Concernant son nom de scène, Koma explique :
"J’avais regardé la liste des noms des mecs du graffiti à la fin du livre Spraycan Art. Certains étaient déjà pris, d’autres pas. Moi, j’aimais " Les Guerriers De La Nuit " . [...] K et M me plaisaient. Kimo, Kamo, Kima… Comme c’était des lettres pointues, il me fallait de la chaleur. J’avais opté pour le O et le A. Et c’était parti, je suis allé direct dans la rue pour le poser. Tu as eu plusieurs époques dans le tag pour trouver des noms. Il y a eu la mode des "SW", Swatch, Switch, etc… L’année d’après, c’était les "K", Kriminel, Kool Shen… Tout le monde mettait un "K" à la place du "C". Après, j’ai regardé ce que KOMA voulait dire… Et puis comme j’avais des problèmes pour aller à l’école dès le matin ou rester éveillé en cours, ça collait bien (rires)."
Koma publie son premier album solo Le réveil, en 1999, souvent cité par la presse spécialisée parmi les classiques du rap français. Pour cet album, Koma explique : « J’ai voulu travailler avec beaucoup de gens de mon entourage pratiquement inconnus. J’aime la rencontre et travailler avec des nouveaux venus ».
Le morceau que j’ai choisi set sûrement le plus populaire, il bénéficie d’un clip et il est grandement apprécié. Je vais donc revenir dessus, c’est produit par Haroun, un membre de la Scred Connexion.
Et ça commence bien fort avec cette phrase : « J’ai jamais ressenti le besoin de jouer les bandits dans les parages ».
C’est à souligner, car il vient de Barbès, un quartier assez chaud dans le 18ème, les politiciens ne manquent pas de qualifier les jeunes de cité de violents et pas disciplinés. Avec cette phrase, il leur répond et leur montre qu’il y a avant tout des gens bien. Les lignes ne font qu’appuyer cette idée qu’il rappe et ne veut pas traîner dans la rue. Fait intéressant aussi dans ce premier couplet, c’est qu’il a placé la totalité du refrain dans son couplet.
Il exprime clairement ses objectifs, car c’est un morceau tout de même
positif, il ne veut pas finir comme les gens qu’il voit dans la rue.
« Glorifient le biz, le shit et les packs de bière !«
Mais pas lui, il veut sortir la tête haute. Pour finir son couplet sur ça :
« Pessimiste à souhait, même si une lueur d’espoir existe
Plus rêveur que moi, tu meurs, et c’est pour ça que je persiste »
C’est très paradoxal, car il dit qu’il est pessimiste, mais tout de même rêveur, car au fond, il sait que bien qu’infime, un espoir existe. C’est donc pour ça qu’il ne veut pas se laisser aller, et encourage ainsi les autres à en faire autant. La vie a une fin, mais ce n’est pas pour autant qu’on se dit, puisqu’on va mourir, autant se laisser aller…
Dans le deuxième couplet, il reprend cette fois une phrase de son pote Fabe : « Le rêve fait la grève, achève le peu d’espoir qu’on avait ».
Le titre est exploité dans son intégralité, car le rêve est vraiment la motivation du mc, comme il le dit si bien ici :
"Mais moi je continue de rêver, car c'est tout ce que j'ai dans la vie
Y'a pas d'erreur, un monde meilleur, c'est pas pour demain
Même si, autour de moi, des gens prétendent pouvoir m'en vendre un
Combat perpétuel, de l'amour virtuel
Une notion du bonheur ici faussée par le matériel"Koma Tweet
Rêver c’est gratuit, donc il peut se le permettre, car c’est ce qu’il le motive à avancer même si il reste conscient que les choses ne sont pas prêtes de changer. Ensuite, il dénonce les publicités mensongères qui pensent avoir la solution miracle. La publicité et notamment celle qu’on voit dans la rue permet de créer un bonheur éphémère, du moins un semblant de ce dernier pour ceux qui ont de l’argent.
La plus grande incitation pour des jeunes qui s’ennuient dans la rue. L’amour virtuel pourrait se caractériser par les sites de rencontres (bien que pas autant développés à l’époque). Ça rejoint donc l’idée de rêves, d’illusions, de publicités mensongères. Enfin, à la fin, il revient sur le matériel, et donc ce bonheur éphémère, cette pulsion d’achat. Ce bonheur immédiat qu’on va se créer sur l’instant, mais qui avec une réflexion plus poussée, sur le long terme, on n’aurait pas cédé.
Tous les couplets sont très bien écrits, les rimes sont bien placées et les phrases interpellent. Sa façon de placer ces mots leur confère une autre valeur. Très réaliste et bien analysée, la situation est très bien décrite, l’une des raisons du succès de ce morceau. Son flow est aussi très bon comme à son habitude. Le travail d’Haroun à la prod aussi est à souligner, il a samplé : Luiz Bonfá – Manhã De Carnaval. Un de mes morceaux préférés, presque 20 ans plus tard et il n’a pris aucune ride.
Rédigé par Fathis