Nous fêtons aujourd’hui le 30ème anniversaire d’un album légendaire, d’un groupe non moins légendaire : il s’agit de « Fear of a Black Planet » de Public Enemy, sortit le 10 avril 1990 sur le label Def Jam.
Public Enemy est un groupe de Rap créé en 1985 et composé principalement de Chuck D, Flavor Flav et DJ Terminator X. Avant la sortie de « Fear of a Black Planet », le groupe sort les albums « Yo ! Bum Rush the Show » en 1987 et « It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back » en 1988. Ils seront respectivement certifiés Or (+ 500 000 ventes) et Platine (+ 1 000 000 ventes).
Chuck D le leader du groupe est l’un des premiers rappeurs aux États-Unis à écrire des textes très engagés politiquement et socialement. Il n’hésite pas à critiquer le gouvernement (républicain à l’époque), à soulever les problèmes d’inégalité et à défendre la cause afro-américaine. Il définit lui même son groupe comme le « C.N.N. » du ghetto car il est le seul à exposer la situation désastreuse des populations des quartiers pauvres aux U.S.A..
Revenons un an avant la sortie de l’album « Fear of a Blak Planet » ; nous sommes en 1989, Bush père débute son mandat de président et l’épidémie de crack continue de faire des ravages dans le pays. Un jeune réalisateur afro-américain commence à se faire un nom dans le monde du cinéma : Spike Lee. Le 19 mai 1989 sort en avant première au festival de Cannes l’un de ses premiers film « phare » : « Do the Right Thing ». Une comédie dramatique engagée qui dépeint la vie du quartier populaire de Bedford-Stuyvesant (dit Bed-Stuy) à Brooklyn où a grandit par exemple Notorious B.I.G.. Il y analyse donc la difficulté de cohabiter entre différentes populations en se focalisant sur des personnages précis, mais je ne vais pas m’étendre sur le film c’est une autre histoire…
Spike Lee souhaite pour la B.O. de son film un titre qui puisse porter ce dernier, il demande donc au groupe Public Enemy s’il peut composer une chanson. C’est donc suite à cette requête que va naitre un des morceaux les plus importants de la culture Hip-Hop : « Fight the Power ».
En plus de thèmes et paroles contestataires, la musique de Public Enemy est reconnaissable par les productions très denses et fournies de Bomb Squad, elles donnent limite mal à la tête… Ici pour le titre « Fight the Power » le site www.whosampled.com a relevé pas moins de 21 samples ! Je ne vais pas tous les citer ça n’aurait aucun intérêt, je vais me focaliser sur les plus évidents. L’instru est donc essentiellement construite sur deux samples : la batterie de « Funky Drummer » de James Brown et la basse de « Hot Pants Road » de The J.B.’s.
Les textes engagés ne sont pas la marque de fabrique du groupe ; le formuler de la sorte reviendrait à minimiser leur engagement. Je dirais plutôt que c’est l’essence même du groupe et si on se penche sur les paroles de « Fight the Power » leur revendication totalement légitime nous saute aux yeux. Il suffit de lire le troisième couplet de Chuck D pour mesurer l’ampleur de leur colère et de leur combat , en voici un extrait :