Hip Hop Sans Frontières

[Chronique] L'ArtSonOr - L'ArtSonOr

01 – Intro (Superfishmann)
02 – Rien a changé (Coalt Art)
03 – Trouver sa place (Loop Out)
04 – La Chine (Deka Beat)
05 – Unité feat. MsBass (Non’s)
06 – Samplement (Zoxen + Non’s)
07 – On a pris les paris (Aksil Beat)
08 – Sunrise (Non’s)
09 – 3ème degré (Dr Key)
10 – Hors frontière (Starseed Beat)
11 – Je me souviens (Aksil Beat)
12 – Entre frères (Coalt Art)
13 – Cris sans thème (Deka Beat)
14 – Personne (La Potion)

Localisation : Toulouse, france

Année : 2019

Rédigé en 2019

Ils sont tous de Toulouse, ils sont au nombre de 4. C’est le troisième projet, les deux autres datent de 2017. Celui-ci est le dernier projet à ce jour (2023). C’est à peu près tout ce que je sais.
 
Néanmoins, « L’ArtSonOr » est leur premier LP édité sous tous les formats. Un peu de lumière sur ce groupe toulousain qui mérite d’être placé un peu plus sous les projecteurs.
 

Aucun interlude, même l’introduction n’en est pas réellement une en fait. En un peu moins de 4 minutes, les 4 artistes défilent avec un couplet unique, un mini pont qu’on entend au début et à la fin seulement. Pas vraiment le morceau à retenir, mais il donne le ton, il met dans l’ambiance, le taf est soigné et on s’arrête là.

Le second son « Rien A Changé » donne déjà plus d’énergie, des notes de piano, un son clair et bien posé. La vraie première claque vient avec le troisième morceau : « Trouver Sa Place », c’est produit par Loop Out, l’un des nombreux producteurs du projet. Il gratifie le projet seulement avec celle-là, bien qu’elle soit bonne, c’est aussi le taf du crew qui déchire. Le morceau se lance et le refrain part, pour la première fois dans le projet, une voix féminine s’accouple à celles du crew, ainsi le refrain est chanté avec plusieurs voix. À noter que c’est le premier single du projet.

Le son colle bien plus avec ce qui fait l’actualité aujourd’hui mais il prouve surtout qu’on peut rentrer dans la tendance avec sa propre patte. Et ça définit bien le groupe, ils peuvent kicker, rapper sec et chanter à la fois. Le tout marche. Le duo de voix assure aussi un pont dans le morceau, réussite absolue. Le genre de son que j’ai déjà fais tourner dans l’émission « Univers Hip Hop » sur la radio Clapas à Montpellier.
 
Le morceau « La Chine » ne représente pas l’Empire du Milieu ou l’Empire Céleste,  mais plutôt un message « On restera débrouillard jusqu’à s’exiler vers la Chine ». Ils désirent rester indépendant, en tout cas continuer de faire ce qu’ils aiment à leur façon, et même si il faut rester underground et dans l’ombre pour travailler comme ils le veulent, ils le feront.

"Et ouais, mon gros j'ai bien peur d’être nostalgique des années 90
Mais sur Toulouse, y a des kickers qui nous rappellent la notice"

Deka beat signe cette prod et fait le taf, il produira seulement ce son.
Vient le morceau « Unité » qui est le second extrait de l’album, il est clippé. C’est beau, c’est simple, les textes sont positifs, ça rappe, ça chante… La guitare de proposé par Non’s fait le taf.

Au tour de « Samplement » de se montrer, première pièce à éviter, la prod a du mal à nous transporter. Les mc’s font le taf, mais ça ne prend pas ici. C’est le morceau de trop pour moi. Le seul coté positif qu’il a, c’est qu’il cache un second morceau… Et là par contre ça remonte largement le niveau. Non’s semble être de nouveau à la prod, ce qui ne serait donc pas étonnant. Le point négatif, c’est que ça nous donne un morceau d’une longueur de 7 minutes et 31 secondes. Alors pour ceux qui sont comme moi et n’aiment que le second son, les logiciels audio sont vos amis.

Le troisième extrait de l’album se nomme : « On A Pris Les Paris », la machine repart et ça fait plaisir. On est dans un schéma de l’âge d’or : couplet + refrain. Mais sur une prod plus style trap, le morceau est de nouveau une réussite. Le refrain est très bon, s’aligne parfaitement avec les autres pistes stellaires de l’album. On identifie clairement les 4 rappeurs et le style de chacun.

Non’s revient avec « Sunshine », décidément ce producteur s’allie avec la qualité. On retrouve cette guitare, ce BPM propre au rap et le morceau part. Ça me fait penser à un bœuf musical ou une jam session. Chacun apporte son instrument et il envoie ce qu’il peut, non pas dans le but de surpasser ou de concurrencer le voisin, mais de réussi à embellir le morceau et à s’y inscrire.

L’autre morceau que je trouve en dessous du reste c’est « 3ème Degré », j’ai du mal à y trouver quelque chose qui me permet de l’écouter et de l’apprécier. Notons que le morceau qui suit « Hors Frontières » et sa prod futuriste à la Company Flow ne m’embarque pas non plus dans le futur. C’est un passage à vide ici et qui constitue véritablement le troisième morceau en dessous.

Mais Aksil beats qui a déjà briller sur « On A Pris Les Paris » revient avec le très bon « Je Me Souviens » qui s’inscrit dans les meilleurs morceaux de l’album. Les différents styles, le refrain entre rap et chant, la prod qui respire l’inspiration laisse un libre recours aux talents combinés de cette brochette d’artistes qui donnent tant pour briller.

Entre Frères qui vient après maintient le cap, il ne se démarque pas spécialement, mais c’est un bon morceau et il apporte quelque chose au projet. On arrive sur la fin, « Cris Sans Thème ».

On dit d’eux :
« Les chrysanthèmes sont appréciés dans le monde entier. De manière générale, cette fleur symbolise le bonheur, la fidélité, l’honnêteté et l’amitié. Mais sa signification symbolique diffère en fonction des lieux. »

De nouveau un bon son qui ouvre la voix à la dernière piste sonore « Personne ». La prod ne m’a pas pleinement convaincu au départ, mais le refrain est très bon, c’est un bon morceau pour finir, on est dans le libre arbitre et donne droit à toutes interprétations. Ainsi, l’album s’achève.

Résultat, nous avons un excellent album, qui ne laisse que peu de place aux doutes et à l’ennui. La formule marche, l’alchimie est complète, toutes les potions du laboratoire s’y différenciant par leurs goûts et pas seulement leurs couleurs. Le crew me fait penser à 1995 et cette nouvelle génération de talent qui allie le talent, l’originalité, entre la new school et la old school. Il y a de l’espoir et de l’avenir pour ce groupe, en tout cas, on le souhaite. Rappelons que ce n’est que leur premier album, la suite est prometteuse. Ils ont en plus le mérite de mettre de la lumière sur la ville rose et prouvent que le rap n’est pas à bout de souffle. Je chronique peu le rap français, donc c’est un réel gage de qualité de les retrouver ici. L’underground a des ressources, les médias mainstream ne vont pas citer L’ArtSonOr, mais ceux qui aiment l’art, en parleront.

Chapeau à L’ArtSonOr ! 

Chronique rédigé par Fathis