HipHop sans frontières

DAM - If I Could Go Back In Time feat Amal Murkus ( لو أرجع بالزمن) [Palestine]​

DAM signifie « qui dure toujours » et accessoirement « sang » en arabe. Le groupe est composé de Tamer Nafar, Suhell Nafar et Mahmood Jrere, rejoins en 2015 par la chanteuse Maysa Daw. C’est un groupe palestinien, le plus connu du monde arabe, je pense. Ils ont pris le soin de traduire leurs textes et les titres en anglais, ce qui a fini par payer, car Martin Vennard, de la BBC World Service, a décrit la musique de DAM comme « la musique la plus divertissante, la plus originale et la plus engagée socialement qui soit sortie du Moyen-Orient ». J’aurai l’occasion de vous en reparler.

Cette vidéo du groupe met en avant les violences que les femmes subissent. Ce qui est fort, c’est que le clip et le morceau sont construis à l’envers, ils débutent par la fin pour terminer par le début. En effet, le premier couplet parle de la mort d’une femme et remonte jusqu’à sa naissance au fur et à mesure que se déploie le morceau. Elle meurt sous les coups de son frère (ou plutôt une balle) et sera enterré par son père, car elle a refusé de se marier avec son cousin. Le morceau ne fait référence à aucune femme en particulier, c’est juste une référence à une situation qui arrive trop souvent, malheureusement. On appelle cela les crimes d’honneur, c’est-à-dire quand un membre de la famille salit le nom de la famille à un point qu’il faut le tuer pour laver ce péché. Dans certaines cultures, c’est le cas quand la femme s’est faite violée, parce que la femme a osé déclarer son homosexualité par exemple, ou pour un refus de mariage forcé ou arrangé, ou pour apostasie…

Parfois, c’est une accumulation d’actes qui pousse un membre de la famille à tuer la femme. Malheureusement, en 2024 cela existe encore,bien que le phénomène semble diminuer, des chiffres en temps réel n’étant pas accessibles. Trop de sociétés patriarcales poussent les hommes à se sentir au-dessus des femmes et se sentir plus fort que la nature. Cela se retrouve dans beaucoup de sociétés, notamment en occident.

La vidéo est adressée aux dirigeants du Moyen-Orient qui sont invités à revoir leurs lois, car un meurtre, reste un meurtre peu importe la raison. Le printemps arabe ne doit pas juste servir à destituer un leader arabe pour en mettre un autre, ce n’est pas juste la classe politique qu’il faut changer, mais aussi la société civile et revoir totalement le statut de la femme dans certains pays. Le clip est poignant, la musique est magnifique, le refrain est interprété par la chanteuse Amal Murkus, artiste très connue dans le monde arabe et pas seulement pour sa musique, car c’est une activiste politique. Les couplets sont interprétés respectivement par : Suhel Nafar, Mahmood Jrere et Tamer Nafar. Beaucoup de rappeurs arabes parlent pour les femmes et les violences qu’elles subissent en plus des rappeuses elles-mêmes. Certaines d’ailleurs ne peuvent faire de scène avec des rappeurs masculins à cause des codes culturels qui voient d’un mauvais œil toute forme de mixité.

Néanmoins, je ne peux terminer mon article ainsi, que j’ai initialement écrit bien avant la terrible journée du 7 octobre 2023. Je me permets de m’exprimer et de prendre position ici pour la Palestine et ses territoires occupés, annexés et colonisés par les sionistes. Il faut faire une différence CAPITALE entre les sionistes, les Israéliens et les Juifs si on veut aller plus loin. Ce sont les sionistes le problème, c’est-à-dire les extrémistes juifs qui souhaitent créer « le Grand Israël » (voir carte ci-dessous). Ils usent de moyens de destruction inédits et sont prêts à toutes les atrocités pour y arriver. Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, les dirigeants se sont toujours sentis en danger de mort, persécutés, encerclés, peur qu’ils ont savamment instrumentalisée pour la transmettre au peuple… Ils ont donc développé un arsenal militaire démesuré dans le but d’arriver à leur fin.

Il n’est nullement question de soutenir des groupes armés ou des militaires génocidaires. Il en va du droit humain, de vie et d’égalité pour chacun. Des deux cotés de la frontière, ce sont les peuples qui meurent sous les bombes.

Certains se prennent pour des héros, d’autres pensent réaliser une prophétie… Qui est la victime ? Le peuple. Retournons sur les bancs de l’Histoire pour questionner le présent, car nous vivons un génocide à travers nos écrans, étant impuissants, nous sommes victimes et coupables à la fois. Que justice soit faite, que le sang arrête de couler et que tous les peuples du monde vivent en paix. Si certains tarés veulent jouer avec les armes à feu, ils n’ont qu’à le faire entre eux. Je ne suis pas croyant, je ne prie pas, mais je souhaite que la paix revienne au plus vite.

On ne peut pas s’intéresser au rap et à la culture internationale sans s’intéresser aux cultures et aux peuples du monde. Je ne suis pas un simple consommateur, si on accepte de découvrir de la nouvelle musique, il faut accepter de s’ouvrir à l’autre. La musique, c’est un échange de procédés, la création existe seulement à travers une entité qui peut rentrer en résonance avec.

Que la paix soit sur tous les peuples, force à la Palestine et son honorable peuple.

Rédigé par Fathis