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[Dossier] Fête des mères et rap

Dans le monde du rap, il y a bien une chose qui est universelle : l’amour que porte les rappeurs pour la femme qui les a portés pendant 9 mois. Aussi dur que certains rappeurs puissent paraître, ils n’en restent pas moins les « fi-fils » à leurs maman. C’est bientôt la fête des mères. Vous l’avez compris, voici un petit topo sur les rappeurs qui ont déclarés leur amour en chanson pour leurs mères.

Le plus mythique de tous

2Pac – Dear Mama [1995]

« There are no words that can express how I feel, You never kept a secret, always stayed real »

Tupac Shakur (ou simplement 2Pac) a eu une relation fusionnelle avec sa mère. Pour ceux qui ne connaissent pas la vie du rappeur, ce dernier est né juste après l’acquittement de sa mère Afeni Shakur (membre des Black Panthers) sur plus de 150 accusations… Cette dernière a donc été enceinte pendant son incarcération, ce qui a indéniablement cré » cette relation mère-fils très forte, tout comme le caractère bien trempé de 2Pac. « Dear Mama » est issu de son excellent album « Me Against The World », un projet très introspectif. Le rappeur natif de New-York y aborde plusieurs sujets personnels : ses peurs, ses doutes… et l’amour qu’il porte pour sa mère. Ici 2Pac évoque son enfance difficile (extrême pauvreté et addiction au crack de sa mère), ses erreurs de jeunesse et la force de sa mère face à toutes les difficultés qu’ils ont vécu ensemble. C’est LA chanson par excellence quand on pense « fête des mères » et « rap », le classique intemporel qui nous vient tout de suite à l’esprit.

Le plus universel

Oxmo Puccino – Mama Lova [1997]

« Perdre sa mère c’est pire, demande à Pit’ je t’assure, T’as pas saisi, enlève la mer de la Côte d’Azur »

 
Premier clip et premier gros succès pour le Notorious B.I.G. français (comme certains le surnomment), j’ai nommé : Oxmo Puccino. « Mama Lova » est le fruit d’une collaboration Paris / Marseille. En effet la musique est produite par DJ Kheops du groupe IAM, qui en 1997 sort son album « Sad Hill » où il invite des rappeurs de toute la France à performer : les X-Men, Passi, Pit Baccardi, IAM… et donc Oxmo Puccino. Le rappeur du collectif Time Bomb par sa plume unique et ses jeux de mots dont il a le secret délivre un message d’amour universel aux mères. Oxmo Puccino rend hommage à toutes les mères et à tous les sacrifices que ces dernières font pour nous élever dans la vie. Il n’hésite pas à lancer une petite « pique » à tous ceux qui jouent les « durs » en leur rappelant qu’ils sont avant tout le fils d’une mère : « Faut qu’ce soir tu ranges ton gun, laisse ton shit, Range les dangers, les risques, Car avant d’être un scarla t’es son fils ».

Le plus bouleversant

Ghostface Killah – All That I Got Is You [1996]

« But I remember this, mom’s would lick her finger tips, To wipe the cold out my eye before school wit her spit »

On peut venir d’un des quartiers les plus dangereux de Staten Island et faire partie d’un des groupes de rap les plus « durs » qu’il soit ; on n’en aime pas moins sa mère. Denis Coles alias Ghostface Killah sort son premier album solo en 1996 : « Ironman ». Un album d’une grande qualité qui sera acclamé par la critique comme la totalité de la première salve d’albums solos du Wu-Tang Clan. Dans « Ironman », Ghostface Killah délivre une de ses plus belles chansons : « All That I Got Is You » avec au refrain la chanteuse Mary J. Blige (pour la version du clip, il s’agit de la chanteuse Tekhita de la Wu-Tang Family). Une chanson très introspective dans laquelle le rappeur nous parle de son enfance vécue dans une extrême pauvreté. Ghostface Killah se met en quelque sorte à nu : il évoque l’abandon de son père, la maladie et le handicap de ses deux frères, le regard des autres… Mais malgré toutes ses douleurs il n’oublie pas sa mère et la remercie de tout ce qu’elle a fait pour lui.

Le plus joyeux

Kanye West – Hey Mama [2005]

« It don’t gotta be Mother’s Day, or your birthday, For me to just call and say : (Hey Mama) »

Kanye West n’avait peut-être pas une relation aussi fusionnelle avec sa mère que 2Pac avec la sienne, mais il en était très proche. En 2005, dans la continuité de son premier album « The College Dropout », le rappeur de Chicago publie « Late Registration », un deuxième album devenu lui aussi un grand classique. Kanye West profite donc de la sortie de son album pour faire une déclaration d’amour à sa mère avec le titre « Hey Mama », une chanson écrite cinq ans plus tôt. L’enfance de Kanye West n’ayant pas été trop difficile (financièrement…), l’atmosphère de la chanson y est assez joyeuse (en comparaison avec « All That I Got Is You » de Ghostface Killah), avec un côté très « néo-soul » typique des débuts de Kanye. Il nous raconte à la fois des petites anecdotes sur son enfance (déménagement à Chicago lorsqu’il a trois ans, les conseils de sa mère…), son désir de rendre fière sa mère et de la combler pour qu’elle ne manque de rien.

Le plus méconnu

eMC – U Let Me Grow [2008]

« You was the sun on my cloudy day, And if you couldn’t be that, you would take them clouds away »

Des cinq chansons que j’ai choisies, c’est celle qui est la moins connue, pourtant, elle n’a rien à envier aux autres en termes d’émotions. « U Let Me Grow » est une chanson du groupe eMC (Masta Ace, Wordsworth, Stricklin et Punchline) extraite de leur très bon premier album « The Show ». Comme je le dis plus haut, c’est un titre rempli d’émotion et je le trouve musicalement très puissant. L’atmosphère y est à la fois joyeuse, car nous sommes dans une célébration et un hommage, et aussi mélancolique : l’intro est un extrait d’un concert où l’un des membres explique que seulement un mois après l’enregistrement de la chanson sa mère est décédée… L’ambiance musicale de la chanson (comme tout l’album) est très « néo-soul » et « chipmunk soul » (sample de voix soul ralentie ou accélérée) typique d’une nouvelle génération d’artistes de cette époque comme Kanye West, Talib Kweli… Comme dans les chansons citées plus haut, chaque rappeur ici se remémore des anecdotes sur leurs enfances et leur mères qui ont été d’un soutien infaillible.

Voilà, c’était un petit dossier pour célébrer la fête des mères, et si jamais vous voulez la souhaiter en musique vous trouverez peut-être votre bonheur ici. Je souhaite une bonne fête à toutes les mamans du monde. Vous pouvez trouver la playlist spéciale « Fête des mères et rap » ci-dessous sur les plateforme Spotify et Youtube.
 
Mention Spéciale :
 
Noreaga Love ya moms  [2002]
Pit Baccardi Si loin de toi  [1999]
Mr. CriminalMy letter to my momma  [2005]
Snoop Dogg I love my momma  [1999]
Warren GMy momma (Ola Mae)  [1999]
Brand NubianMomma  [2004] 

Rédigé par Romain DCZ