ça se perçoit à la fois dans ses paroles et sa musique où l’on peut y ressentir un mélange d’espoir et d’amour.

« […] J’veux mes potes près de moi,
Ils savent que j’suis ma bête noire,
Il manque N’Kruma sur quelques dates,
J’dors pas en paix l’soir […]
»

L’album s’ouvre sur le très bon, et un peu trop court (2 minutes 40), « L’espoir meurt en dernier ». L’intensité et la puissance du titre nous frappent comme le rouleau d’une vague des côtes de l’Atlantique. Ce premier morceau est très représentatif des thèmes de l’album : faire face à l’adversité, la volonté d’accomplissement, et l’importance de l’amitié. Ce n’est d’ailleurs pas la seule chanson où Georgio aborde le sujet de l’amitié. On le retrouve aussi sur « Du bout de mes dix doigts » et « On rêvait tous de s’envoler ».

L’évolution de Georgio est flagrante au niveau de sa musicalité. Les samples mélancoliques de piano (typique du rap des années 90/2000) se font rares et laissent place aux accords de guitares. Ces dernières donnent un coté rock / folk à la musique qui s’allie parfaitement au nouvel état d’esprit de l’artiste. La présence des cordes pincées (« Héra », « La terre je la dévore ») nous renforce dans l’idée que le jeune rappeur s’ouvre sur le monde.

[…] le jeune rappeur manie en effet très bien l’art du Story Telling […]

Georgio a fait du chemin depuis ses débuts dans le rap à la fin des années 2000. Il a acquis une certaine expérience qui lui permet d’innover et de prendre des risques. Tout d’abord avec cette nouvelle ambiance musicale mais aussi dans l’écriture. Le jeune rappeur manie en effet très bien l’art du Story Telling comme sur « Svetlana et Maiakovski », « Mama Rita » et « La vue du sang ». Sur ce dernier titre, Georgio s’essaie même au Slam et c’est très réussi. On se croirait réellement au côté de ce jeune soldat qui écrit son journal intime.

Georgio est plus qu’un simple rappeur, c’est un artiste à part entière qui sait écouter ses envies et les retranscrit dans sa musique. Avec « Héra », Georgio a passé un cap. Sa musique est plus ouverte et mélodieuse. Ne cherchez pas le Georgio du début des années 2010. Celui qui « kicker » les instrus à coup de « freestyle » avec ses potes comme Vald ou Nekfeu. Le rappeur s’est assagi. Il s’adapte parfaitement aux nouvelles sonorités plus langoureuses, comme sur deux de mes titres favoris : « Brûle » et « L’or de sa vapeur rouge ».

L’album est donc une véritable réussite où l’on voyage entre mélancolie et espoir. Le tout porté par des instrumentales puissantes et harmonieuses, et un Georgio des plus aguerri dans ses textes et son rap.

Rédigé par Romain DCZ