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Driver & Le A - Congés Payés

01. Intro
02. Oh Oui
03. Boobies Out
04. L’entrée Des Artistes feat Stomy Bugsy et M0NF0RT
05. Mon Son Mon Verre feat Papillon Bandana et MSJ
06. Summertime – Havin Fun feat 2nd II None
07. Me And You – Part II feat Ryu Mc et Pimp Cézair
08. Pavilloner 2.0 – Part III feat MSJ et Pimp Cézair

Localisation : Sarcelles / Joinville Le Pont, France

Année : 2023

Driver, Grand Chelem en carrière

De nos jours, qui n’a pas entendu au moins une fois dans sa vie parler de ce grand monsieur ? Plus très loin de la cinquantaine, il a fait une entrée fracassante dans le rap en 1998 avec son album « Le Grand Schelem ». Les albums qui suivront seront très échelonnés sur le temps et permettront d’asseoir sa notoriété. Il réalise une série de mixtapes de qualité nommée « Tu Roules Avec Qui ? » ; l’idée consiste en reprendre des classiques de rap Us (West / East / Atlanta) et les remanier à sa sauce. Il collabore beaucoup avec les artistes de la G-Funk française tel que : Dogg Master, Rekta, Southcide 13, Le Foulala, Réservoir Dogues, Topaz, J’L’Tismé, Seno, CSRD, 4.21 Sans compter ses nombreuses collaborations avec d’autres artistes français et françaises et les artistes internationaux.

Il est également connu pour avoir un style unique qui mêle l’humour au kickage de micro, des références notables via ses métaphores et un flow aisément adaptable. En plus de toutes ses qualités, il est multi-casquettes le monsieur. En effet, on le retrouve en tant que jury durant les Rap Contenders, il anime l’émission « Roule avec Driver » sur OKLM Radio. On peut également le retrouver dans le podcast « Featuring » qu’il présente ou encore le podcast « La Récré ». Et pour finir, il a également écrit un livre « J’étais  » tout en amorçant une carrière d’acteur… Voilà un tour d’horizon pour savoir de qui on parle sur cet article.

Aelpéacha, le maitre à jouer

Là aussi, on a un artiste multi-casquettes. Parlons d’abord de sa carrière en tant que rappeur qui a débuté en 1996. Il produit son premier album « Kwad 9 Alpha » sur son propre label « Splitfton Production ». En parallèle, il est inscrit dans deux groupes : Club Splifton et le CSRD. Ce qui lui permet de multiplier les collaborations en parallèle de sa propre carrière. À l’époque, on pouvait entendre ces crews dans l’émission « Yo MTV Rap » sur MTV. Destinée aux couche-tard, la diffusion se faisait entre minuit et 2h du matin ! Mais quand on aime le rap et qu’internet n’existe pas… Aelpéacha fonde plus tard un label plus pro nommé « Studio Delaplage » et sort son premier classique : JArrive Jamais en 2004. Tout ce qui suivra derrière sera qualitatif. Il a collaboré avec énormément d’artistes, il est dur de tous les lister.

Sa seconde casquette (voire première) est celle de beatmaker et producteur. C’est d’ailleurs sa porte d’entrée dans le rap. Il voulait devenir Dj, il s’est mis à toucher aux platines et au monde du mix jusqu’à produire sa propre musique. En effet, il produit ses propres albums, fait notable en France. Mais pas seulement, il a produit pour beaucoup d’artistes dont : Les Sale Blancs, Lil Thug, OG Daddy V, Testos (ATK), XL Middleton, Topaz, Yusiness, Bass Click, TomboKarnage Et d’autres artistes mentionnés dans cet article. Il faut savoir qu’il sample très peu contrairement à la majorité des beatmakers. Il joue de certains instruments et collabore beaucoup avec des musiciens. Ça vous rappelle quelqu’un ? Et dans ses deux fonctions, il excelle ! Une aubaine pour nous autres auditeurs. Il fait d’autres trucs à côté, mais on va s’arrêter là.

Toujours paviollner

Le premier titre « Oh Oui » met de suite dans l’ambiance. Stomy Bugsy se charge de faire l’introduction et une légère apparition sur le titre. Un refrain à la talkbox et on se remémore la bonne époque, quand ces artistes faisaient bouger tout le monde. La prod laidback à souhait nous transporte durant 4 minutes. Stomy refera une apparition bien plus explicite sur le morceau « L’entrée des Artistes » en proposant un très bon refrain. Le titre rappelle étrangement une sonorité qu’on retrouve sur « Journey With Me » de Twinz et Bo-Roc (1995) produit par Warren G. On a également droit à un beau casting ici si on y ajoute M0NF0RT au vocoder ou encore Mofak sur la prod.

Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, on retrouve également du beau monde sur « Mon Son Mon Verre » avec Papillon Bandana (La Clinique) et MSJ. Ces deux-là font partie intégrante du paysage West Coast à la française. Papillon, vous l’avez tous entendu au moins une fois sur le mythique « La Playa » en 1999. MSJ ride plus ou moins en solitaire, c’est regrettable qu’il n’ait pu pousser plus loin sa carrière. En effet, un seul album a véritablement vu le jour « Wraaah » (2020), enregistré entre 2002 et 2008. Pour se consoler, on peut se rabattre sur l’album en commun avec le A « Le Lubrifiant » (2010).

Le feat le plus étonnant (quoique) est celui des américains : 2nd II None. Véritable légende de la G-Funk made in Los Angeles. Gangsta D & KK ont contribué à l’âge d’or de cette scène aux côtés d’un certain Dj Quik. D’ailleurs la prod où tous ces artistes rappent fait penser étrangement à ce que propose le Dj de Compton. Vous savez, cette flûte emblématique, cette brise sonore à la fois virevoltante et entrainante. Il faut dire, qu’ils ne sont pas à leur coup d’essai, car dans l’excellente compilation « World Ride » (2012) Aelpéacha avait collaboré avec la scène Us : The Lady Of Rage, Damani, Ras Kass, Prodeje, Kurupt, Suga Free, Playa Hamm, AMG et KK évidemment. Le dernier morceau conclut cette virée à la perfection, on en oublie presque que les vacances sont terminées. Le titre « Pavilloner part 2.0 – Part III » fait de nouveau entrer en scène MSJ qui pose encore un couplet de classe. Pimp Cézair apporte également une bonne dose de fraîcheur à travers un verset honorable. Résultat, ces congés payés ne se sont pas payés notre tête, tout est réalisé avec brio et talent. C’est un peu court, mais on reste dans la tendance des formats actuels.

C’est assez ironique de voir des artistes miser sur le vocoder pour aucun résultat. Entendons-nous, depuis Jul qui a démocratisé l’outil et en a fait sa marque de fabrique. Beaucoup de rappeurs ont tenté l’aventure, très peu se démarquent et trop en abusent, le rap ce n’est pas du chant, il ne faut pas l’oublier. Au mieux le vocoder peut venir parfaire un refrain ou un pont, mais encore savoir s’en servir, car il est loin de couvrir les défauts. Et à côté de cela, deux pionniers continuent de faire ce qu’ils ont toujours su faire à armes égales, sans prise de tête, car le A et le D savent utiliser tous les outils qu’ils emploient. Il y a une réelle signature, tu sais qui est derrière le micro à la prod à chaque fois, tu peux les différencier. Ces artistes n’ont plus rien à prouver, complet à tous les niveaux, ils ont innovés et fait évoluer le rap français par des sonorités uniques et avec des styles reconnaissables parmi des millions. Comment faire l’impasse ? Pour les néophytes, c’est également une excellente entrée en matière dans leur univers respectif. La ride, c’est dans le sang, ça ne s’invente pas, c’est comme le rap.

Rédigé par Fathis