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It's A Long Beach Thang : The Dove Shack

Cet article fut rédigé avant le décès du rappeur C-Knight survenu le 07 novembre 2023. Cela serait dû à une crise cardiaque. Paix à son âme, l'article le gardera en mémoire.

« There’ll come a day » ... où The Dove Shack sera dans toutes les mémoires des amoureux de la bonne musique. Principalement celle qu’on diffuse lors d’un barbecue, le coude à l’air en train de rider ou pour se remémorer les meilleures années G-Funk. Accessoirement, c’est un de leurs meilleurs titres de leur premier album, adulé par une grande partie des auditeurs de rap, j’ai nommé « This Is The Shack » sorti en 1995. Je ne l’avais pas spécialement capté à la première écoute, il n’est pas dans la vibe de l’album. Il est bien plus terre-à-terre, teinté de réalité, optimisme pour l’avenir et forcément beaucoup moins festif. Il vient également démontrer que le groupe peut aisément sortir de sa zone de confort et proposer quelque chose aux fans les plus réfractaires du style.

Derrière le nom de ce groupe, on trouve Bo-Roc au chant (bien qu’il puisse également rapper), 2Scoops et C-Knight pour le rap. Ils ont fait leur entrée dans le rap par la grande porte, car on les a écouté pour la première fois sur le mythique Regulate… The G-Funk Era de Warren G en 1994. C’est un morceau dans lequel le lover du game ne rappe d’ailleurs pas, il ne fait que l’introduction du morceau. Il s’occupera néanmoins de la production, ce morceau se retrouvera également sur le premier album du groupe. L’idée est simple, ils fument et si tu les cherches, ils peuvent facilement te shooter. Le morceau fait de suite sensation et ils tentent leur chance sur un long format un an plus tard.

En 1995, l’album « This Is The Shack » est dans les bacs. Le G Child ne produit aucun morceau hormis celui que j’ai mentionné. L’album démarre super bien avec « Smoke Out » et l’apparition du chanteur Montell Jordan. Tout le monde assure une bonne performance sur une musique qui ne parle que de weed et qui envoie des invitations à tous ceux qui veulent s’enfumer. L’album demeure assez inégal avec le recul, entre tous les interludes concentrés sur le début et milieu de l’album et les meilleurs morceaux / hits également placés ici !

Ce qu’il a de bien comparé aux autres albums de cette époque et de ce style, c’est qu’il est différent. On y retrouve des influences funk et soul, des refrains chantés par des hommes ou des femmes, mais c’est moins festif. Il y a un côté plus froid, plus gangsta (Ghetto Life, East Side Party, Rollin’ Wit A Gang) qui marie bien les rues de Long Beach et le soleil de la ville. C’est différent de ce que peut proposer Snoop Dogg, Domino ou Tha Eastsidaz par exemple. Concluons sur le morceau le plus célèbre et celui qui leur a permis de s’inscrire dans les mémoires « Summertime In The LBC ». On est vraiment dans le son de l’été, en mode barbecue, claquette, sans prise de tête et tout pour le kif. C’est exactement ce que cette musique envoie comme message, le clip est d’ailleurs dans l’esprit et fait apparaître pas mal d’artistes. Il convient de noter que cette musique a eu droit à des reprises, par des rappeurs notamment.

Cet album reste un indispensable pour tous les fans de G-Funk et de rap en général. Il a plutôt bien vieilli et s’écoute encore facilement. Des musiques comme : Fuck Ya Mouth, We Funk (The G-Funk) et les autres que j’ai cités. Il demande néanmoins une attention particulière et il faut s’enlever l’idée qu’on va bouncer du début à la fin, c’est bien plus smooth et moins festif. En résumé, si on enlève les interludes et un ou deux morceaux qui n’ont pas le niveau, on a un album très solide et un pur classique West Coast. Il a bénéficié de cette vague de la moitié des années ’90 et l’ascension du rap de la cote ouest. Mais c’est aussi pour cela qu’il a été parfois oublié ou noyé entres les autres sorties. Résultat, beaucoup d’auditeurs ont découvert l’album bien longtemps après sa sortie, une fois qu’il aura eu de la reconnaissance dans le milieu ou alors, une fois que le mouvement « G-Funk » sera définitivement retombé.

La suite est moins glorieuse en revanche pour ce crew. Déjà, ce n’est plus Def Jam qui distribue le second album nommé « Reality Has Got Me Tied Up ». Il s’écoulera 5 ans entre les deux albums, 5 années ou presque rien s’est passé en vrai. Des featurings, des compilations et autres (surtout pour Bo-Roc en feat) mais rien de marquant. Alors forcément revenir avec un album sorti de nulle part, bien que porté par des feats de Bad Azz, Kam, Goldie Loc, Nate Dogg… Ce n’est pas du même niveau que le précédent. Des morceaux comme « What You See » et son remix, « Fucc You Bitches », le remix de « We Funk (The G-Funk) » font clairement le taf. La perle de l’album est bien évidemment « Sorry We Kept Ya » avec un Nate Dogg au top de sa forme. C’est, je pense, un album réservé aux fans, aux puristes du genre et ceux qui veulent réécouter l’un de ses artistes. Souvent, les artistes qui commencent fort, se loupent au second album ou alors font moins bien. 

Après cela, c’est la fin totale du groupe, hormis le single « Gangsta Love » sorti en 2016, on n’entendra plus parler du groupe en tant que tel. Concernant les autres membres, ils ont sorti des projets solo notamment C-Knight, sans être extra, ce n’est pas mauvais. 2Scoops lui a sorti l’album « It’s About Time », la tracklist donne envie : Warren G, Nate Dogg, Bo Roc, Lil Half Dead, RBXmais jamais put l’écouter. Enfin, celui que je préfère et qui est toujours en activité aux quatre coins du monde, c’est Bo-Roc. Son album « My Music, My Soul« , sorti en 2010 est excellent. J’ai déjà parlé de cet artiste ici. Les autres projets (2 EP’s), je n’ai jamais put écouter.

Vous l’aurez donc compris, ce n’est pas le groupe à écouter d’urgence mais ils font partie de l’histoire de Long Beach côté hip-hop. Ils ont une patte qui leur est propre et qu’on ne confond pas avec d’autres artistes autour desquels ils gravitent (Dogg Pound, Foesum, The Twinz…). C-Knight possède une voix assez lourde et on le reconnaît vite, 2Scoops est bien plus fin, un flow qui apporte beaucoup sur les musiques. Bo-Roc lui s’est taillé un nom et un certain prestige, il est spécialisé dans les refrains et sa voix grave, lui assure une place de choix. Il n’a pas la même fibre musicale que Johnny P ou L.V mais il a une identité et aujourd’hui dans la musique, c’est rare. The Dove Shack continuera de faire kifer les fans de la première heure, ceux qui les découvrent aujourd’hui et les plus curieux qui seront ravis de les retrouver en tant qu’invité.