Bonsoir à toutes et à tous.
Comme chaque vendredi prenez place, nous allons faire un petit voyage dans le temps grâce au « Flashback Friday ».
Il y a trois ans presque jour pour jour, nous apprenions brutalement le décès d’une légende du rap : Prodigy. Il s’est éteint le 20 juin 2017, suite à des complications relatives à une maladie génétique dont il souffrait depuis l’enfance : la Drépanocytose.
Prodigy, de son vrai nom Albert Johnson, est née le 2 novembre 1974 à Heampstead (New-York). Il grandit dans le Queens, plus précisément à Lefrak City une cité H.L.M., d’où sont aussi originaires Noreaga et Kool G Rap, deux autres légendes du rap.
Avec un grand-père saxophoniste et un grand oncle joueur de trombone (tout les deux ont contribué à l’ère « bebop » du jazz), il est issu d’une famille de musicien. Ce n’est donc pas par hasard qu’il intègre la « High School of Art and Design » de Manhattan. Il y rencontre Kejuan Waliek Muchita, plus connu sous le nom de Havoc, avec qui il fondera le duo légendaire Mobb Deep.
Après des débuts difficiles et le flop de leur premier album « Juvenile Hell ». Le duo signe chez Loud Records un jeune label dont le Wu-Tang Clan est la figure de proue. Leur musique sombre et très street plaît immédiatement. Leur premier album « Infamous » (1995) est une réussite, tout comme « Hell on Earth » (1996) et « Murda Muzik » (1999) ; et d’ailleurs c’est lors de la conception de ce dernier, que Prodigy élabore son premier album solo « H.N.I.C. ».
Pour cela, il va bien sur faire appel à son compère Havoc à la production, mais aussi un jeune producteur originaire de Los Angeles : The Alchemist. De cette nouvelle collaboration va naître un classique : « Keep It Thoro ».
Prodigy est ce que l’on peut appeler une « gueule » dans le monde du rap. C’est un personnage très brut et authentique, la dureté de sa vie se lit clairement sur son visage. Cette rudesse, on la retrouve aussi dans son album et sur le titre « Keep It Thoro ».
The Alchemist va donc offrir au rappeur du Queens une prod, qui colle parfaitement à son style. Habitué aux samples improbables, le producteur ne nous déçoit pas. L’instru est majoritairement composé d’un sample de Jack Mayborn (« Disco People » de 1978), un musicien assez méconnu. On retrouve une boucle de notes de piano et de cuivre qui donne une intensité naturelle à la musique.
La voix rocailleuse et le flow très street de Prodigy apporte un certain contraste à la puissance des cuivres, et s’accorde très bien à l’efficace simplicité de l’instru.
Le rappeur du Queens ne fait pas dans la dentelle, ici c’est de l’égo-trip pur et dur ( I don’t fuck around dunny, it’s most real I gave birth to your whole style and feel ). Prodigy veut nous montrer qu’il est clairement le « H.N.I.C. » (Head N***a In Charge) et que le respect ne s’acquiert pas avec les chiffres de ventes d’albums (You rap n***as make me laugh, y’all crazy ass And I don’t give a fuck what you sold, that shit is trash).
Avec cet album et ce titre, Prodigy reste fidèle à ses convictions et sa musique. Trois minutes de rap made in Queensbridge : sombre, brut, soul… Et n’en déplaise aux radios, sans refrain. Le genre de son où on ne danse certes pas dessus, mais on bouge simplement la tête et en appréciant les rimes et métaphores.
C’était le « Flashback Friday » en hommage à un grand monsieur partit trop tôt : Prodigy.
A vendredi prochain.
Rédigé par Romain DCZ