[Chronique] Slak Bee - Hxoi Tou Kakou [Grèce]

La Grèce est mondialement connue pour ses paysages paradisiaques, ses plages de sable blanc, ses innombrables et charmantes iles ; aujourd’hui en tout cas. Mais avant cela, la Grèce c’est surtout la Grèce antique avec sa mythologie qui a influencé tellement d’œuvres culturelles et s’est largement diffusé jusqu’aux confins du monde. C’est connu pour sa médecine ancestrale, l’invention de la démocratie, ses philosophes dont Beurkson aka The Ranking Sarazin cite souvent. C’est un pays millénaire qui est reconnu pour tout (même pour sa crise économique… merci l’Euro) mais pas pour le rap. En France, on a bien Nekfeu et Seiya (entre autres) qui représentent mais ailleurs ?

Lors de mon voyage en Grèce (magnifique pays à tous les niveaux, au passage), j’avais assisté à un concert de rap en plein air. J’ai écouté du rap venu du coté de la mer Égée, mais difficile d’en trouver en quantité suffisante pour y extraire de la qualité. Aujourd’hui, c’est chose faite. Alors de qui on parle ? Slak Bee c’est un producteur de Kalamata, bien que la ville soit connue, elle n’est pas si grande que ça. Située dans le sud du pays, elle compte des monuments de grande beauté comme ailleurs dans le pays. 

Dans ce contexte, dur de se faire une place dans le milieu du Hip Hop, Hormis Terror X Crew et Goin’ Through, quasiment aucun artiste n’a pu réellement s’afficher. Il faut dire que la langue ne constitue pas la seule barrière (en réalité, c’est une fausse barrière dans le monde de l’art et de la musique), c’est l’alphabet plutôt qui n’aide pas réellement. C’est aujourd’hui, le premier et plus ancien alphabet a encore être utilisé. Il est incompréhensible pour nous autres occidentaux avec notre alphabet actuel. 

Revenons à Slak, officiellement lancé en 2020 avec un premier single, il lance dans la foulée l’album « Πανταχόθεν » avec une majorité de piste instrumentale. Les musiques sont très courtes, une entrée en matière pour le producteur. En 2021, il sort un EP avec des rappeurs grecs. Puis il chemine tranquillement avec divers projets jusqu’à « Hxoi Tou Kakou » qu’on traduit par « (Les) Sons Du Mal / Musique Malsaines« . Et on est clairement en adéquation avec cela au niveau des sonorités.

Il y a 8 pistes, l’introduction très froide et brute « Piles To Kakou » (Portes du mal) est correctement placé. La seconde piste fait entrer en jeu le groupe Prothimos Allagis composé de Giorgos Mth, Antonis Mth et Alexis Mth. Le contrat est respecté, c’est bien plus malsain que ce qu’il en apparaît, et c’est une superbe musique. Le morceau suivant est un interlude où l’on entend discuter et on retrouve cette ambiance sombre de l’intro avec ses breakbeats et du violon. On retrouve également (To) Sfalma sur un morceau, qui est un producteur et rappeur athéniens. Son univers colle parfaitement au thème. 

La piste 5 est une instrumental également, et si on peut entend des chœurs d’une chanteuse, la musique n’en demeure pas moins oppressante. Le titre ne doit pas vous tromper, le beatmaker est fidèle à sa ligne de conduite. Bref transition avant de réattaquer sur du vrai rap avec les scratchs qui va avec sur « Exo Firkarei » qui fait rapper Anisxio Pnevma, un autre artiste d’Athènes. Mais ce n’est pas le seul car on retrouve aussi Apatewnas sur « Apeili« .

Le projet est sympa, propre et bien travaillé. Au-delà de la direction et des sonorités donnés par le maitre du projet, les artistes ont fait leur part. Je pense au dernier morceau par exemple, où l’ambiance hardcore et malsaine vient principalement de l’artiste et de son rap. C’est un excellent projet pour ceux qui aiment ces sonorités, un peu à la Droogz Birgade et ce que peut produire Al’Tarba. On ne peut évidemment pas résumer le rap grec à ce style mais il prouve que l’underground est une source inépuisable. Casser les frontières, déconstruire les idées, s’ouvrir à l’autre car on y trouve souvent quelque chose de meilleur ou différent dans l’underground. Oui, on en trouve par centaines, mais on sélectionne les plus notables pour vous, sauf oubli ou manque de temps de notre part.