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Supreme Cerebral fait partie de cette nouvelle génération de rap qui mise tout sur la rime. Il vit en Californie, du coté de Tustin / Santa Ana dans le sud de la Californie. Depuis pas mal d’années maintenant, on a vu émerger des rappeurs qui sonnent très boom bap venant de la West Coast. Bien que le raccourci facile est souvent fait hâtivement et à tord, il n’y a pas que de la G-Funk ou de la musique festive là-bas.
Les artistes de la Bay Area par exemple ne correspondent en rien à tout ce que j’ai écris sur cet article par exemple. Supreme a sorti son premier « Blockness Monster » en 2009 sous forme de mixtape. 3 autres ont suivi, c’est en 2013 que les choses sérieuses commencent avec l’album BrassKnuckle produit par Flip Da SoulFisher et en 2014 avec son album Loop Dreams.
Il réalise en 2016 ses meilleurs prestations sur un EP : Master Buliders. Toute la production est confiée à Clypto, beatmaker originaire de San Diego qui faut un remarquable travail. Sur la pochette, on y aperçoit un alien qui représente l’artiste, selon lui, il arrive avec un niveau lyrical jamais vu auparavant. C’est toute l’idée du projet, fumer littéralement toute concurrence avec des rimes de malades sur des prods de fous. C’est ambitieux mais réussi. Preuve en est de sa force, c’est que c’est assez court à l’écoute mais suffisant. Apollo Creed, SuperFly TNT, Breadwinners, Hard Body et Pablo sont les musiques les plus marquantes. En terme de featuring, il a fait appel à Recognize Ali, SmooVth (Tha Connection), Eloh Kush, Planet Asia, Hus Kingpin (Tha Connection), Rozewood…
Suivront en 2017 et 2018, les albums « Kings Throne » et « Kings Throne 2: The Crown Holder » avec des feats de Born Unique, Ill Conscious, Tha Soloist, Code Nine (Tragic Allies), Jamal Gasol, Big Twins (Infamous Mobb), Daniel Son… Pour les prods, on retrouve : Giallo Point, Clypto, Tone Spliff, D. Mar, Onaje Jordan, Dirtydiggs, Eyeree Beats, Flip Da Soulfisher, Tranzformer…
Et si un seul titre devait ressortir de ces deux albums, alors ce sera le désormais classique : Original Man. Supreme dépose un sacré couplet, il se permet de changer de débit à un moment son style très articulé fait son effet. Ill Conscious livre également un couplet magistral comme à son habitude (un dossier est prévu) et on ne peut rien lui reprocher. On dit que quand les grands esprits se rencontrent, ils se stimulent mutuellement, c’est vérifiable ici. Le Soloist n’est pas en reste mais compliqué de passer après deux mastodontes.
Il ne perd pas son temps comme vous avez pu le voir, en 2019 il sort son 13ème projet ! Il le nommera Gaddafi. En plus des artistes que j’ai cité précédemment à tous les niveaux, en nouvelle collaboration, on note : O The Great, Estee Nack (Tragic Allies), Jamil Honesty, The Historian, Ralphiie Reese, Bozack Morris… On continue de dérouler son infini discographie (je n’évoque pas tous les projets), on tombe sur le très attendu « Soul Trained » avec D. Mar. Sans surprise, c’est une nouvelle tuerie. C’est un projet qu’ils avaient en commun depuis 3 ou 4 ans et ils ont fini par le concrétiser. Kings Throne, Luxurious, On The Corner, Terminally Ill, What I’ma Talk About, Wave Dichotomy… Autant de titres qui donne le tournis, c’est une totale réussite. Coté invités, hormis les habitués, on y peut ajouter : Tristate, Definite Mass, Banish Habitual…
En 2020, il publie le projet « Ultimate Mind » qui figure également parmi ses meilleurs albums. Il le considère comme son album le plus réussi à ce jour d’ailleurs. Jay Royale, Architect, Waterr, Slide Beatz... La liste d’artistes qui collaborent avec lui s’agrandit au fur et à mesure. J’ai également apprécié « Gold Chain Warrior » sorti en 2021 et produit par Reckonize Real. Il signe l’un des meilleurs morceaux de sa carrière pour moi, le meilleur en solo en tout cas. Je parle de : Art Of War , il n’y a pas de drums, on entend tout le long du morceau un sample d’une femme qui chante en cœur. C’est assez simpliste dans l’absolu mais tellement efficace, c’est l’un des deux arguments qui font que ce morceau est mythique. Le second est la performance du rappeur, il a montré son talent à de multiples occasions ; cette fois c’est différent. Son style hardcore, son flow rugueux et sa façon de placer ses rimes en forme de hachoir contraste totalement avec l’esprit de la prod. C’est un sacré contrepied, un peu comme sur une musique lente, le rappeur rappe très vite.
Toujours dans sa lancée, en 2021 il était en feu ! Après un premier album avec Eloh Kush, le rappeur du New Jersey, intitulé « Clark Connoisseurs » sorti en 2019, voici la suite. Le second volet est bien mieux réussi, on retrouve : Blu, Napoleon Da Legend et Big Twins. Tout est produit par Clypto hormis un morceau. Le concept de l’album est de faire intervenir plusieurs rappeurs sur chaque titre, mais pas n’importe qui. Il faut que les rappeurs possèdent un certain niveau au micro, l’idée de prouver que quand de tels talent s’associent, cela ne peut que marcher. Comme toujours, c’est très bien produit ! Varié, rythmé et jamais répétitif malgré toutes les collaborations entre Supreme et le beatmaker de San Diego. Les Mc’s qui ont pu prendre part au projet sont : Eloh Kush, O The Great, Substance810, Alphabetic, Ill Conscious, Napoleon Da Legend, Killy Shoot, Realio Sparkzwell, Mickey Diamond, Josiah The Gift, Gripz, Snotty, Younk Malk, Big Oz, Jamil Honnesty, Apollo, Vinny Vindetta, Ralphiie Reese, John Jigg$, SmooVth, Sqeegie O, Flashius Clayton et Banish Habitual.
Son dernier album vient de sortir, il se nomme « The Bad Guy » et il est entièrement produit par Yoga Flame Kane. C’est un producteur avec lequel il va surement retravailler. C’est plutôt bon dans l’ensemble mais si cela forme un tout. Il est difficile pour moi de retenir ou d’extraire un réel hit de cet album. On y retrouve que peu de featuring, je vous renvoi à notre interview pour plus de précisions.
Entre l’interview et ce dossier et surtout la compilation que je vous ai concocté, vous serez au top concernant Supreme Cerebral. Ce qui m’a frappé chez lui, c’est son flow et ses ressources qui semblent inépuisables. Il s’adapte très facilement, en témoigne ses innombrables collaborations autant avec des beatmakers que des rappeurs. Sa discographie ne comporte que peu de déchets. C’est à souligner quand on est autant productif.
Lui-même n’aime pas qu’on le mette dans une case, évitons de le faire, d’autant plus que ce ne serait pas aisé. On peut néanmoins dire qu’il incarne ce regain de la passion pour l’écriture. C’est quand même important à mon sens où tout le monde regrette la fameuse age d’or ou dit « le rap c’était mieux avant », « le rap est mort »… Je dirai qu’il n’a presque jamais était autant vivant qu’aujourd’hui en vrai. De la qualité, on en trouve de partout et pour tout le monde. Je parle bien de rap, pas des mecs qui font des semi-phrases, qui hurlent ou parlent pour ne rien dire. Les connexions entre rappeurs n’ont jamais étaient aussi simple, dans l’underground, toutes les semaines, un album de qualité est dans les bacs !
Supreme a bien compris qu’il fallait faire quelque chose. En multipliant les projets et en restant au top, on ne peut que l’encourager. Certains rappeurs se crament sur des mixtapes ou sur des feats, lui est constant. Il a un style assez hardcore et qui je répète, peut aller à contrecourant de certaines prods, et c’est là qu’il excelle. Je me suis vite retrouvé à intégrer une bonne partie de sa musique dans ma playlist tant c’est bien et varié. Si vous voulez aller plus loin, je vous conseille la discographie que j’ai disséqué pour vous et ses futurs projets.