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Polyester The Saint - Too Raw For Your Playlist

1 – Call Me B4 You Come Feat. Sydney Arcane
2 – Cruisin’
3 – Match My Hustle
4 – Champagne PSA
5 – Westside Party Feat. Boogie Fresh & Dom Kennedy
6 – RIP Gate Keepers Feat. Glasses Malone
7 – Midnight In LA Feat. Sydney Arcane
8 – Year After Year Feat. Airplane James
9 – When It’s Ova Feat. YaH-Ra
10 – What’s Up Feat. Glasses Malone
11 – Night Night Feat. Yonas Michael
12 – Shows Over
13 – Four Leaf Clover Feat. Big Flex

Localisation : Los Angeles, Californie, États-Unis

Année : 2021

J’aurai presque pu prendre n’importe quel album pour parler de ce génie, celui-ci est celui qui me convient le mieux. Il fait partie de ces artistes qui ont voulu perpétuer l’héritage des pionniers tel que Dj Quik, Warren G et consorts. Il appartient à la « New West » comme j’aime bien dire, on est moins sur des sonorités G-Funk, mais toujours smooth. Pas Gangsta mais les lyrics ne sont pas innocents pour autant. On retrouve beaucoup d’artistes dans ce style ou qui se sont construit autour de cela, Polyester fait partie des meilleurs. Tout droit sorti de Compton, Los Angeles, ce Pimp aux allures tantôt futuristes tantôt old school n’est pas seulement rappeur, il produit également. Des rappeurs comme Curren$y, Dom Kennedy, Dj Quik, Nipsey Hussle, LE$, Demrick, Casey Veggiesont pleinement profité de son talent de beatmaker.

À l’image d’un Terrance Howard (cf. Empire), The Saint aime tout ce qui est raffiné, ce qui brille et qui se remarque. Grand architecte, il fait partie de plusieurs groupes dont : HellagooD (qui est aussi le nom de son label), L.A.U.S.D., OPMEt enfin, il a également publié un album sous le pseudonyme « P-Legit« . Voilà pour la présentation du personnage haut en couleur, parlons à présent de son dixième projet : Too Raw For Your Playlist.

C’est assez ironique d’ailleurs, car le terme « Raw » désigne quelque chose de sec, cru, pur, rugueux, hardcore, vulgaireOr, c’est tout le contraire de sa playlist ! Cet album est sorti le 21 novembre 2021 sur II Tight Music (label japonais qui le distribue aujourd’hui) a eu droit à seulement 400 copies. Quand je vous dis qu’il aime se faire désirer. Il est à noter qu’il verse bien plus dans le rap que le chant contrairement à ses débuts. L’album démarre très fort avec « Call B4 You Come« , on ne peut mieux faire comme introduction et a ce que contient l’album. Les accords sont raffinés, doux, presque sensuels par moments avec ce fond sonore très évasif. On y retrouve tout ce côté chill, laidback et ride à la fois. Tu peux te relaxer en buvant du champagne dans ton jacuzzi ; longer le bord de mer en essayant de rattraper le soleil ; siroter ton verre au fond du bar en réfléchissant à un plan d’attaqueEt ce n’est pas le très bon refrain assuré par Sydney Arcane qui va nous contredire.

On déroule avec « Crusin‘ », thème classique du rap West Coast, revu et largement revisité. Le titre nous met de suite en orbite, un tempo assez souple qui se laisse apprécier, un refrain facile à suivre qui se contente presque de répéter le titre. Autant à la production que derrière le micro, il fait le travail, il y a comme un air de 2Pac je trouve.

La troisième grosse claque nous parvient avec « Westside Party » qui diffère totalement de ce qu’on a écouté, Boogie Fresh avec une voix légèrement auto-tunée se charge du refrain. Son homie Dom Kennedy propose également un couplet, dans une ambiance plus chill que festive, la basse et les gros synthés font la loi. « RIP Gate Keepers » peut vous faire douter sur le contenu, mais il a bien sa place ici. L’ambiance diffère de nouveau puisque ci nous avons un instrument à vent type saxophone qui domine le reste. Big K.R.I.T aurait été parfait sur celle-ci, le flow du rappeur assez fluide contraste parfaitement avec le rythme alangui. Glasses Malone en featuring se contente de parler, non de rapper.

Sydney Arcane que j’ai mentionné plus haut revient prêté main-forte sur « Midnite In L.A« , c’est bien le même Sydney qui a collaboré avec Patrick Bruel. On est parfaitement dans le coup, malgré les milliers de kilomètres qui nous séparent de Los Angeles, on a l’impression de faire la route avec le Saint. L’allure détendue et explicite s’étend bien au-delà des sonorités que nous pouvons percevoir. Le morceau parfait pour finir la soirée ou pour la préparer, justement. Un réel bijou pour ma part. Je ne vais pas dérouler tout l’album, je conclue sur le très significatif « Shows Over » qui a des airs de « It Was A Good Day » d’Ice Cube. Pas d’artifices, pas besoin de trop en faire, le flow est de qualité, les basses arrondies font vibrer le caisson et on n’en perd pas une ligne.

À l’image de beaucoup d’autres rappeurs, il ne se repose pas sur ses lauriers, il sort album sur album. Son flow entrainant, sa voix énergique donne un réel coup de boost au style qu’il pratique. Car rappelons-le, beaucoup de players tentent de se faire une place, se reposant essentiellement sur les beats ou leur swag. Polyester The Saint est en compétition pour être un MVP du genre. Il tourne régulièrement dans mes playlists et je pense que cela continuera encore et encore. C’est très accessible car c’est moins pointu que le pur style G-Funk et c’est en lien avec les musiques actuelles. Ce ne fut pas une surprise pour moins car il ne m’a jamais déçu. Vu les ambitions qu’il affiche, on est sure de le retrouver très prochainement dans nos playlists… même si il est « Too Raw » pour certains.

Rédigé par Fathis