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Les arts martiaux dans le hip hop : Les Origines / Bruce Lee

Les origines

Au premier abord, on se dit « mais quel est le rapport entre les arts martiaux ou encore l’Asie dans le hip hop ? ». Un mouvement créé à la fin des années 1970 par des Afro-américains (et des latinos) dans le Bronx à New York. À mille lieux de l’Asie et de sa culture, surtout à une époque ou nous n’avions pas accès à internet et toutes les possibilités que cela ouvre. Juste un chroniqueur qui veut marier ses deux passions préférées ? Non, il existe un lien dans tout ça, c’est parti pour cette série de dossiers.

L’histoire commence dans les années 70 et 80 lorsque les films d’arts martiaux gagnent en popularité, en particulier dans les arrondissements de New York, où la culture hip-hop a commencé. Je pense particulièrement à ceux de la Shaw Brothers (La trilogie de « La 36ème Chambre de Shaolin », les films sur les « Deadly Venoms », la trilogie du « Sabreur Manchot », les films sur Shaolin et ces stars : Chang Cheh, Jimmy Wang Yu, Ti Lung, David Chiang, Chu Yuan, Gordon Liu, Liu Chia-Liang…). Je pense aussi aux autres grands studios comme Golden Harvest qui ont lancé Bruce Lee, Jackie Chan, Sammo Hung, Yuen Biao… Et enfin les grands films de chambara (films de sabres japonais) dont les cultissimes : Baby Cart, Zaitoichi, Shogun Assassin, Kagemusha, Ran… Et tous ceux qui ont précédé. Ces films sont devenus un moteur pour beaucoup de minorités, qui ont vu les films avec des acteurs comme Bruce Lee (en particulier) comme un moyen de se soulever contre l’oppression et le racisme. (J’y reviendrais, car la philosophie de ce maître est telle qu’elle est parfois dur à saisir.).

Si ces films sont arrivés facilement aux States, c’est par ce que durant la crise économique qui a touché le pays dans les années 1970, et donc le cinéma, l’industrie hongkongaise fut extrêmement productive. Et ceci en partie avec une stratégie commerciale efficace. Il tournaient des films à la chaîne avec un nombre d’acteurs conséquents, mais certains d’entre eux étaient vu comme des stars à cette époque. Ils faisaient tout eux-mêmes, les coûts de production et les salaires étaient moins importants qu’aux USA, les décors étaient souvent réutilisés, la Shaw Brothers, elle, avait ses propres terrains, studios, les acteurs/producteurs tournaient souvent ensemble et se connaissaient bien… Tout était fait pour tourner un maximum de qualité et le distribuer le plus largement possible. Made in china Hong Kong en somme. Ainsi avec des films pas chers, d’un genre nouveau/inédit, la mondialisation et tout ce qu’il en suit, il était rentable de les diffuser aux Américains. Tout comme après la Seconde Guerre mondiale et le plan Marshall qui visait à reconstruire l’Europe avec une grande aide financière, ils ont infesté l’espace publicitaire et culturel. Le constat est simple : sortez de chez vous et regardez le nombre d’enseignes américaines autour de vous, les marques de vos vêtements, les musiques à la radio, tout ce qui vous entoure… Et bien sûr le cinéma qui respecte un certain quota obligeant les cinémas français à diffuser un certain nombre de films américains au détriment des autres pays. Ici, c’est différent, mais c’est pour illustrer comment culturellement, on peut être influencé par des choix financiers et politiques.

 Il y a un autre point qui peut être développé, et qui est largement répandu, ainsi si on regarde toutes les ethnies, populations, civilisations… Il y a des différences nettes sur le plan physique. Ainsi, certains disent que les Asiatiques paraissent plus efféminées tandis que les noirs plus masculins. Ainsi, en s’identifiant aux Asiatiques, on retrouve le Yin (la femme) donc et le Yang (l’homme) en s’identifiant à la population noire. Toujours est-il que ces cultures se sont tout le temps croisées et influencées, encore aujourd’hui. On voit comment le Bouddhisme gagne du terrain en Afrique notamment au Rwanda et en Afrique du Sud. On parle aussi de l’influence des civilisations et croyances africaines sur les religions asiatiques, les premiers hommes noirs en Asie… Enfin pour finir, un mouvement aux E.U nommé « Nation Of Islam » (Les 5%) pense que le premier homme sur terre était noir et venait d’Asie. Je m’arrête ici pour les sources liées à la civilisation, car je n’ai ni les connaissances, ni les sources, ni le temps et la prétention de me lancer là-dedans. On est ici pour que ca kick du micro, non ?

"Pour comprendre ces deux éléments, revenons au VIe siècle av. J.-C., époque probable de composition de L'Art de la guerre de Sun Tzu. À cette époque, la Chine est découpée en une multitude d'États se faisant la guerre, un peu à l'image de la Grèce antique. Mais contrairement à la Grèce, la Chine comprend de vastes plaines peuplées, ce qui favorise des batailles de grande ampleur (plusieurs centaines de milliers d'hommes). L'essentiel de la tactique consiste donc dans la manipulation de grandes masses paysannes peu entraînées et surtout peu motivées, la mort au champ de bataille n'apportant aucune gloire.Or, la prospérité de chaque pays reposait sur la production agricole par ces mêmes masses paysannes.

Toute opération militaire impliquait donc une saignée durable dans la population et les revenus du pays. L'important devient alors de limiter au maximum les pertes humaines, l'idéal étant d'amener l'adversaire à concéder sa défaite sans avoir à livrer combat, en prenant avant même l'affrontement un avantage stratégique insurmontable. Cette idée est centrale dans l'ouvrage de Sun Tzu, et conditionne l'ensemble de sa conception de la stratégie.L'Art de la guerre acquit rapidement le statut de classique, que tout lettré se devait de connaître en profondeur. De ce fait, on peut lire l'influence durable de cette conception de la victoire sans combat dans l'ensemble de la réflexion chinoise plus japonaise sur la guerre (beaucoup plus que dans une réalité au contraire très sanglante).Ces idées n'étaient sans doute pas étrangères aux moines de Shaolin, expliquant leur introduction dans le contexte bouddhiste des pratiques importées d'Inde.

De même, la fréquence de l'instabilité politique en Chine suggère que le choix de pratiques physiques martiales fut avant tout pragmatique. Les monastères bouddhistes bénéficiaient de nombreuses donations, souvent sous la forme d'instruments rituels précieux. Cette richesse faisait d'eux des proies de choix pour les pillards qui abondaient au cours des périodes d'instabilité. L'entraînement martial avait ainsi l'avantage de combiner l'exercice physique nécessaire à la pratique de la méditation et les nécessités de l'autodéfense. "

Alors si on résume un peu, on a un pays en partie raciste qui s’ouvre petit à petit, mais qui refuse toujours d’offrir des grands rôles aux artistes non-blancs (exemple Bruce Lee qui devait interpréter le héros de la mythique série américaine « Kung Fu »). Nous avons de l’autre côté des non-blancs positionnés comme des héros, qui font face à l’oppression, se relève et gagne ! Ceci est donc une source d’inspiration pour les jeunes, de plus visuellement, c’est costaud, c’est classe, c’est à la fois brutal et philosophique, sensé et hardcore. Donc c’est parfait pour le hip-hop.

Les trois vérités et les quatre mérites

Enfin le Kung Fu obéit à certains codes dont : Les trois vérités et les quatre mérites.

– La première des trois vérités est de se VAINCRE soi-même.
La plus grande lutte à laquelle une personne peut faire face à ses propres faiblesses et défauts. 
De remporter cette bataille permet d’accéder à la personnalité vraie de l’être humain. Celui qui se connaît est grand, et que celui qui se vainc est un héros.

– La deuxième des trois vérités est d’AIMER les autres.
L’amour vrai est une vibration émanant de soi qui unit tous les êtres vivants. Le développement de ce sentiment chez le pratiquant lui permet de trouver l’harmonie avec lui-même et avec son environnement.

– La dernière des trois vérités est d’aider ceux qui en ont besoin.
Le concept d’aider fait référence ici à l’accomplissement de son devoir noble envers l’humanité. Éventuellement, le pratiquant sert à son tour de guide et devient un émissaire propageant la Voie.


– Les quatre mérites
Le cheminement des arts martiaux est divisé en quatre niveaux, que le maître enseigne au disciple en fonction des qualités qu’il cultive pour les mériter.

– Le premier mérite est L’ENSEIGNEMENT VRAI.
Cet enseignement est le plus accessible des quatre, et il est constitué de toutes les techniques de bases, principes et théories fondamentales. Néanmoins, pour y accéder le pratiquant doit faire preuve de courage pour affronter ses faiblesses, et de loyauté pour inspirer la confiance.

– Le second mérite est l’enseignement du cœur. 
Cet enseignement spontané et circonstanciel est donné directement par le maître. Puisqu’il s’agit d’un enseignement personnalisé, le pratiquant doit démontrer son amour et sa dévotion pour la pratique, pour la Voie, ainsi qu’envers le maître pour y accéder.

– L’enseignement ésotérique
Cet enseignement touche aux domaines énergétiques et spirituels, et par définition n’est pas accessible ni compréhensible par tous. Cette pratique permet de développer des capacités qui dépassent les lois physiques. Le pratiquant doit donc démontrer une intelligence supérieure afin de comprendre ces concepts, ainsi qu’une fidélité envers l’école et le maître pour inspirer la confiance et mériter cet enseignement.

– Le dernier mérite est l’enseignement secret
Cet enseignement est réservé seulement aux dirigeants de la prochaine génération d’une école d’arts martiaux, et est constitué des techniques et enseignements les plus précieux. Pour y accéder, le disciple doit être choisi par le maître et élu par ses condisciples à la base de son talent et de sa vertu en démontrant les qualités de noblesse de cœur et de grandeur d’âme.

Bruce Lee, le maitre et sa philosophie, quel message ?

Bruce Lee (27 novembre 1940 San Francisco, États-Unis - Décédé 20 juillet 1973 à 32 ans - Hong Kong)
Artiste martial - Philosophe - Visionnaire - Star de cinéma - Fondateur du Jeet Kune Do - Maitre

 

Les gens connaissent Bruce Lee en tant que star du cinéma, artiste martial, source d’inspiration et aussi comme philosophe. qu’il exprimait à juste titre était beaucoup plus profond. En analysant le personnage et ses films, on s’en rend compte. « Les Blancs sont à tel point saoulés de leur complexe de supériorité vis-à-vis des autres races qu’ils sont prêts à vous casser si vous connaissez la gloire chez eux, juste pour éviter que votre succès ne mette en doute leur supériorité. »

Il dit toujours en 1969 avant de quitter définitivement les USA : » À Hollywood, dans les films, il y a un standard de beauté et de succès, c’est le Blanc et rien d’autre. Jamais un Chinois n’aura le premier rôle dans leur cinéma, jamais un Chinois n’aura le rôle de séducteur.

« Plus de 40 ans après, les choses sont restées figées comme il les dénonçait et aujourd’hui en 2020 il n’y a jamais eu de Chinois jouant le premier rôle dans un film de Hollywood, encore moins, jouer le rôle de séducteur. Il a dit ça en 1969. Un Chinois dans un film américain doit forcément être un épicier ou un magouilleur. Bruce Lee, ce visionnaire autodidacte et sans diplôme, qui avait sa maison pleine de livres des philosophes de tous les temps, arrive à cette constatation, parce qu’il a passé de nombreuses années à lire beaucoup, à beaucoup réfléchir pour comprendre le système et chercher l’originalité qui lui aurait permis d’avoir sa place au soleil. Mais ce ne sera pas suffisant.

Il passe des nombreuses heures à visionner les vidéos des combats de boxe et il invente un nouveau genre de combat qui est un mix entre le karaté chinois et la boxe américaine. Ce nouveau style rencontre très vite le succès à l’écran à Hollywood.Il crée alors une école où il forme les meilleurs acteurs du cinéma américains, tous blancs, qui sont très vite recrutés dans des premiers rôles de combat au cinéma, mais jamais lui qui était pourtant leur maître.

Après cette phrase d’amertume, il rentre dans son pays. Hong-Kong est alors une colonie britannique. Les Britanniques se vantent d’être les champions de la démocratie et les droits de l’homme et ne les applique pas à Hong-Kong. Ça le dépasse. Jamais, du temps des Britanniques, personne ne saura ce que c’est que d’aller voter à Hong-Kong.

Bruce Lee ne comprend pas comment son pays la Grande Chine a pu à ce point être faible et céder en location une partie de son territoire (Hong-Kong) aux Britanniques et Macao aux Portugais, c’est-à-dire avec un minuscule pays européen d’à peine 91.900 km2. Et sa population plus petite que celle de Shanghai. Il va traduire toute cette frustration dans ses films à travers un constant patriotisme chinois. Et c’est le succès dans son pays. Il enchaîne les tournages, non sans se venger des Blancs, en utilisant leurs propres méthodes, parce qu’il a compris que le cinéma américain est tout d’abord l’expression de la propagande du patriotisme américain.

C’est ainsi que dans le film : « La Fureur du dragon », c’est-à-dire la fureur de sa chère Chine, contre l’Occident, il montre un Chinois à Rome, en Italie (lui-même) qui défie la mafia et tous ses stratèges. Ces derniers, ne sachant quoi faire, font appel à un Américain, un blond, très imposant (symbole de ce standard de beauté décrié par Bruce Lee avant) pour battre Bruce Lee dans le Colisée. Même le choix du Colisée de Rome n’est pas un hasard. C’est en effet, le symbole de la technicité et de la gloire passée occidentale : l’Empire Romain. Et c’est là où le petit Chinois, tout maigre, juste en utilisant la ruse et l’intelligence, va battre Chuck Norris, le Blanc, et sa supériorité raciale. Bruce Lee touche là une corde très sensible. Mais il en a cure.

Avant l’heure, à travers ce film, il a dit que la gloire de l’Occident était dans le passé et que cet Occident serait très vite balayé par cette « Chine qu’ils méprisent tant, lui qui ne cessait de répéter qu’il faut aller au-delà du Kung-Fu pour comprendre le message politique de ses films. L’autre film poignant est « La Fureur de vaincre » où il s’attaque à l’impérialisme japonais. Il est important de rappeler que contrairement à ses voisins japonais, la Chine n’a jamais (ou presque) colonisé par les armes un pays étranger. Citons Zheng He (1371 – 1433), eunuque chinois musulman et un explorateur maritime célèbre, que ses voyages amenèrent jusqu’au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est.

Il a offert des présents aux différents peuples, mais n’a jamais sorti les armes alors qu’à cette époque, la Chine était très puissante. Le Japon en revanche a mené beaucoup de guerres en Chine dont le massacre de Nankin qui a eu lieu à partir de décembre 1937. Pendant les six semaines que dure le massacre de Nankin, des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l’Armée impériale japonaise. Bruce Lee gardait peut-être cela en tête, car dans ce fameux film où après de longues vacances, Chen Zhen (Bruce Lee) rentre dans son école de Kung-Fu, et y découvre que son maître, Huo, est mort.

Peu de temps après, les représentants d’une école japonaise rivale viennent humilier l’école de Bruce Lee en leur donnant un écriteau sur lequel est inscrite une insulte raciale envers les Chinois. Bruce Lee va se venger en humiliant tous les Japonais et détruisant un panneau où est inscrit « les chiens et les Chinois sont interdits ici ». Donc tout est encore une fois calculé ici. Fist Of Legend, sorti plus tard avec Jet Li combattant les Japonais, en est une suite spirituelle. En 2020, on peut dire sans se tromper qu’il était un visionnaire. Dans le subconscient des populations des pays dits opprimés du monde de l’époque, Bruce Lee devient un symbole. Même si la traduction anglaise de ses films change l’esprit du patriotisme chinois qu’il ne cesse d’afficher dans tous ses films, pour le relativiser.

Il va mourir mystérieusement, l’administration coloniale britannique n’a, à ce jour, toujours pas fourni les preuves convaincantes des raisons de sa mort. Son fils sera lui aussi tué quelque temps après dans des circonstances aussi bizarres que son père. Faire taire Bruce Lee ou son fils, au lieu de l’écouter pour anticiper les événements, c’était commenter l’évidence des choses qu’il dénonçait et surtout, oublier comme il disait que la « Chine n’est qu’un géant endormi, mais elle reste un géant ». Multiplier la haine anti-chinoise en Afrique ou en Occident ne changera pas la donne d’une communauté qui sait se retrousser les manches pour retourner les humiliations de l’histoire. Sûrement l’Asiatique le plus influent de l’histoire.

Paix à cet homme extra-ordinaire, parti si jeune. Ainsi s’achève ce premier article sur ce sujet passionnant.

Rédigé par Fathis