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[Dossier] L’autre visage du rap algérien

Après des années noyées sous les vagues de singles, le rap algérien commence peu à peu à retrouver le goût des projets solides et complets. La scène a navigué entre hésitations et tentatives de renouveau, surtout ces trois dernières années, cherchant un équilibre entre quantité et qualité.

En 2024, plusieurs projets ont vu le jour, bien plus consistants que ce à quoi la scène nous avait habitués. Et même si le mainstream a continué de dominer les plateformes, certains albums, plus discrets, ont réussi à tirer leur épingle du jeu — parfois même avec une maîtrise et une profondeur qui les placent au-dessus de la mêlée.
Des projets restés dans l’ombre, mais qui méritent clairement la lumière.

« La musique, c’est la nature » — un titre fort pour l’un des projets les plus aboutis du rap algérien en 2024.
Dans cet EP, ND2M plonge au cœur de son état d’âme, en le reflétant à travers des métaphores liées aux éléments naturels et à leurs interactions.

En à peine 27 minutes, le rappeur livre une expérience musicale audacieuse, mêlant rap, chant et influences reggae, comme un retour assumé aux racines africaines. Le projet suit un arc narratif clair : tout commence dans une sensation de perdition, qui pousse l’artiste — et l’auditeur — à entamer une quête de soi. Au fil des morceaux, cette errance se transforme, évolue, jusqu’à donner naissance à une nouvelle identité musicale, façonnée par l’art. Ce cheminement donne au projet une cohérence rare, loin du désordre qu’on retrouve souvent dans les sorties actuelles.

Mais ce qui fait la force de l’album peut aussi être un sujet à débat : ND2M, qu’on connaissait surtout pour sa plume affûtée et sa technique rap, mise ici d’avantage sur la vibe, les refrains chantés et les ambiances. Résultat : le rap pur prend moins de place. Cela dit, il affirme pleinement son refus de rester enfermé dans une case. Lors d’un échange, il m’a confié que son prochain projet — plus long — plongera cette fois dans les sonorités locales pour poser une empreinte algérienne plus affirmée dans son rap.

Autre point marquant : son usage du switch vers l’anglais. Là où la plupart des rappeurs algériens alternent entre “Darija” et français, ND2M opte pour des couplets entiers en anglais. Un choix qui peut sembler en avance sur son temps, tant la jeune génération semble délaisser le français pour l’anglais. Mais cela soulève aussi une vraie question : est-ce qu’un usage trop poussé de l’anglais risque de gommer l’identité locale du projet ?

Quoi qu’il en soit, Music is Nature reste une œuvre rare dans le paysage rap algérien. Cohérence, musicalité, narration, prise de risque, fusions audacieuses — ND2M signe ici un projet qui marque, bien au-delà des codes habituels.

Derrière le rideau d’une société figée, fort d’une expérience de presque trois décennies dans le rap algérien, Gino G revient — épaulé par le beatmaker Easy F — avec un projet qui ressuscite l’ambiance du boom bap et les albums classiques old school.

Du rap conscient, du boom bap pur, et une écriture affûtée : voilà les marqueurs principaux de ce projet. Sur 45 minutes, avec la participation de rappeurs de la nouvelle génération, le duo (Gino G & Easy F) livre un condensé de savoir-faire et de vécu. Des thèmes personnels et sociaux sont abordés avec précision, portés par une production soignée et une plume fidèle à l’identité rebelle de Gino.

Tout au long de l’album, Gino G reste fidèle à sa signature artistique. Il tente quelques sorties de sa zone de confort, sans pour autant prendre de risques majeurs. Il maintient un niveau d’écriture dense, introspectif, et parfois narratif — comme dans les morceaux اليتيم (Orphelin) ou طلاق (divorce), qui racontent des histoires vraies profondément ancrées dans son vécu. De son côté, Easy F est à la hauteur des attentes : les instrus sont solides, les choix de production maîtrisés, et la direction artistique reste cohérente avec l’esprit du projet.

Le duo cherche clairement à ancrer son œuvre dans le Rap algérien, en choisissant des titres en “Darija”, en intégrant des artistes de la nouvelle scène, comme un passage de flambeau symbolique. Le tout donne naissance à une nouvelle empreinte signée Zaaf Records — peut-être la dernière de la carrière de Gino G.

L’album a été peaufiné pendant plusieurs années, avec de nombreux morceaux enregistrés puis réduits à une sélection de 13 tracks. Ce processus a laissé quelques traces : une sensation de déconnexion entre certains morceaux, l’absence de transitions fluides, et aucun usage d’éléments techniques comme intro, interlude ou outro. Mais comme me l’a confié Gino lui-même, ce projet est avant tout personnel. Il ne cherche pas à construire un album conceptuel ou linéaire, mais plutôt à livrer des vérités issues de sa vie, à nu, sans fioritures. Selon lui, ce n’est pas la cohérence formelle qui compte ici, mais la capacité de l’auditeur à ressentir chaque mot, chaque ambiance, et capter ce qu’il y a au-delà de la musique.

Une autre collaboration qui a marqué l’année dernière, lorsque le collectif « Side Hustle » s’est réuni avec le producteur et rappeur vétéran Hostile aka “HostileProd”, fort de plus de 20 ans d’expérience dans le rap algérien. Après une série de singles et de remixes qui se sont enchaînés tout au long de l’année, cette collaboration a livré un projet différent de l’ordinaire. Une trilogie musicale d’une durée de 30 minutes (10 minutes par morceau), incarnant le côté rebelle du rap algérien et ravivant l’esprit des classiques, notamment par l’inclusion du couplet d’Hostile extrait du morceau intemporel « ماشي كل يوم العيد » (« C’est pas tous les jours l’aid »).

Après des retards dans la sortie des projets prévus l’année précédente, « Monst-R » et « Hostile » ont décidé de créer un projet quelque peu inhabituel, ramenant sur la scène algérienne l’essence du boom bap, de la rébellion et de l’authenticité artistique. Ils ont réanimé certains anciens couplets, ajouté des morceaux exclusifs d’autres projets à venir, incorporé de nouveaux passages et fusionné le tout en morceaux longs, chacun portant une idée unique. En outre, ce projet a agi comme une annonce indirecte du retour d’Hostile en tant que rappeur, après son retour antérieur en tant que producteur.

Ce projet n’a pas été simplement une expérience musicale, mais une déclaration forte sur le retour de la voix authentique du rap sur le devant de la scène, loin des stéréotypes dominants, tout en offrant un aperçu des directions que prendront les projets futurs de ces artistes.

Dans une salle d’attente, pour éviter l’ennui, tu peux occuper ton temps en écoutant de l’écriture classique sur un boom bap, avec le jeune rappeur « Zehn » âgé de 17 ans. En à peine un quart d’heure, ce jeune artiste a prouvé qu’il possède de grandes capacités d’écriture, ce qui a laissé le public s’attendre à plus, que ce soit de sa part, de son frère « Zak », ou même du groupe « K3ch Music », qui a rapidement réussi à se faire une place sur la carte du rap algérien, surtout après le succès relatif de l’émission « Done Show », qui a animé le studio et ramené sur la scène algérienne l’esprit des “cyphers” et des freestyles.

Zehn adopte un style classique dans son écriture, en s’appuyant sur des lignes éparses contenant des punchlines directes, qui font réagir l’auditeur dès leur écoute. Il n’emploie pas de complexité linguistique ni un usage excessif de métaphores, mais se concentre plutôt sur des lignes simples et des rimes complètes ou composées, bien qu’il ait tendance à revenir fréquemment à des rimes simples à la fin des mesures.

En plus de sa percée remarquable dans le monde du rap algérien, Zehn s’aventure aussi fermement dans le monde du beatmaking, marquant ses débuts dans ce domaine avec ce projet, en créant certains beats principalement en utilisant du sampling.

« Salle d’attente » est le premier projet de ce jeune rappeur. Malgré tout, il s’agit d’un projet très prometteur qui mérite d’être écouté et soutenu, surtout après que Zehn a prouvé, à travers l’émission « Done Show » et à plusieurs occasions, lui et son frère « Zak » sont de bons freestylers et performeurs en live.

Le micro brise le silence, un slogan qui a toujours occupé une place importante dans le rap algérien et au-delà, transformant le micro en arme qui brise les barrières du silence partout où il se trouve.

Rabah Donquishoot, membre du groupe historique M.B.S., a réussi à récupérer certaines tracks de son projet perdu avant sa sortie. Avec la collaboration de son collègue de groupe, le producteur/rappeur Dey Med, ils ont pu rééditer ces tracks et améliorer leur qualité. Le projet a ensuite été publié sous la forme d’un album d’une durée de 40 minutes, contenant plusieurs collaborations, dont une avec Youss, membre du groupe légendaire Intik, faisant de ce projet une nouvelle étape pour briser le silence.

Vu la nature de ce projet, il n’est pas possible de se concentrer sur les aspects techniques et artistiques comme nous le ferions pour d’autres projets, car sa simple sortie était déjà un événement en soi. C’était aussi un soulagement pour ceux qui l’attendaient depuis des années, leur permettant peut-être, pour la dernière fois, d’écouter un projet complet de Rabah, car, récupérer un projet ou une partie de celui-ci après sa perte est extrêmement difficile, mais ce que le duo a réalisé a redonné de l’âme au rap algérien.

L’album a ramené l’esprit de l’écriture, de la philosophie et de la touche authentique du rap algérien, notamment à travers des morceaux comme « 1995″, qui raconte une partie de l’histoire et des débuts du rap algérien du point de vue de Rabah et Raouf, témoins des premières générations. Ce morceau soulève des questions existentielles sur la nature et l’orientation du rap algérien ainsi que sur les tendances des rappeurs :

"Qui sont Smif-N-Wessun, qui est le Raekwon ?
Qui est Suprême NTM, qui est Al Capone ?
Qui est le rap conscient, qui est hors-la-loi ?
Qui veut devenir Tupac, qui parmi vous est Akhenaton ?
"

Le morceau “Nehkem El Micro” met en avant une collaboration entre deux noms légendaires, incarnant la dualité de la performance et du chant à la manière des années épiques du Rap Algérien. La voix d’or de Youss, suivie de paroles profondes et conscientes de Rabah, et sur une production de Dey Med qui porte des touches d’authenticité, ont créé une œuvre nostalgique qui mélange l’arrogance et la conscience, incarnant le rap algérien. Ce morceau a été enregistré en 2015 et témoigne de plus de 20 ans de rap pour Rabah. Il a été publié avec l’album avant 2025, marquant dix nouvelles années dans son parcours.

Psychotrip (The Lost Tape) n’est pas simplement un album, c’est un message destiné à ceux qui se souviennent encore du premier rap algérien et qui ont la nostalgie des thèmes rebelles et conscients mêlés à des tentatives d’algérianité et d’authentification.

Raina Rap, inspiré par le groupe exceptionnel de raï « Raina Rai », était une collaboration entre le producteur T.B.B. et les rappeurs « Apollontheone » et « Ba5 » Sur 37 minutes, le projet présente un mélange musical de samples et de rythmes locaux avec des beats de rap. Le trio s’est concentré sur l’incorporation de la musique algérienne, tant ancienne, comme la chanson « Ssendu » de Idir dans le morceau « Ssendu », moderne, comme la chanson « Rachani » de Cameleon dans le morceau « Rachani », en construisant les morceaux autour de ces échantillons.

Le projet se distingue par sa grande présence de chant par rapport aux couplets de rap, ce qui le rend différent des autres projets de cette liste. Il peut être considéré comme l’un des projets les plus orientés vers le “mainstream”, mais avec une touche algérienne évidente. Bien que de nombreux rappeurs d’autres régions utilisent des samples de musique algérienne dans leurs projets, il était nécessaire pour les artistes algériens de prendre l’initiative de récupérer leur musique, de la faire revivre et de l’exporter au monde tout en rapprochant ce style aux auditeurs locaux, préfèrent ce qu’ils connaissent à ce qu’ils ne connaissent pas.

L’authenticité a été un élément clé du projet. Quant à l’équilibre entre le rap et le chant, cela est resté un choix artistique, et « Raina Rap » s’est davantage orienté vers le chant, avec une mise en avant des refrains et de l’autotune pour s’aligner avec les tendances musicales actuelles.

En termes de production, ce que T.B.B. a fait mérite d’être apprécié, notamment dans des tracks comme « Istikhbar », qui plonge l’auditeur dans une atmosphère algérienne en préparation de ce qui suit, ou le track « Diwan sal7in« , qui contient un échantillon de la célèbre scène de l’acteur Othmane Ariouat dans le film El Taxi Mkhfi. Il y avait aussi une référence au morceau « Tonton du Bled » de Rim’K.

Quant aux collaborations, elles varient entre des noms connus comme Flenn et Skorp, et d’autres plus récentes qui se font une place aujourd’hui, mais toutes restent dans le cadre général de l’idée du projet. Visuellement, malgré le nombre limité de clips, celui de « Diwan sal7in » a réussi à présenter une esthétique visuelle qui reflète l’identité locale du projet, en harmonie avec la conception de la couverture de l’album.

Entre le succès de l’idée d’authenticité et de donner une touche locale, et la dérive entre les vagues du rap et du chant, les avis peuvent différer sur le projet, surtout si l’on analyse la qualité de l’écriture de chaque morceau. Cependant, dans l’ensemble, Raina Rap représente une étape importante dans la scène rap algérienne de 2024, en attendant ce qui suivra.

« Drid Hussein » est le nom d’un hôpital psychiatrique à Alger, et ZaHHam a choisi ce titre pour son projet, reflétant la folie et l’excentricité dans son écriture, son flow, ainsi que dans certaines de ses choix musicaux et visuels , simples mais soignés.

En 35 minutes, l’album crée une atmosphère de mystère qui capte l’attention de l’auditeur, en s’appuyant sur une direction musicale qui prolonge l’expérimentation lancée dans son précédent projet 30/30, une démarche promotionnelle peu conventionnelle. Dans 30/30, ZaHHam a opté pour une approche originale pour capter l’attention, en publiant 30 clips courts sur Instagram, chacun ne dépassant pas une minute et demie, créés spécifiquement pour le format reels. Ces morceaux ont ensuite été compilés en un projet complet sur toutes les plateformes. Cette méthode a non seulement réussi à attirer l’attention des auditeurs, mais a aussi créé une attente pour chaque nouvelle sortie, particulièrement grâce à sa prestation vocale singulière, qui rappelle quelque peu celui du groupe Ghetto 16. Sa collaboration avec Nazdix, un ancien membre du groupe, semble avoir accentué cette approche étrange, en la poussant encore plus loin dans ses choix stylistiques.

L’évolution musicale de ZaHHam a pris un tournant majeur ces dernières années. Dans ses débuts, autour de 2020, il performait en français, influencé clairement par le rap français. Cependant, dans son EP “Ster, sorti en 2023, il a reconstruit son identité artistique, faisant le choix de “Darija” algérienne et adoptant un son boom bap pour aborder des sujets de société, la nostalgie et l’espoir. Bien que l’utilisation de beats trouvés sur YouTube a limité la qualité de la production, cela a marqué un premier pas vers son évolution. Dans ses projets les plus récents, ZaHHam s’est libéré pour explorer de nouvelles facettes de trap et des sonorités modernes, mettant en avant ses compétences techniques tout en conservant sa touche particulière dans l’écriture et l’interprétation.

Drid Hussein incarne la version plus aboutie de ZaHHam, mais ce n’est certainement pas son dernier projet. L’expérience musicale qu’il offre dans cet album ne se contente pas de satisfaire la curiosité des auditeurs, elle les pousse aussi à découvrir ses projets passés et à suivre de près ses prochaines étapes.

Ce projet marquera-t-il un tournant vers un style plus mature et équilibré ou ZaHHam continuera-t-il à plonger encore plus profondément dans l’univers de Drid Hussein, là où la folie n’a pas de limites ?

Un projet immergé qui mérite de clore cette sélection. Moins incisif que les précédents, il s’oriente davantage vers le chant et l’utilisation d’instruments de musique. En 21 minutes, Axel nous présente un EP qui est sorti tranquillement, sans tapage médiatique.

Ce projet n’est pas si éloigné de son précédent EP de 2023, mais il se distingue par une plus grande précision, tant sur le plan technique et artistique que dans les choix musicaux et même les styles d’écriture. Ce que propose Axel ici est la continuité d’une démarche amorcée dès 2021, à travers ses singles ou le projet AxCara, une collaboration avec le rappeur Cara, qui mêlait funk, drill et rythmes électroniques.

All Night Long reflète, tant dans sa musique que dans ses thématiques, le titre qu’il porte. Bien que la conception de la pochette d’album n’atteigne pas la qualité de la musique, le projet mérite tout de même l’attention. Ce n’est pas un travail exceptionnellement complet, mais il représente une véritable tentative de renouveau dans le rap algérien, sans tomber dans le piège de la vulgarité ou de simple mimétisme. Il met également en lumière l’évolution d’Axel, d’un projet à l’autre, ce qui en fait un artiste à suivre de près dans la scène musicale algérienne.

Conclusion

À quoi ressemblerait l’avenir du rap algérien si les choses étaient correctement organisées et que nous entrions dans l’industrie musicale ?

Tous les projets que nous avons abordé sont des projets individuels, qui ne sont pas soutenus par des labels, et souffrent d’un manque de promotion adéquate. De plus, les stratégies utilisées par les rappeurs sont faibles en raison de l’absence de management artistique ou d’une équipe pour gérer le travail de manière professionnelle. En l’absence de médias spécialisés qui analysent et critiquent la scène rap algérienne pour établir des normes claires, le paysage reste coincé entre les vagues “mainstream” qui tentent de répondre à la demande des auditeurs et les efforts souterrains qui luttent pour maintenir un équilibre.

Ce que nous avons montré reflète une scène diversifiée. Il y a des projets marqués par l’expérimentation et le renouveau, tandis que d’autres sont plus précis et reviennent aux racines originelles du Hip Hop. Nous voyons aussi des tentatives persistantes de donner au rap algérien une identité propre, tant musicalement que thématiquement. Cependant, on ne peut ignorer certaines lacunes, que ce soit du point de vue visuel, technique, ou même dans l’orientation vers une consommation rapide. Cela a conduit de nombreux rappeurs à sortir des EPs au lieu de s’engager sur des chemins plus difficiles, comme la production d’albums ou de mixtapes classiques. Ce phénomène ne concerne pas seulement l’underground, il touche aussi le mainstream.

Cette liste offre un aperçu de certains projets et d’artistes qui, avec le temps, pourraient contribuer à faire renaître le vrai rap algérien et le remettre sur le devant de la scène.

Rédigé par Soheyb Kehal alias Monst-R

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