HipHop sans frontières

[Flashback Friday] Wu-Tang Clan - Triumph

Article rédigé en en 2020

Bonsoir à toutes et à tous,
 
Comme chaque vendredi, bienvenu dans un nouvel épisode du « Flashback Friday ». Aujourd’hui, je vous emmène à New-York, plus précisément à « Shaolin » (Staten Island) : le fief du Wu-Tang Clan.
 
Nous sommes début juin 1997, l’été approche avec sa lourdeur et sa moiteur typiquement New-Yorkaise, et le Clan s’apprête à choquer (une deuxième fois) la planète rap.
 
Depuis 1993 et la sortie de leur premier opus « Enter The Wu-Tang : 36th Chambers », le « crew » de Staten Island enchaîne les succès critiques et commerciaux :
– En moins de 4 ans, les 5 albums solos des membres du groupes sont certifiés Platine ou Or.
– La marque de vêtement WuWear, crée en 1995 (une première dans le monde du rap), atteint des bénéfices à 7 chiffres sans presque aucun investissement marketing.
 
Fort de cette réussite, les 9 rappeurs de « Shaolin » sont attendus au tournant avec leur deuxième projet « Wu-Tang Forever », qui est un double album ; une chose assez rare pour l’époque. Le Wu-Tang Clan, dirigé par un RZA au sommet de son art, va parfaitement aborder ce tournant. Si bien qu’à sa sortie, l’album va entrer directement en 1ère place des « charts » et s’écouler à 612 000 exemplaires la première semaine. Un record pour l’époque. Si bien qu’en 1997, il n’y avait ni streaming, ni plateforme en ligne musicale.
 
Tout le long de leur carrière, le Wu-Tang Clan a toujours fait preuve d’innovation, voire d’anticonformisme, et la conception et la promotion de « Wu-Tang Forever » n’y échappent pas. Seulement 3 singles portent le double album ; dont « Triumph », un long morceau de presque 6 minutes sans refrain. Un format bien éloigné des standards imposés par les radios.
 
RZA le producteur de génie du groupe continue d’innover et de peaufiner le son « Wu-Tang ». Au programme, toujours des samples de soul et de films de kung-fu, mais cette fois, on peut surtout y voir l’apparition de synthétiseur et l’apport de violons. Les productions sont plus denses que sur leurs projets précédents mais tout aussi léchées.
 
Pour le titre « Triumph », RZA concocte un instrumental dont il en a le secret : une boucle simple mais efficace qui permet aux 9 rappeurs de pouvoir balancer leur « flow » ravageur. On retrouve un sample d’une musique soul (« Just Found Me » de The Race Allen Group), des caisses claires et des notes de violons qui donnent cette ambiance à la fois mystérieuse et sombre.
 
Avec « Triumph », on est complètement dans l’ambiance des débuts du groupe : aucun refrain ; la totalité des membres posent sur l’instru (en comptant Ol’ Dirty Bastard sur l’introduction), chacun avec leur propre style. Inspectah Deck délivre sûrement le meilleur couplet de l’histoire du rap avec sa technicité hors pair (« I bomb atomatically, Socrates’ philosophies and hypotheses Can’t define how I be dropping these mockeries ») ; le « flow » de Method Man et sa « coolitude » glissent sur la musique ; U-God nous hypnotise avec sa voix grave et son « flow » très « carré » ; GZA et Masta Killa nous abreuve de leurs sciences et de leurs sagesses…
 
On est dans l’effervescence des années 90 (la dernière grande décennie). Le clip est donc assez hors-norme. Réalisé par Brett Ratner (Rush Hour 1,2 et 3…) ; ce dernier, avant de se lancer dans la réalisation de film, a d’abord débuté avec le rap en réalisant des clips pour Redman, LL Cool J… 800 000 $ est donc le prix de ce clip bourré d’effets spéciaux. Un luxe pour l’époque. On peut donc y voir Inspectach Deck jouer les Spider Man, Method Man se prendre pour Ghostrider, RZA délivrer les prisons, accompagné des « Killa-Beez », ou encore les inséparables Raekwon et Ghostface Killah attendre la fin du monde dans un « club » bondé où prêtres (Quincy Jones pour l’occasion) et rappeurs se croisent…
 
Vous l’avez compris, « Triumph » est donc l’un des nombreux chefs-d’œuvre que le Wu-Tang Clan a pu nous offrir depuis leur existence. Une musique de presque 6 minutes sans refrain, où chaque rappeur excelle au micro et avec un clip des plus renversant. Au-delà de ça, avec ce double album, le Wu-Tang Clan fait encore office de précurseur. C’est l’un des premiers double album du rap US (avec « All Eyez On Me » de Tupac) qui s’écoulera à plus de 4 millions d’unités aux USA, avec surtout RZA qui va en quelque sorte ouvrir la porte aux violons dans les instrumentales rap…
 
C’était le « Flashback Friday » spécial Wu-Tang !! Force à vous ! Et à la semaine prochaine !

Rédigé par Romain DCZ

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