Bonsoir à toutes et à tous, nous sommes le vendredi 27 mars, nous frôlons tous une schizophrénie doublée de trouble obsessionnels compulsifs suite au confinement lié à la crise sanitaire… calmez vous, tout va bien, le Flashback Friday est là pour vous faire voyager à une époque où tout allait bien (enfin presque). Aujourd’hui direction l’année 1993 et quelle belle année ! L’Olympique de Marseille est champion de d’Europe de football, Nelson Mandela reçoit le prix Nobel de la paix, et pour ceux qui avait l’âge de sortir en boite, on se trémoussait sur du Haddaway et du 2 Unlimited, la grande époque de l’Eurodance !
Mais bon je ne vais pas vous parler de tout ça, alors mettez en pause votre partie de Sonic sur Méga Drive, direction la chaleur de la Californie et plus précisément le quartier de Compton là où les Bloods et les Crips réglaient leurs comptes façons « Drive By Shooting » et où les vielles décapotables « Lowriders » crachent du G-Funk jusqu’au bout de la nuit.
Ça sera donc un Flashback Friday en mémoire des 25 ans du décès de Eazy-E (a.k.a Eric Lynn Wright), qui nous a quitté prématurément à l’age de 31 ans le 26 mars 1995. Ce dernier succomba à un terrible fléau qui fit des ravages durant les années 80/90 : le SIDA, et malgré le tabou qu’il y avait autour de cette maladie Eazy-E annonça publiquement son état de santé moins d’un mois après avoir été diagnostiqué positif.
Considéré par beaucoup comme l’un des parrains du Gangsta Rap, Eazy-E est une légende du Rap West Coast mais aussi un dénicheur de talent il découvrit notamment les Bone-Thugs-N-Harmony, les Brownside (groupe de Rap composé de rappeur d’origine Mexicaine), mais aussi la rappeuse J.J. Fad .
Avant de se lancer dans le Rap, Eazy-E eu premièrement une carrière dans le commerce de la drogue certes assez prolifique (il aurait acquis jusqu’à 250 000 $ de revenus) mais dangereuse, un de ses cousins qui lui apprit le métier termina sa carrière criblé de balles… suite à cette tragédie il remit en question cette activité et la quitta progressivement pour se tourner vers la musique.
Il entra dans le monde du rap un peu par hasard, ami avec Dr. Dre qui était connu localement à Los Angeles grâce à son succès avec le groupe World Class Wreckin’ Cru, il lui proposa de financer sa musique et créa le label Ruthless Records. Le premier succès du label sera « Boyz N The Hood » sortie en 1987, suite à un concours de circonstance Eazy-E se retrouva à enregistrer le texte écrit initialement par Ice Cube sa carrière est lancée.
Dans la foulée il forma le groupe N.W.A. (Niggas With Attitude) composé donc de Eazy-E, Dr. Dre, Ice Cube, MC Ren, DJ Yella et Arabian Prince mais ce dernier quitta rapidement le « crew ».
Entre 1988 et 1991 Ruthless Records cartonne, les disques d’Or et de Platine pleuvent avec les albums solos de Eazy-E et de N.W.A. mais aussi avec les projets de The D.O.C., de la chanteuse Michel’le ou encore le groupe Above the Law… une véritable « success story ».
Toutes les belles histoire ont une fin, les divergences musicales et surtout financières (je vous passe les détails concernant Jerry Heller le co-fondateur du label et manager du groupe) firent leurs apparitions, Ice Cube quitte le groupe après la sortie du premier album, et le départ de Dr. Dre pour le sulfureux label Death Row tenu par l’obscure Marion « Suge » Knight sonnera la fin définitive de N.W.A.
La guerre intestine du groupe explose au grand jour en octobre 1991, Ice Cube « clash » violemment son ancien groupe et Jerry Heller sur « No Vaseline », puis c’est au tour de Dr. Dre de s’en prendre à Eazy-E en mai 1993 sur « Fuck Wit Dre Day (And Everybody’s Celebratin’) » aidé par un tout jeune rappeur un certain Snoop Doggy Dogg. La réponse ne se fera pas attendre de la part du rappeur de Compton, trois mois plus tard il balance la « diss track » : « Real Muthaphuckkin G’s » en featuring avec Dresta et B.G. Knocc Out.
Et on peut dire que Eazy-E n’y alla pas de main morte, il attaque directement là où sa fait mal : le portefeuille (But Dre Day only meant Eazy’s paid day / Mais Dre Day veut juste dire jour de paie pour Eazy), en effet Dr. Dre avait bien rejoins les rangs de Death Row Records mais il était toujours lié contractuellement chez Ruthless Records, donc une bonne partie des royalties du premier album de Dr. Dre sont revenus dans les poches de Eazy-E.
L’ancien trafiquant de drogue ne s’arrête pas là, il remit en cause la crédibilité de la futur star du Rap (All of a sudden Dr. Dre is G thang, but on his old album covers he was a she thang / Tout d’un coup Dr. Dre est un gangster, mais sur ses vielles pochettes d’albums c’était une gonzesse) si vous jetez un œil aux pochettes d’albums des World Class Wreckin’ Cru vous comprendrez… et pour finir il mit le doigt sur un sujet qui fit débat quelques années plus tard, la gestion tyrannique de Suge Knight au sein de Death Row Records (Death Row, I hear yer gettin treated like boot camp gotta follow yer seargents or get yer ass pumped by a Smith & Wesson / Et à Death Row j’ai entendu que vous êtes traités comme dans un camp militaire, tu dois suivre les ordres de ton sergent ou tu te fait plomber le cul par un Smith & Wesson).
Musicalement parlant on est dans une ambiance « G-Funk » par excellence, des synthés aigus et langoureux et quelques notes de basses ensorcelantes, malheureusement je n’ai trouvé aucune source d’information concernant un éventuel sample…
En tout cas « Real Muthaphuckkin’ G’s » est devenu un classique du Gangsta Rap et de Eazy-E et fait partie des légendaires « Diss Track » au même titre que « Hit’ em up » de Tupac ou « Ether » de Nas.
En ce qui concerne l’embrouille entre les deux rappeurs, rassurez vous Dr. Dre à fait la paix avec Eazy-E quelques jours avant que ce dernier ne succombe à la maladie…
Si il vous reste encore quelques bières au frais par cette période de confinement… buvez un coup pour le regretté Eric Wright a.k.a Eazy-E et versez une petite lichée au sol pour tout ceux partis trop tôt…
Bonne écoute et à vendredi prochain !
Rédigé par Romain DCZ