HipHop sans frontières

Mic Capone - NYQC [Québec / Canada]

01. Style au stylo
02. Grab le mic ft. 2Faces
03. Encensé ft. El Padrino
04. Le temps file ft. Cobna
05. NYQC
06. Magie ft. Boogát
07. Rien à perdre ft. El Padrino
08. Musique prescrite

Localisation : Québec City / Canada

Année : 2023

Bien souvent, dès que l’on évoque le rap français ou rappé en français, on pense à la France. On inclut souvent la Belgique, la Suisse francophone, et un peu plus en recul, les DOM-TOM voir quelques pays africains (Sénégal, Madagascar,  Côte D’Ivoire…). Il y a pourtant une scène importante et qui monte en puissance qui se trouve au Canada, au Québec plus précisément. Il constitue le second plus grand état du pays ; territoire grand comme 3 fois la France environ ; 95% de la population parle français ; environ 9 millions d’habitants ; Montréal avec ses 2 millions d’habitants est la deuxième ville la plus peuplée du Canada… Ce qui veut signifie par conséquent qu’on a faire à un immense territoire francophone. Le hic, c’est justement cette distance avec les autres pays évoqués, cela ne facilite pas les connexions et l’ouverture envers la scène française.

Ajoutons à cela le fait que les États-Unis sont voisins, et le rap anglophone domine logiquement. La scène canadienne dans son ensemble, n’est également pas en reste. Difficile donc pour ce vaste territoire de se faire une place parmi tous ses voisins. Enfin, ajoutons que bien que la langue soit la même que la nôtre, il y a des différences notables sur l’utilisation de certains mots et d’expressions. Et si bien des artistes ont traversé l’Atlantique vers l’Europe via les Rap Contenders par exemple, tous n’arrivent pas à convaincre. En effet, l’accent québécois peut rebuter certaines oreilles. À l’instar de l’accent australien ou anglais pour certains Américains ou européens. D’autres en revanche, lui trouvent un charme et estiment que c’est un plus, une façon naturelle de se démarquer. En somme, un style qui colle à la peau à condition de le travailler.

Tout cela nous amène à dire que le rap canadien dans son ensemble est également se porte plutôt bien avec : The 6th Letter, Chong Wizard, D-Sisive, K’naan, Josh Martinez, Madchild, Saukrates, Snak The Ripper, Classified, SonReal, DL Incognito, JD Era, Eternia, Muneshine, Belly, Swollen Members, Lord Juco, Raz Fresco, Jordan Commandeur, Ro Data, Belly, Incise

Mic Capone honore tout le Québec

En parallèle, la scène québécoise connaît également un essor important. L’homme le plus en vue du moment, bien au-delà de ses frontières, est Nicholas Craven. Ce beatmaker n’en fini plus d’aligner les succès et les collaborations (dont certaines avec l’illustre Akhenaton du groupe IAM). Son style se caractérise en général par des voix pitchées et des samples qui paraissent presque brut, et surtout par l’absence de drums. Il signe d’ailleurs deux prods rien que sur cet EP. Ce qui est également une force du projet, une cohésion, une envie de créer ensemble qui crée cette émulation propre à l’Amérique du Nord (seulement ?). Il faut bien le reconnaître, que ce soit par l’amour du travail ou pour l’argent, les collaborations entre artistes outre-atlantique semblent plus simples et bien plus régulières. Comprendre par là, que beaucoup de rappeurs peu connus peuvent poser avec des têtes d’affiche ou se retrouver avec les meilleurs beatmakers.

Ainsi, Mic Capone, a su réunir une légende québécoise : 2Faces ainsi que Christophe Martin & Sébastien Riscalla pour la production. Ce n’est pas rien quand on sait que c’est seulement son second projet. Et sur le précédent « Instrus sur instru » (2022), il avait déjà tapé fort. Il faut se le dire, il a des arguments à faire valoir au micro, jeune mais talentueux. Le flow est calibré, il maîtrise toutes les prods sur lesquelles il pose. Lyricalement, c’est très bon, il ne joue pas le donneur de leçon, parle de son vécu et ses expériences qu’on se met à vivre pleinement. C’est fluide, il y a du contenu et c’est original. Suffisant pour le relancer et suivre de près cet artiste qui monte en puissance. Notons qu’il a également fait partie du groupe Verbalistic avant de se lancer dans une carrière solo.