HipHop sans frontières

[Chronique] Zippo X Greenfinch - Automne

1. James Webb
2. Pouces rouges
3. Echo
4. Chiens sauvages
5. Lego
6. Hiver indien
7. Champignons
8. Monstres
9. Yellow
10. Couleurs
11. JDD
12. Outro

Localisation : Nice / Valenciennes, France

Année : 2024

Deux artistes uniques et différents

On peut maintenant se le dire, cette année 2024 fut assez famélique en terme de Rap Français ! Certes, j’ai des goûts pointus et j’ai du mal avec une partie des musiques actuelles, mais, c’est léger… On peut citer différentes chroniques réalisées sur notre site dont :

Sans oublier les autres chroniques prévues prochainement ; les éventuelles sorties qui nous sont passées sous le nez et autres oublies de notre part. Sans offense envers les autres artistes, mais qualité prime sur quantité, d’autant plus qu’on essaye de diversifier au maximum nos écrits pour vous faire découvrir de la bonne musique. C’est donc tout fièrement et avec une grande joie qu’on accueil ce nouvel album, qui est à la fois : attendu, surprenant et loin d’être décevant.

Zippo : Il vient de Nice, dans les Alpes-Maritimes, il a quitté cette riche et belle ville pour une vie plus paisible au plus proche de la nature, là où son incroyable dextérité à la hache peut fendre des tympans sans se heurter aux oreilles trop sensibles. Il rappe depuis maintenant une quinzaine d’années et comme beaucoup, il a commencé sa carrière avec un crew nommé Le Pakkt. Le groupe est composé de Konii Blazini (alias John Creasy, ou encore Nikolas H), Pedro Giancana (alias Vargas au Mic) et du producteur Terence supaproduca. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, John utilise deux noms d’emprunts lorsqu’il crée des beats, ils répondent aux noms de « Le Président » ou « Le PDG« . Ce qui me frappe avec le Rap, c’est que tu as beau croire avoir fait le tour du livre, tu n’es jamais allé plus loin que la couverture et la quatrième de couverture en fait. Moi-même, ayant grandi et vécu pendant 30 ans à 45min de Nice, je ne connaissais pas Le Pakkt, et pourtant j’en ai rencontré des articles (cela arrivera prochainement sur ce site).

Le Z, avec son équipe, c’est 5 albums entre 2007 et 2015, de quoi s’installer efficacement dans le paysage local et se tailler une place à l’échelle nationale. Quant à Zippo en solo, c’est un album en 2012 « Bucheron » et un autre en 2018 « Zippo contre les robots« . Ce dernier fut d’ailleurs très encensé par les auditeurs et la presse spécialisée. Et c’est vraiment à partir de là qu’il va plonger dans le grand bain et aller petit à petit à la conquête des auditeurs français. Il marque également un tournant dans la direction artistique du emcee, car comme peut le laisse présager le titre (au passage la pochette ignée Manon Aubry est de toute beauté), on quitte les sentiers battus du boom bap. C’est un album plus complexe à tous les niveaux, plus expérimental et plus en lien avec le monde actuel et ce, à tous les niveaux. La production est signée dans son intégralité par le PDG, hormis deux pistes par Corrado et une par Greenfinch et Cucaracha’s Prod. On peut ajouter à ses faits d’armes des collaborations avec Lucio Bukowski, Euphonik, Scarz Le Rapologist

Greenfinch : Je l’ai connu à travers son album « Émeraude » avec Fhat. R que j’avais chroniqué (et que je recommande absolument) pour le magazine T-REX. Je l’ai découvert via cet album il y a déjà quelques années, sans savoir que j’ai dû entendre ces prods ailleurs au vu de son incroyable CV. Voyez-vous même les crédits qu’on lui attribue : Paco, Bastard Prod, Jeff Le Nerf, Furax Barbarossa, Davodka, Scylla, Tekilla, Dooz Kawa, Melan, Res Turner, Benjunior, Fanny Polly, Soleil Noir, L’Hexaler… Et si Trump a effectivement dit que tout ce que touche Macron se transforme en merde, on peut dire que tout ce que touche Green se transforme en or. Originaire de Valenciennes, dans le nord de la France (merci le foot), Greenfinch (traduction anglaise de son nom véritable, Verdier, Cyril de son prénom, a fait ses classes dans une école de musique classique, suivie d’une autre école de jazz ou encore de musique actuelle. Ce n’est pas tout, il sait également chanter. D’ailleurs, il avait tenté sa chance dans la musique française accompagné de sa guitare et de sa voix. En tant que polyi-nstrumentiste, il s’est même fait une place dans des compilations Lo-Fi et des projets trip-hop. Vous l’aurez compris, il a une énorme capacité d’adaptation et en tant que virtuose de la musique, il peut s’adapter pleinement aux artistes tout en apportant sa patte créative et son génie.

Je fais le parallèle avec deux noms bien connus du courant mainstream : Scott Storch et J.R Rottem. Ces derniers, se sont en effet fait remarquer pour produire (et parfois répondre aux commandes) du légendaire Dr. Dre. Tout le monde, fan de rap ou pas, a dansé sur au moins une de leurs musiques sans le savoir, la raison ? C’est souvent estampillé « produit par Dr. Dre« . C’est bien plus tard qu’ils seront pleinement crédités, plus proche encore, Rottem a également produit pour Rohff, Ärsenik ou Soprano. Pourquoi ce lien ? Tout simplement, car ils ont également étudié dans des écoles de musique et sont passés par d’autres styles de musique avant de s’épanouir et de se consacrer à la scène rap. Green c’est pareil, et comme eux, il utilise beaucoup d’instruments et de samples, vous commencez à saisir l’ampleur du monsieur ? Je vais d’ailleurs le citer :

"Je découvris peu de temps après que j’avais également une incroyable facilité à reproduire la musique que j’entendais, alors c’est donc très naturellement que je me mis à la composition et mes premiers morceaux personnels naquirent très vite ! Enfin, bercé dans mon enfance par le Classique mais aussi par Edith Piaf, Ferrat, Reggiani ou encore Brassens, je pense avoir développé également un goût prononcé pour la musique grâce à ces artistes empreints de mélodies et de mélancolies."

Source : https://www.music-covers-creations.com/cyril-verdier-greenfinch-prod-lart-du-beatmaking-sur-le-bout-des-doigts/

En général, on le classe assez couramment dans les beatmakers boom bap, ce qui me semble trop facile. En fait, c’est bien plus que cela, et ces dernières années, il l’a encore prouvé en prenant encore plus de liberté sur ses compositions en s’ouvrant à d’autres horizons. Et puis, il n’y a que deux types de musiques, celle qu’on aime et celle qu’on n’aime pas non ?

Concernant la collaboration de nos protagonistes, elle découle surtout d’un titre phare et parfois cité comme une référence, on le nomme « La mémoire des jours » et son casting est incroyable : Melan​,​ Tekilla, D​.​Ace, Zippo, Davodka, Le Bon Nob, Ywill, Oprim, Saknes, Lautrec, Dooz Kawa, Guilty, Frimsa, Fhat​.​R, GANJre the Giant et DJ Venum. Autant se le dire, très peu d’artistes peuvent se targuer d’avoir réuni autant de talents sur un unique titre et faire exploser les compteurs en 2019. Ainsi, un feu de mille flammes s’est allumé après ce titre et il était temps de créer un album entre le bucheron Zippo et l’homme au toucher d’or Greenfinch.

Auto-suffisance

L’album va se construire à petit feu et surtout à distance. Ce qui arrive assez souvent aujourd’hui, vu les incalculables possibilités de connexion avec nos pairs. Il aura fallu deux ans d’échange, d’allers-retours, de coups de fil, mails… Pour finaliser ce projet de 12 titres dont une outro. Le concept est d’autant plus original, car il est déstabilisant, Greenfinch a dû créer des beats qui ne rentrent pas forcément dans ses domaines de prédilection ; Zippo a du également dû composer avec un seul beatmaker, sans featuring et en évitant de se répéter. Dès l’ouverture « James Webb », le refrain contient de l’auto-tune, modéré et bien exploitée, elle est la cerise sur le gâteau. Le beat semble sorti d’une autre galaxie, le titre est parfaitement choisi car il fait référence à un télescope spatial développé par la NASA, l’agence spatiale européenne et l’agence spatiale canadienne. On est sur orbite, on sort de notre zone de confort et le Z débite.

Et des choses à dire, il en a ! C’est rare d’entendre un discours aussi prononcé et engagé pour la planète sur tout un album. En général, faire du rap conscient, comprendre par là qu’il nous fait réfléchir, rend souvent le flow monotone ou un manque de musicalité. C’est le contexte qui le veut, hormis s’appeler Paris, c’est compliqué de parler des droits humains sur une musique que tu peux également passer en soirée… Évidemment, il y a beaucoup d’entre-deux et puis il y a le haut du panier. Ceux qui peuvent être à la fois techniques, divertissants, instructifs et armés musicalement, c’est là qu’on se situe. Le titre « Écho » en est un parfait exemple qui dresse le portrait d’un « éco-terroriste », les mêmes qui sont fichés S par le gouvernement pour défendre la Terre qu’on laissera à notre descendance. Ce titre est assez particulier, car l’instrument utilisé ici, est une veille à roue. La raison est simple, c’était la demande de Zippo, un beat avec une veille à roue. Le titre « Hiver Indien » se démarque également par son originalité et son parfait équilibre entre emcee/beatmaker. Si la première partie du titre donne naissance à un flow ravageur et des textes ardents sur une prod qui n’offre pas de répit, la seconde partie du titre est différente. Après une sortie en fondu, Green renvoie le son dans le sens inverse, une musique qui monte lentement en apesanteur et quand on pense qu’elle va exploser, elle repart. C’est un parfait portrait de l’album je trouve. C’est la piste 6, soit la moitié de l’album et celle qui amorce la transition. Greenfinch m’a expliqué que tout le titre est composé à base de sample en plus d’une harpe synthétique et des découpes de voix traditionnelles réparties sur le morceau. Et si le côté Lo-Fi se fait sentir, il n’était pas destiné à ce titre… Mais comme il faisait écho à « Hiver Indien« , Green a proposé au rappeur de faire un interlude sur cette partie et le titre se termine sur une conclusion très pessimiste. Tout un concept.

D’ailleurs, il faut souligner cette montée en puissance qui donne pour ma part, largement l’avantage à cette seconde partie. L’album se nomme « Automne », saison réputée entre autres pour sa fameuse récolte de champignons. Ça vaut bien 3 minutes de musique. Seulement, ici, le champignon est plus gros, quelque chose de visible à des km à la ronde, c’est plutôt l’apocalypse, celle que l’homme finira par causer s’il continue sur la voie actuelle. De la croissance, toujours de la croissance, jusqu’à l’explosion, la seule espèce qui causera sa propre perte alors qu’il suffisait de baisser pour cueillir de quoi se nourrir. L’enchaînement avec « Monstres » est absolument ingénieux, on s’étonne presque d’entendre un tel beat sur cet album. Et pour cause, c’est beaucoup plus entrainant, le titre est festif et joyeux, à l’exception des paroles, évidemment. Mais ça passe très bien, à ce moment-là de l’écoute, on est tellement absorbé par la qualité de l’album qu’on suit la cadence sans toujours tout saisir. Il y a énormément de punchlines, je les dévoilerai à la fin de l’article pour ne pas qu’on se perde.

L’expérience Lo-Fi de Greenfinch se fait entendre sur « Yellow« , et on la savoure pleinement. On redescend carrément au niveau de la mer pour une balade entre la promenade des anglais et l’arrière pays niçois. Zippo innove totalement sur son flow, faisant presque apparaitre un nouveau emcee tant il tranche avec les autres titres. Le défi était de taille, mais quelle maitrise, de la première phrase au refrain, on décolle et on coupe totalement du reste de l’album. Honnêtement, c’est aussi inattendu qu’original, rafraichissant à plusieurs degrés et criant d’ingéniosité, coup de chapeau assumé. La quintessence est atteinte avec le titre « Couleurs« , quelle démonstration technique des deux artistes. Green livre une pépite d’or sur mesure, tout débute sur des notes de piano qui sonnent comme un récital, parsemé par moment de cordes de violon, juste pour donner des frissons. Le tout s’emballe et le piano change carrément de boucle avant de se mettre grandement en retrait pour laisser au contraire la place au violon. Incroyable performance, franchement, si des artistes comme Sean House (LNDN DRGS) ont révolutionné le rap actuel dans leur style avec des sonorités house/funk des années 70′ et 80′ samplé comme jamais ; on peut dire que Greenfinch tient ici un archétype du beat du futur.

Et que dire de Zippo ? Rappelons le, un artiste peut sublimer un beat, tout comme un beat bon beat peut mettre un bon flow en avant. C’est le cas pour eux. Le Z suit à merveille la rythmique, la musique n’est pas une science, pas des mathématiques non plus, et pourtant, tout est parfaitement calculé, l’équation est parfaite. Il me fait penser à Twista sur « Get Me » 20 ans auparavant, où il suivait à la perfection la rythmique avec son flow ouragan ne manquant aucune caisse claire, ou sur « Kill Us All » où il ne faisait qu’une bouchée du synthé. Sur « Couleurs », il n’y a ni batterie, ni charleston mais nul doute que Zippo se serait parfaitement calé dessus. On peut le dire sans se mouiller, il propose clairement sa meilleure performance à ce jour. On est presque sur un freestyle tellement bien écrit qu’on ne sait plus quoi en penser. La seconde partie du beat intègre une batterie que le Z maitrise avec brio. Entre l’énergie déployée, l’ambiance et le talent à son effervescence, comment ne pas lui donner l’oscar ? Il y a pas mal de rappeurs qui tentent de faire le show en voulant accélérer sur certaines phases, mais en fait, ils posent tout simplement hors temps, s’essoufflent et mettent en avant leur lacune. D’autres, ont une capacité primordiale, le contrôle du souffle, un peu comme le font les chanteurs, en somme, il maitrise parfaitement sa respiration. Résultat, il passe du chant à un débit rapide, du flow posé à des rimes appuyées sans jamais perdre le fil. Techniquement, ce titre résume très bien les deux artisans.

Enfin, mention spéciale au titre « JDD » (Le Jardin des délices) qui, dans l’idée, est semblable au hit précédemment cité. On change d’instrument, exit le piano, bonjour la harpe irlandaise et la guitare. La coupure est plus net cette fois-ci, car, le Z génère une pause avant le changement de beat et son flow change également. Tout retombe après la dernière phrase rappé pour nous quitter de nouveau sur la magnifique harpe irlandaise jouée par Greenfinch. On peut le dire haut et fort, de la première à la dernière seconde, la hache de Zippo n’a jamais eu le temps de trembler ou de rater sa cible, c’est quasiment un sans faute. Certains font moins bien avec plus de moyens, on peut le dire, le talent fait la différence, à défaut de faire des chiffres ou de faire vivre. L’album se termine sur une « Outro » qui reflète l’album, placé entre l’espoir et le mystère, à l’image de l’automne. Il y a des albums qui ne se racontent pas, mais qui se vivent, tout est bien ficelé et tellement intéressant qu’on ne peut le résumer à travers quelques lignes. Beaucoup d’artistes ont fait quelques entailles et donné des coups de tronçonneuse ou tapoter sur des synthés pour un très faible résultat. Zippo et Greenfinch n’ont pas voulu faire dans la dentelle, c’est avec des outils aiguisés durant des années et qui n’attendaient que le moment opportun pour se mettre à l’œuvre qu’ils nous livrent ce petit bijou.

Entre la délicatesse de la production, le message musical et textuel, les flows incisifs, les variations de débits et les prises de risques… On ne peut que s’incliner et saluer ce duo que le public ne demande qu’à remercier de nouveau. Plus que jamais, rendons à César ce qui est à César, Greenfinch, a su inscrire son nom en lettres capitales auprès des autres artistes français. Il est coutume en France de mentionner seulement le rappeur comme artiste vedette d’une musique, néanmoins, il faut respecter le beatmaker. Je l’inscris au même titre que les très grands beatmakers français de l’ombre, dont : Mani Deïz, Nizi, Itam, El Gaouli, Dj Rolxx, Misère Record, Loko, Al’Tarba, Oster Lapwass, Crown, Euphonik, Kyo Itachi… Aux États-Unis, les producteurs sont considérés comme des stars, alors que chez nous, hormis dans l’underground ou s’appeler DJ Mehdi (R.I.P), on ne leur donne que peu de crédit. Green fait partie de ces artistes dont le seul crédit sur un projet suffit à tendre l’oreille, peu importe, qui est derrière le micro. D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, il a produit 10 des 11 titres de l’album en commun avec Ywill x Paranoyan nommé « Le Blues De L’Astronaute« , on reviendra dessus plus tard.

Zippo
Greenfinch
Greenfinch & Zippo
Greenfinch & Zippo + cover album "Automne"

Merci à Seb Desenne pour ses magnifiques portraits qui illustrent très bien les héros du jour. Vous pouvez suivre son travail directement sur son Instagram.

On peut donc aisément dire que Greenfinch a réussi son pari ! Il a même passé un cap si puis-je dire. Il rappelle également le magnifique trio de producteurs de Chicago, les Molemen. Notamment, Panik, qui avait pour habitude d’introduire des instruments assez rares dans le rap dont la harpe, l’accordéon et des instruments à vent peu conventionnels. L’autre point qui me fait penser à ce collectif, c’est les passages séquentiels dans le beat, par moment, il ajoute un sample mais celui sur une boucle ou sur un passage précis, soit quelques secondes. Ensuite, il le retire, pour le répéter ailleurs ou pas du tout, il découpe dans le sample tous les sens. Ce qui crée ce sentiment de « punaise, c’était lourd, je veux le ré-écouter ». Et encore une fois, il faut pouvoir maitriser son art comme jamais pour pouvoir ainsi s’amuser et être en parfaite harmonie avec la musique. Après avoir suivi des cours de musique, aujourd’hui, c’est lui qui est en position de les donner aux prochaines générations. C’est en pratiquant qu’on se perfectionne, l’adage lui est totalement dédié.

Pour finir sur Zippo, vous l’aurez compris, il a mis tout le monde d’accord, je pense que c’est impossible de le nier. J’ai lu à plusieurs reprises que des gens l’ont découvert grâce à son magistral couplet sur « La mémoire des jours« … Ce qui témoigne clairement de sa capacité à se démarquer des autres. Pour finir sur une comparaison, il fait penser à Big Noyd qui avait posé un couplet avec Mobb Deep sur le mythique The Infamous (1995), ce qui lui vaudra une signature de contrat avec un label pour 300 000 dollars. Le talent n’est pas quantifiable, mais la métaphore est assez explicite pour décrire l’incroyable talent du Z qui, j’espère, a fendu la plupart des portes et cisaillé tous les préjugés ou les doutes. 

Quant à nous, chers amis, plus qu’à s’asseoir en face de notre cheminée, en attendant l’automne prochain et d’éventuelles surprises.

Note : Durant la rédaction de la chronique, j’ai échangé avec les deux artistes qui m’ont donné de nombreuses informations sur ce projet. Je les en remercie. Il faut savoir que l’album fut un sacré challenge, car Zippo a rappé sur des faces B au préalable, soit des instrus déjà utilisés par d’autres artistes, libres, sous licences… Pour envoyer une maquette de son travail à Greenfinch, qui derrière avait la lourde tâche de composer un beat cohérent pour le rappeur. Le résultat est incroyable.

"Et je roule vers le silence
Et je roule vers l'évidence
Et je vous laisse le divin
Moi, j'essaye d’être vivant"

"Et puis un jour ou l'autre, ils auront besoin de vacances
Ils verront qu'ils ont flingués le monde pour deux points de croissances"

"Les humains s'entretuent vu qu'ils ont tout le temps faim
Sans savoir qu'ils partagent peut-être le même groupe sanguin"

"On a surpeuplé la terre, mais bon, ça fait pas plus d'atomes
Le monde on l'a mangé, les humains sont paumés, ils n'ont qu'un appel dans la paume"

"Faut faire semblant d'se ressembler
Y' a des fuites dans le plan A
Y a personne qui connait de plombier
Et peu de chance qu'on en trouve un sur les bancs de l'assemblée"

"Quelque parte entre la vitesse et l'immobilité
On s'égare pendant que la vie teste des possibilités
Donc on gravit des montages pour voir des horizons
On est jaloux des oiseaux car ils savent où ils vont"

"Ellipse de l'amphibien au mammifère je te passe les détails
Adam élève un dieu imaginaire qui lâche des médailles
La transmission et la mémoire, ça donne la connaissance
Et sa fontaine qui se dilue dans l’adolescence"

"Tes mocassins, tes pots cassés, qu'il n'y a plus personne pour payer
En attendant une guerre qui fera des nouveaux jours fériés"

Rédigé par Fathis

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