Nowaah the Flood est un artiste complet et profond, aussi mystérieux qu’insaisissable, dont il faut retracer la surprenante trajectoire, par delà la carrière musicale, pour en saisir toute l’ampleur et la portée. Volontairement discret sur sa personne, les infos le concernant sont peu nombreuses. Mais la rareté n’est-elle pas synonyme de valeur? En effet, qu’est ce qui fait la valeur des plus grands chefs-œuvres ? N’est-ce pas leur nature unique et non reproductible ? Peut-il y avoir deux « La Joconde » ? Non, et c’est ce qui en fait une œuvre inestimable ! De plus, cet artiste est arrivé comme une météorite dans le Game et a su faire sa place et susciter respect et reconnaissance auprès de ses pairs, comme nous allons le voir ensemble. Il faut savoir qu’il a commencé véritablement à enregistrer puis sortir sa musique il y a à peine 8 ans, ce qui est impressionnant au regard de la qualité et de l’immensité de son répertoire et de ses collabs’.
En effet, lorsqu’il sort son premier projet, « Private Stock », on est en 2018, et cela ne fait que 2 ans qu’il s’est mis à poster des morceaux sur « SoundCloud » et qu’il a créé son label et concept The Mali Empire. Et pourtant, dès 2017, avant même la sortie de ce premier EP, on parle déjà de lui sur tous les blogs et les médias spécialisés tels que « Mass Appeal » ou « Insomniac Magazine » ! Mais alors, comment expliquer la rapidité d’un tel engouement et d’une telle notoriété? Quel est le secret de Nowaah the Flood ? C’est autour de ces questions que ce portrait va s’articuler, voyageant entre sa vie, ses projets, sa riche discographie et de nombreuses folles anecdotes éclairant aussi ce parcours fulgurant. Bienvenue donc dans le monde mystérieux d’un artiste rare et hors du commun, tant il s’inscrit à contre courant des tendances et des valeurs matérialistes et capitalistes si présentes dans le Game.
Nowaah the Flood semble avoir un destin intimement lié à la culture Hip Hop. En effet, il commence à rapper dès l’âge de 9 ans, et va, en parallèle, se nourrir de la diversité des expériences et des rencontres qu’il fera durant toute sa jeunesse, au grès de ses déménagements. Passant de l’Allemagne aux différents États américains dans lesquels il vivra, jusqu’à s’installer à Dallas, au Texas. C’est un élément important de la complexe équation que représente cet artiste si qualitatif et particulier. Ainsi, il va découvrir différentes approches de la culture Hip Hop, mais aussi et surtout se constituer un solide réseau. Le voyage, la richesse des rencontres diverses et variées, mais aussi la capacité à s’adapter, sont autant de critères qui vont l’abreuver d’expériences fondamentales et fondatrices et jouer un rôle central dans son parcours.
Durant toute sa jeunesse, il va patiemment structurer sa technique, ses skillz, et bâtir son identité artistique en posant et freestylant dans les Block Parties, les Jam, Battles et autres soirées Freestyles. Le rap de rue s’avérant être, pour le coup, la meilleure école de formation ! C’est ainsi qu’il va naturellement travailler sa patte: la dextérité et l’agilité de sa voix si particulière, l’efficacité de sa plume et la profondeur de sa poésie. Son blaz d’artiste, « Nowaah the Flood », lui vient d’ailleurs de cette époque là … En anglais, « flood » se traduisant par « inondation », ce sur quoi nous revenons plus en détail dans son interview.
Ainsi, c’est sur le terrain que Floody fait ses premières armes et se préparant, sans encore le savoir, à déferler sur le monde du Hip Hop underground comme un Raz de Marée. Mais c’est aussi là qu’il va se nourrir d’enseignements et de rencontres décisives, notamment grâce à son engagement spirituel et les amitiés qu’il va lier avec des acteurs historiques et légendaires du Hip Hop, comme certains gars du Wu-Tang Clan et leur large et riche entourage… Ce qui contribuera d’ailleurs plus tard à la qualité de ses projets et de sa carrière et comme il le dit lui-même dans son interview.
De confession musulmane, dès l’âge de 12 ans, il devient un membre actif de la « 5% Nation », ou « Nation of Gods and Earths », issue de la célèbre « Nation of Islam ». Particulièrement influente dans la communauté afro-américaine, c’est là qu’il fera la rencontre de U-God et Cappadonna. Ce sont d’ailleurs ces deux membres actifs du Wu, them selves, qui le pousseront, le conseilleront et le soutiendront lorsqu’il lancera sa carrière, jusqu’à lui faire profiter au mieux de leur réseau. C’est ainsi qu’il croisera le mic avec les légendaires Ghostface Killah, Raekwon et Young Dirty Bastard, le fils du regretté O.D.B (R.I.P King), comme il le dit avec énormément d’humilité dans son interview. N’oublions pas qu’on parle ici d’un des plus grands groupes de hip hop de l’Histoire, le Wu-Tang Clan !
En plus de ces contacts, Nowaah va énormément apprendre des enseignements philosophiques, spirituels et des combats socio-politiques de la « 5% Nation », ce qui lui apportera un savoir, une éthique et un rapport au sacré particuliers qu’on retrouve partout chez lui. Sa décision de tendre vers une carrière indépendante, l’orientation qu’il donnera à son concept de label collectif The Mali Empire en sont autant de preuves, comme on va le voir. En effet, il appliquera à son existence, son Art et sa musique tous les grands principes transmis par les leaders et penseurs du mouvement « Nation of Islam », se donnant ainsi une rigueur exigeante dans la vie et le travail. Mais impossible de saisir cet homme sans prendre le temps de parler de ces sujets et de l’influence que cela aura sur lui.
Réunissant des figures tutélaires de la revendication et de l’émancipation des Droits des Noirs aux USA tels que Louis Farrakhan, qui fut ministre d’Etat, l’Honorable Elijah Mohamed ou encore le grand Malcom X, la « Nation of Islam » voit le jour dans la 1ere moitié du XXe siècle. Elle défend l’auto-détermination, la fierté et l’indépendance de la communauté afro-américaine tant ostracisée. Ce projet identitaire passe par l’Islam, le savoir, la droiture d’esprit, la sagesse et la maîtrise de soi, mais aussi la réappropriation des racines ancestrales africaines, afin de se forger une identité noire. Ces communautés ont vu le jour et trouvé leur légitimité en reprenant en main les quartiers abandonnés par l’État, se substituant ainsi aux carences, aux défaillances, au racisme et aux injustices de l’État Américain.
Parmi les enseignements les plus chers et les plus présents chez Nowaah the Flood, on retrouve les Mathématiques Suprêmes (« Suprême Mathematics »). Cette croyance mystique importante, dont la « 5% Nation » est à l’origine, est particulièrement présente dans le rap US. Mais plus largement, elle influencera la jeunesse afro-américaine, à l’heure des guerres des gangs et de l’épidémie de crack qui déciment toute une génération. Nowaah va donc trouver dans cette communauté une ligne de conduite qui va constituer son identité consciente, engagée et empreinte de sagesse.
Les Mathématiques Suprêmes s’inspirent de la puissance et de la perfection des sciences mathématiques, mais n’en sont pas pour autant. Cette pratique n’existe pas en Islam mais c’est bien elle qui va en inspirer la création. Mais les mathématiques, quant à eux, y ont une place et un rôle important, que ce soit dans l’Histoire ou la pratique de ce culte. En effet, lorsqu’on observe le monde, on se rend vite compte de son harmonie parfaite, et du fait que toutes les parties qui le composent s’articulent parfaitement entre elles et avec le Tout. Par leur nature logique, les mathématiques permettent d’apposer une grille de lecture strictement rationnelle sur la Vie et l’Univers, afin de tenter d’en percer et d’en expliquer les mystères, d’en saisir toute la subtilité et toute la complexité. Les mathématiques jouissent donc d’une approche divine en Islam, qu’on retrouve jusque dans la construction même du Coran qui est articulé et déclamé de manière logique et mathématique. Le nombre de répétitions de concepts ou de noms sacrés, la structure poétique et syntaxique du Coran… Un aspect très impressionnant de ce livre sacré qui va beaucoup influencer la « 5% Nation » et dont ils ont très logiquement voulu en élargir l’usage. Étant donné que cette science est parfaitement logique, il est question d’en retirer le maximum de bénéfices et de lui trouver toutes les applications possibles, jusque dans notre quotidien. Si les mathématiques et l’Islam permettent d’expliquer et de comprendre la Vie avec un grand « V », alors ils doivent aussi pouvoir nous guider dans nos existences singulières de simples mortels !
Les Mathématiques Suprêmes sont, en fait, un système de numérologie sacrée qui applique une valeur qualitative aux nombres en plus de leur valeur quantitative. Autrement dit, on applique des concepts, des idées aux nombres, c’est ce que les « 5% Percenters » nomment l’Alphabet Suprême, où chaque lettre renvoie à un mot et qui est complémentaire aux Mathématiques Suprêmes. Attention, contrairement aux mathématiques, la numérologie repose sur un système certes logique, mais qui repose avant tout sur la croyance : celle que les nombres pourraient révéler des vérités supérieures en plus des vérités scientifiques que les simples opérations numéraires permettent. Il s’agit bien ici de Religion et non de Science, le choix des concepts reste arbitraire, car il repose sur des considérations religieuses. Par exemple, ISLAM va se traduire en « I Self Lord Am Master » – « Je suis mon Seigneur et mon propre Maître » – et ALLAH en « Arm Leg Arm Head » -« Bras Jambe Bras Tête »-, la puissance de l’union du corps et de l’esprit en somme.
A noter d’ailleurs que le rappeur Recognize Ali a nommé un de ses albums I.S.L.A.M, à l’image de cette interprétation mystique… Une doctrine passionnante et très instructive sur le plan humain, et ces artistes en sont la preuve incarnée ! Les Mathématiques Suprêmes ont apporté une philosophie de vie positive et une force intérieure grâce à laquelle faire face aux difficultés de l’existence. Et c’est pour cela que Mathématiques Suprêmes et Hip Hop ont de suite fait bon ménage, leur dimension poétique et logique allant de paire avec le fond et la forme de l’écriture rap. Mais au delà de ça, le Hip Hop, comme la « 5% Nation », est aussi né d’une problématique sociale et politique. La nécessité de trouver des alternatives pour résister et survivre à des époques et des lieux où la mort, la violence et le danger rôdaient.
La sagesse, la force de caractère et l’engagement de Nowaah the Flood trouvent donc leur source dans cette mystique. Et c’est conscient de son potentiel qu’il va s’appliquer à mettre ces enseignements au profit d’une carrière dont tout est encore à structurer. On est alors en 2016, et un Tsunami se prépare à déferler sur un monde du Hip Hop underground indépendant, alors en pleine mutation. A cette époque, un vent de fraîcheur et de renouveau souffle depuis quelques années sur l’underground, avec la renaissance de la fameuse vague « Golden Era ». Une nouvelle génération d’artistes Boom Bap, Grimmy, Bay Aera et Dirty Rap émerge et contribue à rendre à cette culture ses lettres de noblesse… On peut citer par exemples des artistes tels que Griselda, Roc Marciano ou encore Tha God Fahim et Mach-Hommy (dont Nowaah est aussi un proche). Les astres semblaient donc continuer de s’aligner : il va alors débarquer dans le Game au bon moment et au bon endroit pour se tailler une place de choix.
On l’a compris, c’est déjà fort d’une expérience et d’une maturité à la fois spirituelle et musicale largement éprouvée que Nowaah the Flood va se constituer une identité forte et une stratégie de carrière bien particulière. Mais pour cela, une seule voie est possible, celle de l’indépendance. Jouir d’une liberté artistique en plus d’un environnement sain et adapté, afin de pouvoir réaliser la musique qu’il aime et transmettre les messages qui lui sont chers. Son but n’est pas de reproduire ce qui marche déjà, sa démarche artistique étant plutôt portée par des valeurs immatérielles que purement matérielles. Or, cela implique une certaine autonomie, en se créant soi-même les conditions de réalisation et de réussite de son projet, libéré de toute contrainte extérieure. Et là encore, c’est dans cette riche expérience passée que Nowaah puise les ressources nécessaires pour se donner les moyens de ses ambitions. Ayant monté par le passé différents commerces en self made man, il va mettre toutes ces connaissances et ces compétences au profit de sa réussite. C’est véritablement comme si son destin l’avait, depuis toujours, porté vers la réalisation d’un projet artistique indépendant et conscient. La musique ne se présentant alors plus comme un simple vecteur d’expression et de transmission de son message, mais s’apprêtant à devenir, en plus, un vecteur de réussite, d’émancipation, et de réalisation de soi !
En effet, Nowaah the Flood est un artiste éveillé et engagé, pour qui l’indépendance et l’authenticité passent par l’auto-détermination et la conscience de soi. Ne pas oublier d’où on vient, ne pas se trahir et se nourrir de ses valeurs et de ses origines ! C’est donc tout naturellement qu’il va aller chercher l’énergie nécessaire à l’édification de sa carrière dans ses racines cultuelles, avec la « 5% Nation », mais aussi culturelles, fier de son africanité et conscient de sa condition de jeune noir. Ainsi, il va abondamment puiser dans son héritage culturel et spirituel pour créer l’identité et la philosophie propre a sa carrière et il nommera d’ailleurs son projet The Mali Empire en hommage à ses racines africaines. C’est un aspect important à comprendre si on veut saisir toute la richesse, toute la subtilité et à la fois toute la complexité de cet artiste et de son œuvre.
À la fois concept collectif et hybride, label, The Mali Empire est avant tout une machine produisant de l’émulation collective et de l’énergie créatrice autour de Nowaah. Il s’agit d’une entreprise commune et profitable à tous, combinant conditions artistiques, matérielles et managériales nécessaires à la réalisation et la diffusion de la musique estampillée The Mali Empire. Comme la « Nation of Islam », Nowaah the Flood va structurer ce projet à la manière d’une communauté autonome permettant la mutualisation des forces où chacun des membres la composant apporte sa pierre à l’édifice. Ensemble, on va toujours plus loin et on est toujours plus forts que seul, autrement dit, l’union et le partage font la force. The Mali Empire se veut donc être un outil radiant, permettant à des artistes motivés et mus par des valeurs communes d’en faire partie, créant ainsi un solide environnement artistique et professionnel. La force du nombre, la diversité et la cohésion des membres impliqués renforcent ainsi l’indépendance et la réussite du projet. The Mali Empire a été conçu de manière à pouvoir rester maîtres du processus créatif complet, du début à la fin, jusqu’à la réalisation de chaque album en format physique (vinyles et cd) et sa diffusion sur le marché…
Ainsi, dans la structure de The Mali Empire, on retrouve notamment, aux côtés de Nowaah the Flood le producteur et beatmaker Bombay the Realist, le graphiste et beatmaker Dani pour la création graphique, ou encore Walazya Shabaaz, la manageuse générale, elle aussi excellente beatmakeuse – MetalFlowerz. De plus, à l’intérieur, les rôles ne sont pas fixes, chacun étant polyvalent, favorisant l’échange et le partage, sans aucune frontière ni limite. Les artistes impliqués dans ce concept jouissent tous de leur liberté en dehors de leurs collaborations avec Nowaah the Flood. Bombay the Realest, par exemple, est aussi connu pour les projets qu’il produit pour des artistes comme BLU, Elzhi ou encore Fashawn avec lesquels il travaille indépendamment. La définition même de l’indépendance !
Et lorsqu’on a saisi tout cela, on comprend d’où provient cette capacité de Nowaah à attirer les bonnes personnes. Les artistes investis dans The Mali Empire sont tous des gens d’expérience et des passionnés, prêts à tout donner et mettant le meilleur d’eux-mêmes au profit du collectif. Le cas de la manageuse Walazia Shabazz en est une parfaite illustration. Elle jouit d’une énorme expérience et d’une immense notoriété, évoluant dans le milieu du hip hop depuis plus de 25 ans. Elle a d’abord été la manageuse générale du label de MF Doom et MF Grimm, le légendaire Fondle’em Records, mais elle managera aussi les Hyerogliphics, les Souls of Mischief, jusqu’au Black Goat DJ Muggs de Cypress Hill sur son label Angeles Records ! Fille de deux grands musiciens de jazz New-yorkais, elle baigne dans le milieu très fermé de la musique depuis son plus jeune âge, et met toute cette riche expérience au profit de Nowaah the Flood. Walazya Shabazz va d’ailleurs le rejoindre dès 2018, l’année durant laquelle sortent les premiers albums… Elle n’est donc clairement pas innocente dans la dynamique générale et l’impressionnant réseau tissé autour de The Mali Empire.
Mais au delà de ces aspects d’émulation et d’autonomie, ce qui constitue aussi l’identité de ce concept, c’est l’effacement des individualités au profit de la communauté, spécificité qui contribue grandement à l’humilité dont Nowaah the Flood fait preuve. En mettant la lumière sur le nom de la structure et le travail du collectif, Nowaah cultive la part d’ombre de son projet artistique et met tout le monde au même niveau. La meilleure façon de tuer toute forme d’égo, mais aussi de limiter les risques de tensions. Ainsi, The Mali Empire illustre parfaitement l’humilité et la dimension insaisissable de cet artiste…
En effet, lorsqu’on jette un œil aux tracks-lists des albums dont les prods’ sont signées The Mali Empire, on ne trouve jamais de nom d’artiste, mais toujours celui du collectif. Cela peut donc être n’importe lequel des protagonistes impliqués, voire même plusieurs à la fois… Ainsi, tous les beats qui sont réalisés à plusieurs mains sont donc le fruit de cette intelligente mise en commun du génie, de la créativité et des capacités de chacun dans un but d’exigence et de perfectibilité. C’est d’ailleurs une chose prépondérante dans les albums de Nowaah the Flood, sur lesquels la signature de son label est omniprésente. En fait, ce concept est la matérialisation d’une vision empreinte d’altruisme et de mutualisation des énergies de chacun, à l’image des valeurs que porte Nowaah au quotidien et dans sa musique. Noble, intelligent et respectable quand on connait la place qu’occupe l’égo dans le monde de la musique et du Hip Hop ainsi que les dégâts qu’il peut occasionner sur les artistes et leur environnement direct, ayant mené nombre de projets prometteurs à la chute…
En 2016, donc, avec la création de The Mali Empire, il est temps pour Nowaah the Flood de passer aux choses sérieuses et de se lancer. La reconnaissance, mais aussi le respect du public et de ses pairs vont être instantanés et fulgurants, et ce pour toutes les raisons abordées jusque là, mais pas que… Il y en a une autre, particulièrement croustillante et surprenante… En 2018 va éclater une stupéfiante affaire entre The Architect, Kanye West et Nas – rien que ça – autour de leur collaboration sur l’album Nasir et dont Nowaah sera, bien contre son grès, la principale victime collatérale. Une histoire qui va faire du bruit dans le milieu, et dont il sortira la tête haute et largement gagnant, le buzz autour de cette dernière mettant finalement la lumière sur la sortie de son 1er album.
Cette année-là, Nowaah the Flood lance véritablement sa carrière, inaugurant cette entrée en matière par la sortie du très remarqué « Private Stock », EP 6 titres produit par l’excellent duo DirtyDiggs… Mais en parallèle, il travaille à la sortie d’un autre projet, son 1er véritable album, intitulé « Trill Life Mathematics », avec le célèbre producteur de la Bay Aera, The Architect. Un titre évocateur – Mathématiques de la vie quotidienne – qui, comme on l’a vu, illustre à lui tout seul l’importance et la portée symbolique de cet album, à ce moment précis de sa carrière. En effet, le rapport privilégié qu’il entretient avec les Mathématiques Suprêmes et leur nature divine, sont autant d’aspects qui témoignent de la dimension sacrée et intouchable d’un tel projet aux yeux de Nowaah the Flood. On imagine aisément ce que peut représenter un premier album dans la carrière d’un artiste. Il s’agit là de la première véritable pierre qu’il s’apprête à apporter à son édifice, on ne parle donc pas de n’importe quel projet.
Or, deux semaines avant de dévoiler leur album commun, quelle ne fut pas leur surprise de constater que Nas sort, avec Kanye West, son album Nasir, arborant la même cover que Trill Life Mathematics ! Et c’est Kanye qui est à l’origine de la conception de la cover de l’album qu’il a aussi entièrement produit pour Nas. De ce fait, c’est lui le responsable de ce plagiat honteux, bien qu’il soit fort douteux que Nas ne se soit pas aperçu de cela de son côté… Mais peu importe, à deux semaines de la sortie de son premier album, la pilule a du être sacrément dure à avaler pour Nowaah the Flood ! Un sacré coup bas ! En effet, à l’origine, il s’agit d’une photo choisie par The Architect, qui est, comme Kanye sur Nasir, à la fois à la prod’ et créateur de la cover de Trill life Mathematics I. Nowaah venant de Dallas, cette photo fut justement prise dans sa ville, en 1988 par la journaliste américaine Mary Ellen Clark dans un quartier difficile où sévissait, à cette époque, une terrible épidémie de crack et une explosion de la violence … C’est donc du pur vol, la signification et le lien entre l’histoire de la photo, Nowaah the Flood et Trill Life Mathematics sonnent comme une évidence.
Mais, fidèle à sa nature, sage parmi les sages, il ne rentrera pas dans la polémique, et restera dans l’ombre. Il en dira simplement que cela lui a mis une certaine pression, celle de devoir sortir un album à la hauteur, faire mieux que Nas afin de défendre toute la légitimité de son projet originel. En effet, serein, sûr de l’excellence des beats de The Architect et de celle de ses lyrics, il restera imperturbable, et son nom et son album absorberont toute la lumière suscitée par l’incident. Mais on ne peut que se mettre à sa place et s’imaginer son incompréhension, voire sa déception, surtout quand on sait qu’en plus, Nas fait partie de ses artistes de référence…
Et pour la petite histoire, le vol ne s’arrête pas là concernant The Architect : à l’écoute de Nasir, il va réaliser qu’en plus de lui avoir volé la photo de sa cover, Kanye s’est doublement et grassement servi en lui volant aussi un sample magnifique qu’il avait utilisé l’année précédente dans le cadre d’un album de remixes… de Nas ! Et pas pour n’importe quel morceau ! On retrouve cette boucle dans le beat du banger de l’album, Adam and Eve, qui porte littéralement Nasir, que The Architect avait utilisé dans le track intitulé, ironiquement, « No idea is Original ». Sacré clin d’œil au destin! A croire que la vie avait anticipé cette mascarade… Il s’agit en fait d’un sample tiré d’une chanson iranienne de 1974, Gol-e-Yakh, du compositeur Kourosh Yaghmali. Cette fois, plus de place au hasard, voler deux fois le même artiste, ce n’est pas une coïncidence, loin s’en faut, c’est même un affront et un manque de respect total !
Ce n’est malheureusement pas la première fois que Kanye est impliqué dans ce genre d’affaire… Cet incident permet par ailleurs aussi de saisir toute la sagesse et l’humilité de Nowaah the Flood, qui aurait pu se servir de cette affaire pour surfer sur le buzz et en tirer profit… Mais ce serait mal le connaître, et à la lecture de ce portrait, on comprend aisément pourquoi ! Souvent, le silence et l’indifférence sont les meilleures armes ! Ainsi, Trill Life Mathematics jouira d’une communication, certes involontaire, mais gratuite et de taille, contribuant à la légende de ce second album ainsi qu’à la notoriété fulgurante de Nowaah ! C’est ainsi donc que du plagiat, il passera directement à la consécration ! Comme le dit l’adage, ce fut « Un mal pour un bien » !
Indépendamment de cette scandaleuse affaire, c’est avant tout la profondeur de la poésie, l’exigence des textes et la puissance de sa voix saillante et énergique qui vont vite faire de lui un artiste incontournable de la nouvelle Golden Era. Car Nowaah the Flood et The Mali Empire, c’est aussi près d’une trentaine de projets tous aussi profonds que puissants, sortis en à peine six ans ! Et comme ce portrait le défend avec force, la portée politique, sociale et spirituelle de l’œuvre de cet artiste n’est pas à sous-estimer. Qui a dit que qualité ne pouvait pas rimer avec quantité ? Que celui qui reste convaincu de cet écueil se penche sur l’œuvre murement réfléchie de cet Homme ! Et en retracer la discographie c’est, de loin, la meilleure manière de réaliser l’excellence de son travail et de ses choix artistiques, mais aussi de saisir concrètement l’aspect pluriel et la dynamique du concept que symbolise The Mali Empire, au-delà de sa simple nature de label.
Comme on l’a vu, tout commence par la sortie du premier court, mais non moins excellent EP « Private Stock » avec Dirty Diggs – dans lequel il invite déjà des pointures comme Planet Asia, Supreme Cerebral et Killa Kali – suivi de son 1er album Trill Life Mathematics avec The Architect, qui, en fait, est un projet qui va se déployer en trois parties. Le second opus sortira 4 mois après, en novembre 2018, s’inscrivant dans l’excellence du 1er, quant au 3eme et dernier volet de cette trilogie, il devrait bientôt sortir. D’après The Architect, Nowaah devrait entrer en studio très prochainement pour l’enregistrer à l’heure où sont écrites ces lignes.
Après l’effervescence et l’engouement suscité autour de lui avec l’affaire de plagiat autour de son 1er album, Nowaah the Flood va, plus que jamais, continuer dans sa lancée. Et, en 2019, il va nous gratifier d’un de ses meilleurs albums, le très profond et puissant Imperial Flood. Premier projet collectif réunissant différents producteurs de renom tels que The Kurse, Giallo Point, Kyo Itachi, ce projet marque le début de collaborations de choix à venir. Cependant, la majeure partie des beats de cet EP 9 titres sont « mystérieusement » signés The Mali Empire… Et nombreux sont celles et ceux qui ont dû, à ce moment-là, s’interroger sur l’identité derrière ce blaze. Est-ce un proche, est-ce Nowaah lui-même sous les traits d’un nouvel allias, à l’image de Madlib avec son alter-égo Quasimoto ? A présent, nous savons que plusieurs acteurs peuvent se cacher derrière ces instrus, et il est impossible d’avancer avec certitude qui est précisément à l’origine de chacun de ces beats. Et justement, cet aspect ne va faire que renforcer le mystère et la légende naissante autour de cet artiste insaisissable… Toute l’intelligence et la force de ce concept se trouvent ici concentrées. On retrouve dans cet EP des morceaux très profonds et engagés devenus des classiques de Nowaah aujourd’hui. L’énorme banger Din, qu’on peut traduire de l’arabe par « foi », dans lequel il scande avec détermination toute la force que lui apporte sa foi – le Din renvoyant à tout ce qui se rattache à la pratique de l’Islam – l’excellent « In the name of me » ou encore « Destiny » pour ne citer qu’eux…
Cette même année 2019, Nowaah the Flood réitère avec le duo de producteurs DirtyDiggs, avec l’irréprochable EP 8 titres The infaillible, dans lequel on trouve d’ailleurs le gros banger « Speak the Truth » en ft avec Al.Divino. C’est aussi la première fois qu’il collabore avec son futur graphiste attitré, Dani, dont le travail contribuera grandement à la création de l’identité visuelle engagée de Nowaah et de « The Mali Empire », dont nous analysons toute la portée politique et esthétique dans l’interview de Nowaah et la chronique de « Sudan Samurai Scrolls ». En effet, il y représente un subtil montage photo s’articulant autour du portrait de l’Honorable Elijah Muhamed et d’une photo en noir et blanc d’une manifestation contre la ségrégation raciale dans les années 60. Le tout ne laissant apparaitre que son regard et son célèbre Fez, un couvre chef typique de la culture musulmane. Subtilement esthétique et lourd de sens ! Un choix de direction graphique récurrent qui contribuera à faire de chaque projet de Nowaah the Flood une œuvre d’art à part entière, par la qualité des acteurs impliqués, la profondeur des sons et des textes mais aussi la beauté et la portée des covers choisies. Le fond et la forme, la transmission de ses messages passant autant par l’audio que par le visuel ! Un artiste complet et réfléchit, on adore !
Cette même année sort Avodah, un EP 5 titres entièrement signé The Mali Empire et, à nouveau, le mystère plane sur la paternité des beats. Insaisissable et séduisant ! La cover de Avodah, qu’on peut traduire de l’hébreu « travail, culte et service », est elle aussi particulièrement puissante. Nowaah choisit lui-même une photo représentant de jeunes travailleurs africains exploités, piochant le sol d’une mine d’or illégale à Galamsay au Ghana. En plus du thème poignant abordé, elle possède aussi une dimension esthétique non négligeable.
L’année suivante, on est en 2020, et malgré la pandémie mondiale, Nowaah va se montrer particulièrement prolifique, en sortant pas moins de 6 projets… En mars, il lance les hostilités en sortant un EP 6 titres, The Worst is Yet to Come, qu’on peut traduire par Le Pire est à venir, au titre plutôt évocateur en des temps pareils… Nowaah y réunit quatre producteurs aussi talentueux que reconnus, avec lesquels il travaillera régulièrement par la suite : Eyeree, El Maryacho, Stu Bangas et Dani, qui montre d’ailleurs ici que ses qualités artistiques ne se limitent pas qu’au graphisme !
Le même mois va sortir un autre des grands classiques de Nowaah, le très bon Harbingers of Death, qu’on peut traduire par Précurseurs de la Mort, et qui aura droit à une suite pile trois ans après, en mars 2023. Tous deux produits par le beatmaker suisse El Maryacho, le 2ème volet aura même droit à une version remixée par différents producteurs internationaux phares. Les américains August Fanon, Sadhugold, Bombay the Realest, sa manageuse MetalFingerz, le japonais Ill-Sugi, le danois Machacha, Alejandrito Argenal du Nicaragua ou encore le Kényan Kunta Offical Beats. On y retrouve le banger Cheese Line en feat avec le canadien Daniel Son. Un magnifique exemple d’unité des cultures, à l’image de notre site Hip Hop sans frontières, et qui démontre la notoriété dont jouit Nowaah auprès de ses pairs !
Toujours en 2020, Nowaah va sortir un autre EP 6 titres qui deviendra lui aussi un classique, Nowaah and the Dewer, produit par Dewer, et dont les textes délivrent des messages forts en matière spirituelle et politique. Durant ce même mois de juin, une 1ère compilation réunissant une trentaine de morceaux unreleased parait, Best of Flood 1. Mixée par Dj Akiin, c’est surtout sa cover qui mérite d’être citée. Elle est signée par le cultissime KEO – MEN du crew de graffeurs New-yorkais historique X-MEN. En effet, KEO – MEN n’est autre que le créateur des deux 1ers masques du légendaire MF Doom (R.I.P King) et de la cover de son album DoomsDay. Une collaboration qui fera la fierté de Nowaah the Flood. N’oublions pas que sa manageuse travaillait auprès de Doom l’année durant laquelle sort Doomsday, en 1999… Ceci expliquant surement cela …
L’année 2020 se finira par la sortie de sa 1ere collaboration avec le très en vue Stu Bangas (Ill Bill ; Ras Kass ; Termanalogy ; A.F.R.O…), intitulée Respectufully, et suivie de l’excellent projet collectif The Piece with the Magnetic, réunissant encore une fois la crème de la crème des producteurs. On y retrouve Giallo Point, Eyedee, The Architect, The Mali Empire ou encore Dani, qui signe par la même occasion une magnifique cover qu’on peut voir dans l’interview de Nowaah. D’une profondeur historique et politique rare, elle s’articule autour d’un montage photo à partir du portrait du jamaïcain Marcus Garvey et d’une photo en noir et blanc d’époque, représentant des militaires éthiopiens de la guerre coloniale contre l’Italie à l’époque du Négus éthiopien, le Roi des Rois, King Sellasie I, tant vénéré dans le Rastafarisme. L’Éthiopie ayant été le seul pays d’Afrique à n’avoir jamais été colonisé, et ayant fait subir à l’armée fasciste italienne de cuisantes défaites. Garvey, fut, au début du XXeme siècle, l’initiateur du mouvement Repatriation, prônant un retour en terre africaine ancestrale des descendants d’esclaves caribéens et américains. Un homme qui a une place centrale dans les communautés militantes noires américaines. Un véritable condensé de Contre Histoire coloniale réuni sur une même cover ! Une véritable œuvre d’art…
L’année 2021 sera moins prolifique, avec uniquement la sortie de deux albums, mais non des moindres ! D’abord le magistral Right over Left avec Giallo Point, dont un second volet est sorti en février 2024. L’excellence des beats s’alliant à merveille avec la voix et le flow puissants de Nowaah the Flood. On retrouve d’ailleurs dans le 2eme opus le banger Stupid Prizes en feat avec le californien Supreme Cerebral, lui aussi reconnu pour ses textes forts et la qualité de sa poésie.
Le second et dernier album de l’année 2021 n’est autre que le très réussi Crème de la Crème, exclusivement produit par le légendaire et pionnier D-Styles des Beat Junkies, qui délivre ici des prods d’une beauté remarquable. On retiendra plusieurs bangers sur ce projet : l’énorme Rondo, Let’s talk about it, en ft avec K.Burns – un artiste qui, à bien des égards, rappelle Nowaah the Flood – Shark Soup, ou encore le feat avec Substance810, Federali. Cette collaboration comptera parmi celles qui lui sont le plus cher. Il s’agit là d’un de ses plus grands coups de maître, au point que les vinyles seront sold out en une journée. Et comme pour Harbingers of Death, Crème de la Crème aura droit aussi à sa version remixée. Ici aussi, la cover, toujours signée Dani, reprend, comme pour les deux Right over Left, une photo de Malcom X… D’ailleurs, pour la petite histoire, elle devra être changée, déplaisant aux ayants droits de Malcom X, une prise de position difficilement explicable, peut être due au titre de l’album ?
Les prochains projets à sortir arriveront, quant à eux, en 2023 et 2024, l’année 2022 étant vierge de toute sortie… Les aléas de la vie… En Mai 2023, Nowaah the Flood s’associe avec le producteur danois Machacha sur l’album Ground Division, un des beatmaker les plus en vue du moment pour ses collabs’ de fou … On notera le banger très jazzy Lo-Fi Beats, Short Stoppers en feat avec Asun Eastwood, ou encore Pictures of Time avec l’excellent emcee de Chicago, Waterr, qui, quant à lui, appartient à la communauté musulmane des Moorich.
Mais 2023 sera aussi marquée par un concept dont seul Nowaah à le secret et sur lequel il revient en détail dans son interview : The Legend of Floody Ranks et Floody’s Revenge, où il incarne ce personnage, Floody, représentant son alter-égo du temps où il freestylait de soirée en soirée. La cover de l’album The Legend of Floody Ranks, signée Sundiata Shakur, illustre à nouveau à la fois les origines Ouest Africaines de Nowaah et sa part mystérieuse et insaisissable. Basée sur une photo floutée d’un berger malien menant son troupeau de chèvres, cette idée se trouve d’autant plus accentuée par les prods’ qui sont toutes signées The Mali Empire.
A noter que ces deux albums vont voir l’apparition des 1ers feats avec des membres actifs du Wu-Tang Clan. D’abord avec Ghostface Killah sur The Legend of Floody Ranks avec le track The Holy, puis celle de Young Dirty Bastard avec The Kit sur Floody’s Revenge. C’est notamment ici, comme on l’a déjà expliqué, que ses amitiés tissées de longue dates avec d’autres membres du groupe mythique de Staten Island au sein de la « 5% Nation » vont permettre de concrétiser ce rêve de gosse.
Pour clôturer cette longue et dense discographie, focus sur l’année 2024, qui, de loin, s’avère, jusque là, être l’année la plus prolifique de Nowaah the Flood, avec pas moins de 11 projets à l’heure où nous écrivons ces lignes ! Le triptyque d’albums/compilations, The Mali Selections – sur lesquels nous revenons en détail dans l’interview – réunissant de nombreux morceaux et feat unrealesed enregistrés au fil des années, la plupart n’apparaissant sur aucun album. On y retrouve des prods’ d’artistes familiers de Nowaah, comme Kyo Itachi, True Cipher, Yashmal Allah, The Architect, Bombay Da Realest, The Kurse, DirtyDiggs, SadhuGold, 2oona Beatz, Argov, ainsi que, comme toujours, The Mali Empire.
Côté featuring, on est servi ! On voit apparaître Raekwon du Wu-Tang Clan et TEK sur Seppuku, un des multiples bangers produits pour l’occasion par Yashmal Allah, ainsi que la tuerie Akhbar Pray Day, en ft avec Mach-Hommy et signée D-Styles. On retrouve aussi le canadien Raz Fresco, Al.Divino, Estee Nack, Vic Spencer, Ca$ablanca, Sleep Sinatra, Killa Kali, The Hoodies ou encore Sirio. Là encore, le travail graphique, signé Dani, est magistral : il y reprend des photos mystiques anciennes recolorisées de Grillots africains en tenues traditionnelles cachés derrières d’impressionnants masques de la culture Dogon. Pour clôturer sur The Mali Selections, nous vous conseillons aussi vivement Shameek de BHS, en feat avec The Hoodies, Vola ft Sirio de l’excellent duo True Cipher, Fly Villas de Yashmal Allah ft Ice Lord ou encore, du même producteur, High Elevation en feat avec The Hoodies et Krash Dummies produit par SadhuGold.
Et la liste continue, en mai Nowaah the Flood sortira Dilluvian, toujours entouré des producteurs avec lesquels il est familier, comme Ill-Sugi, Sadhu, Dani, MichelAngelo, El Maryacho, et True Cipher, qui signe la pépite Make it Clear, ou encore, pour la 1ere fois, FutureWave. La cover, magnifique graphisme reprenant le style des peintures de Basquiat, est signée par l’autrichien Sean Armani. Le mois suivant il enchaine avec The Star Messenger, réunissant toujours ses beatmakers favoris, Yashmah Allah, Stu Bangas, Prxpect, The Architect, Bombay the Realest, Ill-Sugi et True Cipher de nouveau. En juillet, il sort une énorme pépite, Floody Absolut, toujours sur le même schéma collectif. Un des albums de l’année sans hésiter, et à découvrir de toute urgence ! Les bangers s’y enchaînent à une vitesse incroyable : PA.Dre signe l’énorme Substenance, Giallo Point « Floody Absolut« , Stu Bangas « Keep a Banga », FutureWave « Off the Muscle » et The Mali Empire l’excellent « Plants ».
Et pour finir, tout récemment, en octobre 2024, Nowaah the Flood sort deux missiles : d’abord il s’associe enfin avec Kyo Itachi pour sortir Sudan Samuraï Scrolls, magnifique album très jazzy, et qui est à l’origine de ce dossier dont vous pouvez retrouver la chronique ici. Puis il sort dans la foulée le très bon Live from the Blues Palace, lui aussi campant sur des sonorités soul/jazz et produit par Bombay the Realest. Il s’offre même le luxe d’une mixtape reprenant certains de ses morceaux ainsi que des inédits, mixée par MetalFlowerz, Best of Flood 2. Et alors que nous étions en train de clôturer ce très large et exhaustif portrait, il sort Down by Law, un album produit par le japonais Cedar Law$ ! Construit autour de sonorités des années 70 / 80, il inaugure surtout un tout nouveau concept à 4 mains entre ces deux artistes. Ça promet ! Nous terminons d’écrire cet article à la mi-novembre, et on n’est pas à l’abri de nouvelles sorties d’ici la fin de l’année 2024… Nowaah the Flood semble donc avoir élu domicile dans son studio, et ce pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Nous sentir déjà plus d’actualité ne sera qu’un plus grand plaisir ! En espérant que ce portrait détaillé vous aura appris plein de choses sur cet artiste qui mérite, et surtout l’envie de l’écouter et de le soutenir !
Rédigé par Ranking Sarazin