Hip Hop Sans Frontières

[Chronique Single] HostileProd & L'Adrinaline - Harba

Quand le rap algérien se fait violer, quand il perd son âme et son authenticité, il arrive parfois, dans un silence assourdissant, que surgissent des morceaux comme celui-ci.

« Harba » — L’Adrinaline de La Station au micro, et Hostile du crew Freekence à la production.

Ce genre de rap narratif, celui qu’on réclame depuis des années, qu’on cherche désespérément : où est-il passé ? Pourquoi est-il devenu si rare dans la scène du rap DZ ? Est-ce un manque d’imagination, de créativité, de compétence chez les rappeurs, ou tout simplement une pénurie d’histoires à raconter ?

Le thème ici, c’est la harga. Sujet mille fois abordé, presque cliché, épuisé par l’usage dans le rap algérien depuis des lustres.

Mais cette fois-ci, il y a une différence :

Le rappeur, c’est L’Adrinaline — le producteur, Hostileprod — et l’histoire est vraie. C’est celle de Houssam L’Adrinaline et de son propre départ du pays.

Les mélodies de Hostile tissent un mélange de nostalgie, de peur, d’espoir et de tension. Le réalisme de l’histoire renforce l’authenticité de L’Adrinaline. Il écrit avec sincérité, interprète avec calme et crée un univers cohérent, profond, qui pousse l’auditeur à s’arrêter, à écouter, à ressentir.

Inutile de disséquer les paroles — tout amateur, passionné ou chroniqueur de rap algérien doit écouter ce morceau, ainsi que d’autres créations qui représentent réellement notre culture Hip Hop.

Hostile a tout pris en charge : la prod, le mix, le mastering, la vidéo, le visuel.

Et ce qui donne encore plus de poids à l’œuvre, c’est la séquence vidéo que l’on retrouve dans l’intro et l’outro : de vraies images tournées dans le bateau de harga, avec les voix et les mots des passagers.

Une fin apparente, qui n’en est pas une — car une deuxième partie arrive très bientôt.

Le duo Hostileprod & L’Adrinaline nous a déjà offert ces derniers mois des tracks puissants, rugueux, porteurs de l’étiquette “Rap algérien” dans toute sa fierté. Et ce n’est que le début, inshallah.

Et puisque l’on parle de harga dans le rap narratif, impossible de ne pas mentionner un autre classique :

Ma Tgoullich”, sorti en 2010 dans l’album “Ramz El Mektoub” de Malik Fada Vex, en featuring avec Houari Bouabdellah, sur une prod signée One Dar.

Ce track, lui aussi, est unique — il parle de la harga avant qu’elle ne se produise.

Si on doit résumer le morceau : Malik tente de persuader son ami de ne pas s’en aller, en lui rappelant ses liens familiaux, ses attaches et les conséquences possibles.

Mais, au final, son ami part quand même, et Malik conclut le morceau avec des images et des questions existentielles, reflétant une vraie profondeur philosophique.

La fin, poignante , apporte une touche authentique qui reste ancrée dans une réalité dystopique.

Rédigé par Soheyb Kehal alias Monst-R

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